Roboforce (1988)

Tsui Hark fait partie de mes réalisateurs préférés. Je me suis refais récemment une (petite) partie de sa filmographie, de Zu, Les guerriers de la montagne magique à Détective Dee II : La légende du dragon des mers. Une conclusion s'impose : ce type est un ouf ! Qu'ils soient plus ou moins réussis, ses films ont tous au moins deux choses en commun : la créativité et la générosité. On pourra taxer son style de too much mais on ne pourra jamais lui reprocher de sous-exploiter les idées ou les concepts qu'il utilise. Son cinéma transpire la passion, et c'est grâce à celle-ci qu'il a donné un grand coup de pied dans la fourmilière du cinéma Hong Kongais à partir des 80's, notamment avec sa société de production, Film Workshop créée en 1984.

C'est sous ce label qu'on retrouve Roboforce, mélange délirant de science-fiction et de comédie sorti en 1988. Officiellement, c'est l'ancien opérateur David Chung qui en est le réalisateur. Je dis officiellement car il est de notoriété publique que Tsui Hark supervisait de très très près le tournage de ses productions en menant ses réalisateurs à la baguette. Bref, on retrouve sans surprise le style visuel virevoltant du maître avec, il faut le noter, un degré d'hystérie assez incroyable. L'histoire est IN-COM-PRE-HEN-SIBLE ! Un gang de terroristes braque des banques avec un robot géant (!) et mène des expériences pour créer de nouveaux robots afin de mettre le monde à leurs pieds (!!). Un scientifique qui a mis au point une arme permettant de stopper le robot géant s'allie à un ancien membre du gang pour arrêter les terroristes. Se joindront à eux un robot reprogrammé aux traits de la cheftaine des méchants (faut suivre) ainsi qu'un journaliste.

N'en demandez pas plus, c'est parti pour un festival de nawak où s'enchainent sans aucun temps mort : quiproquos absurdes, courses-poursuites cartoonesques, explosions à gogo, bastons de robots, moto volante, voiture customisée (très inspirée de la DeLorean de vous savez quel film)... A chaque scène sa surprise. Le spectacle a beau n'avoir ni queue ni tête, il est hautement jouissif. Il faut quand même noter que le film est, sauf erreur, toujours inédit en DVD chez nous. Je possède la VHS française éditée chez Kara. La durée du métrage y est de 86 minutes. Or, selon le site IMDB, la durée totale devrait être de 96 minutes. Et c'est vrai qu'on sent que certaines séquences ont été éditées à la tronçonneuse. Les 10 minutes manquantes sur la version française expliquent-elles à elles seules l'incohérence de certains passages ?

Roboforce est clairement influencé par le cultissime RoboCop sorti l'année précédente. Le robot braqueur du film hong kongais a un air de famille avec l'ED-209, son homologue américain. Le film fait aussi une référence incongrue au classique Metropolis de Fritz Lang puisque le robot qui accompagne nos deux bras cassés de héros s'appelle, comme dans le film allemand, Maria (leurs looks se ressemblent aussi vaguement). Ce serait aussi un crime de ne pas se pencher sur le cas Tsui Hark acteur. Car oui, en plus d'être le producteur et "tuteur légal" du réalisateur, notre homme à tout faire tient un des rôles principaux, à savoir celui de l'ancien membre du gang, et ivrogne invétéré accessoirement (histoire d'ajouter une louche de comédie supplémentaire, ils sont dingues !). Complétement en roues libres, Hark nous livre un numéro de cabotinage monstrueux, gesticulant et grimaçant pour notre plus grand plaisir pervers. A noter pour les fans qu'il signe aussi une performance d'acteur totalement délirante dans le film d'action Le sens du devoir 2 avec Michelle Yeoh.

Vous l'aurez compris, Roboforce n'est pas le meilleur film produit par Film Workshop artistiquement parlant (qui aura signé un paquet de films cultes). Pour autant, par sa générosité et son degré stratosphérique de folie, ça reste une divertissement efficace et surtout très drôle. A quand une édition DVD française pour pouvoir le redécouvrir dans son montage intégral ?