Yazoo "Upstairs At Eric's" (1982)

Rien de tel pour me donner des frissons que le son métallique des synthés analogiques de la période new wave. Ça tombe bien, l'album dont on va parler aujourd'hui en est rempli.

Vince Clarke, ce nom ne dit sans doute pas grand chose au grand public. Pourtant, l'impact que sa musique a eu sur les 80's (et même encore aujourd'hui) est énorme. Déjà, rappelons que cet amoureux des synthétiseurs a fait partie des membres fondateurs du groupe Depeche Mode et c'est lui qui est l'auteur de la plupart des titres de leur premier album, le super Speak & Spell sorti en 1981. L'aventure avec Dave Ghan et compagnie ne durera pas puisque Clarke claquera la porte du groupe dans la foulée et fondera Yazoo avec la chanteuse Alison Moyet pour sortir Upstairs At Eric's en 1982 (avec une pochette super classe, avouez !).

Ceux qui ont aimé la pop électronique de Speak & Spell ne seront pas déçus puisque Upstairs At Eric's est dans le même esprit au niveau de la production. Les synthétiseurs sont métalliques et froids, les arrangements minimalistes, mais l'ensemble est d'une terrible efficacité grâce à un sens inné de la mélodie et aussi grâce à la voix de diva d'Alison Moyet qui apporte, comme s'il en fallait, un dose de puissance supplémentaire à l'ensemble. Pour s'en convaincre, écoutez le classique Don't Go qui ouvre l'album avec un équipement bien fourni en volume et en basse, et vous m'en direz des nouvelles ! La mélodie est imparable et la ligne de basse est juste phénoménale. Le reste l'album est du même niveau, où les rythmes séquencés et mécaniques côtoient les moments plus émotifs laissant place à la puissance vocale d'Alison Moyet. Hormis l'expérimental, et pas forcément inoubliable, I Before E Except After C fait de collages sonores, il n'y a rien à jeter dans cet album. Coté dance, Too Pieces et Bad Connection assurent avec leurs rythmes speedés en breakbeat, Goodbye 70's dépote avec son esprit disco trash et le très dance Bring Your Love Down termine le bal avec une ligne de basse monstrueuse. Coté ballade, c'est tout aussi réussi avec les mélancoliques et vraiment cools Midnight, Only You et Tuesday, sans oublier l'énormissime Winter Kills, à la fois envoûtant et glacial, à vous faire dresser les poils sur tout le corps. Et pour terminer, impossible de ne pas parler de In My Room, mon titre préféré de l'album, superbe chanson électro à l'ambiance cinématographique incroyable.

Yazoo sortira un second album l'année suivante intitulé You And Me Both. Il contient des morceaux sympas mais je n'en suis pas aussi fan que le premier, la faute à une production plus lissée. Véritable électron libre, Vince Clarke mettra fin à sa collaboration avec Alison Moyet et entamera le projet The Assembly qui ne durera qu'un seul single. Finalement, il ne trouvera la stabilité artistique qu'en 1985 en fondant avec le chanteur Andy Bell l'excellent duo électropop Erasure qui est encore en activité à ce jour.