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Lady Kung-Fu (1981)
J'ai récemment mis la main sur un coffret DVD compilant trois "kung-fu comedies" réalisées par Liu Chia-Liang pour le compte de la Shaw Brothers. On y retrouve Le prince et l'arnaqueur (1979, amusant), Le singe fou du kung-fu (1979, carrément délirant) et notre film du jour, Lady Kung-Fu, sorti en 1981.
L'histoire se passe en Chine au début du XXe siècle. Ne souhaitant pas qu'un de ses frères, cruel et vénal, hérite de sa fortune, un homme âgé décide d'épouser sa jeune servante et lui confie la mission de transmettre à sa mort les documents liés à l'héritage à son neveu qui habite Canton. L'arrivée de cette jeune femme énergique au sein de la famille va mettre de l'animation !
Comme beaucoup, je ne connais (un peu) la Shaw Brothers que pour sa production industrielle de films de kung fu et de "wu xia pian" (les films d'épéistes) des années 60 aux années 80. J'ai eu la chance de faire une razzia de DVDs estampillés de cette boite de production hong kongaise dans un magasin Noz il y a quelques années. Ce qui m'a permis de découvrir quelques pépites comme L'hirondelle d'or, Le complot des clans, L'île de la bête ou encore Le sabre infernal. Les productions Shaw Brothers ont une signature visuelle reconnaissable, signature que l'on retrouve dans Lady Kung-Fu, celle d'un tournage entièrement en studios. Il y a un coté artificiel mais aussi un certain charme proche de celui des productions Hammer qui étaient aussi tournées entièrement en studios. De ce fait, Lady Kung-Fu a un coté intemporel. Il date de 1981 mais, visuellement, il aurait pu dater de 1971 car les conditions techniques de tournage n'ont pas évolué d'un iota.
Lady Kung-Fu fait partie de ce nouveau sous-genre du film d'action qui explose depuis la fin des 70's : le film d'action comique alternant ou mêlant scènes d'actions et purs moments de comédie. L'histoire n'est en fait qu'un prétexte pour opposer la jeune tante ancrée dans la tradition et son petit neveu influencé par le mode de vie occidental depuis qu'il a fait ses études à Hong Kong (sous protectorat britannique à l'époque). Les deux héros se chamaillent et se défient sans cesse. L'humour est bon enfant bien qu'on frôle parfois l'hystérie. L'intrigue de l'héritage est reléguée au second plan et ne justifie que les scènes d'action opposant notre duo au méchant beau-frère vénal et ses hommes de main. Authentique maître des arts martiaux, le réalisateur (et acteur) Liu Chia-Liang met en scène des séquences de combat très techniques mais parfois trop longues. Et c'est peut-être le plus gros défaut de ce film : sa durée de 114 minutes aurait pu sans doute être écourtée de 30 minutes, parfois le mieux étant l'ennemi du bien.
Pour terminer, il faut dire un mot sur les deux comédiens principaux qui se croisent dans plusieurs films de Liu Chia-Liang. Kara Hui, dont c'est le premier film en tant que tête d'affiche, est vraiment impressionnante physiquement du haut de ses 20-21 ans. Elle se spécialisera dans le genre et deviendra une vraie "action woman". A ses cotés, le bondissant Hsiao Hou est un poil moins allumé que dans Le singe fou du kung-fu mais il est toujours aussi dynamique. Monté sur ressorts, il enchaine les bouffonneries et les sauts périlleux (il doit venir du cirque, c'est pas possible).
Lady Kung-Fu s'avère être un spectacle sympathique et sans prétention, pour peu que l'on apprécie le genre et que l'on fasse l'impasse sur ses quelques anachronismes. Il fait partie de cette nouvelle vague de productions qui influenceront par la suite les Jackie Chan, Sammo Hung et autres Tsui Hark dans leurs élans les plus humoristiques. A noter que c'est le même Liu Chia-Liang qui réalisera en 1994 l'excellentissime Combats de maître avec Jackie Chan justement.