Mutations (1988)

Pris soudainement d'une fièvre Star Wars, je voulais initialement me refaire la trilogie originelle. Manque de bol, en sortant mes précieuses VHS du carton (précieuses car les films sont dans leurs versions 16/9 non retouchées à la truelle par George Lucas) je constate que celles-ci ont subi l'attaque, non pas des clones, mais de la pire des ennemies de la cassette VHS : la moisissure ! Si j'ai réussi à plus ou moins récupérer La guerre des étoiles et Le retour du Jedi (avec un simple bobinage/rembobinage), la cassette de L'empire contre-attaque (le meilleur épisode !) est assez mal en point. Du coup, en attendant de trouver une solution, je me suis rabattu sur une série B hispano-américaine qui n'a rien à voir mais dont le postulat me fait bien délirer : une attaque de limaces carnivores !

Sorti en France sous le titre assez vague Mutations, Slugs (en VO) raconte tout simplement l'attaque massive de limaces dans une petite ville des États-Unis. Ce comportement anormal s'explique évidemment par un stockage de déchets toxiques (quelle idée originale !). Le héros, responsable des services sanitaires, est prêt à tout pour arrêter la catastrophe... quitte à aggraver la situation en faisant péter toute la bourgade !

En 1988, il était déjà bien difficile d'être original dans le registre "attaque animale". Oiseaux, requins, orque, crocodiles, piranhas, barracudas, grizzly, araignées, rats et j'en oublie ont semé la terreur ou ont bien fait marrer dans les salles obscures (je vous mets au défi de visionner Les rats de Manhattan sans vous rouler par terre). Le réalisateur et producteur espagnol Juan Piquer Simon, figure de la série B-Z des années 70-80, joue ici la carte de l'improbable avec des limaces ! Le pire, c'est que Mutations est apparemment tiré d'un roman ! Comme on pouvait s'en douter, le film n'est en fait qu'un prétexte pour mettre en scène les attaques visqueuses et, de ce coté-là, il est généreux. Il ne faut simplement pas chercher la petite bête (sans jeu de mots) et accepter qu'un jeune couple se fasse attaquer en barque dans un lac par les limaces (ça nage, une limace ?), qu'un commercial bouffe des restes de limaces dans sa salade sans s'en apercevoir (et pour être dévoré de l'intérieur !) ou que nos chers mollusques gastéropodes pulmonés terrestres (selon le Petit Larousse) ont des dents acérées !

Assumant pleinement son statut de série B horrifique, Mutations ne lésine pas sur le gore crapoteux et les situations over the top comme ce jeune couple interrompu aux portes du coït par l'irruption de milliers de limaces dans la chambre ou ce vieil homme pris au piège par une limace dans son gant (!!) qui finira par ce couper la main à la hâche avant que la serre n'explose ! Les séquences d'exposition ou de dialogues reliant les scènes d'attaque ont peu d'intérêt mais qu'importe, le spectacle est fun car on sent une volonté d'exploiter le truc à fond. Les types des effets spéciaux ont assuré avec des plans où apparaissent des milliers de limaces (vraies ou fausses). A ce titre, Mutations rappelle un autre semi-classique de l'attaque animale rampante  : le très sympa La nuit des vers géants de 1976 avec ses vers de terre offensifs.

Mutations n'est évidemment pas un chef d'oeuvre du 7e art mais, dans la famille des films d'attaque animale, il est plutôt cool car il offre sur un plateau d'argent ce que les fans du genre (dont je fais partie) attendent : des scènes d'attaques délirantes et nombreuses dans un pur esprit de série B sans prise de tête.