Depeche Mode "Music For The Masses" (1987)

J'ai revu avec grand plaisir le documentaire Depeche Mode : 101 de Donn Alan Pennebaker qui suivait Depeche Mode et quelques-uns de ses fans américains lors du Music For The Masses Tour. Du coup, ça m'a donné envie de réécouter l'album au centre de la tournée : Music For The Masses.

Sorti en 1987, il est déjà le sixième album du groupe britannique en seulement sept ans. Après un Black Celebration à l'ambiance "électropop gothique" un poil conceptuel, on sent une volonté de revenir à quelque chose d'un peu plus abordable pour le grand public, quoique non dénué de créativité, loin de là. Exit Daniel Miller, le boss du label Mute, qui avait supervisé la production des cinq premiers opus. Depeche Mode s'associe à David Bascombe (qui avait travaillé sur l'excellent Songs From The Big Chair de Tears For Fears) pour produire Music For The Masses, enregistré à Londres et à Paris.

Music For The Masses marque une nouvelle étape dans le parcours de Depeche Mode. Bien que hautement respecté sur la scène électropop et new wave, et déjà source d'inspiration, le quatuor n'avait pas encore le statut de stars de la pop mondiale (bien qu'ils ont toujours bien marché en Europe continentale, notamment en France et en Allemagne). Généralement réfractaire à l'électronique, le marché américain a finalement succombé à cet album, ce qui a permis de lancer la tournée marathon mondiale Music For The Masses Tour qui comptera au total 101 dates.

Et le disque dans tout ça, qu'est-ce qu'il vaut ? Ce n'est pas mon album préféré du groupe sorti dans les 80's (plus pop comparé aux sombres Speak & Spell, Construction Time Again et Black Celebration) mais il faut admettre que ça reste du solide. Rien que Never Let Me Down Again en ouverture : ce morceau est d'une puissance phénoménale, un véritable rouleau compresseur au rythme lourd et hypnotique que je pourrais écouter en boucle ! La plage suivante, The Things You Said, est également géniale dans sa mélancolie planante et son léger accent "kraftwerkien" (j'y ai toujours entendu des relents de Radioactivity). Autres titres remarquables : Behind The Wheel, dont le minimalisme et la répétitivité s'inscrivent dans les codes de la house music ou le très groovy Nothing, qui donne envie aux plus réfractaires à la danse (comme moi) de remuer son popotin. Il se dégage également une forme de grandiloquence rock, comme dans le trop court To Have And To Hold et dans l'intriguant mais hautement puissant Pimpf dont les choeurs prennent aux tripes. La production à haute teneur électronique est soignée et les mélodies de Martin Gore font mouche.

Music For The Masses est le dernier album de Depeche Mode sorti dans les 80's. Après la tournée triomphale, le groupe repartira en studio pour sortir en 1990 un chef d'oeuvre de pop électronique, l'album Violator. Grâce à celui-ci, la bande à Dave Gahan confirmera définitivement le statut d'incontournable de la scène musicale mondiale.