Le sens du devoir 3 (1988)

Deux cambrioleurs œuvrant pour l'organisation terroriste japonaise Armée Rouge pensent faire le casse du siècle en dérobant des bijoux, après avoir commis un véritable carnage au passage. Ils découvrent que les pierres sont des fausses et sont bien déterminés à faire payer le complice qui les a trahis, quitte à mettre Hong Kong à feu et à sang. Heureusement, la fraichement promue inspectrice Rachel Yeung, flanquée d'un flic japonais dont le collègue a été tué par le duo maléfique, est décidée à les stopper.

Nous sommes en 1988 et la société de production hong kongaise D&B Films lance officiellement la "saga" In The Line Of Duty, collection de séries B mettant en scène des femmes d'action se servant aussi bien de leurs poings que de leurs armes à feu. Elle en profite pour inclure rétrospectivement dans la série les films Yes, Madam et Royal Warriors, sortis respectivement en 1985 et 1986, et qui deviendront chez nous Le sens du devoir 2 et Le sens du devoir. Michelle Yeoh marque une pause dans sa carrière d'actrice en 1987. Pour prendre la relève, c'est la jeune Taïwanaise Cynthia Khan (20 ans à l'époque) qui est choisie pour incarner une fliquette de charme et surtout de choc. Le sens du devoir 3 est un de ses premiers grands rôles.

Sont crédités à la réalisation un certain Arthur Wong (un directeur de la photographie à la base) et Brandy Yuen, chorégraphe et frère du célèbre Yuen Woo-Ping (qui réalisera l'opus suivant d'ailleurs et dont la notoriété explosera en occident après avoir travaillé sur Matrix). Tout ça pour dire qu'il ne fallait pas s'attendre à une vision d'auteur, la réalisation est purement fonctionnelle ici. Le sens du devoir 3 est un pur produit de série B à la narration serrée et aux multiples raccourcis narratifs pour faire rentrer un maximum d'action dans 80 petites minutes (et pas une de plus !). Question bastons et fusillades, on peut dire qu'il y a à boire et à manger. On sent l'héritage de John Woo, le spectacle est parfois vraiment violent et il y a même une très courte séquence d'érotisme torride. Doté d'une patine 80's agréable (voir la scène du nightclub) et de quelques touches d'humour (via les collègues pas toujours dégourdis de notre héroïne ou son oncle qui est commissaire), le film nous fait visiter Hong Kong et nous offre surtout de sacrés moments d'action dont le sommet reste le final opposant notre héroïne et la bad girl, avec une issue over the top rappelant que c'est bien du cinoche d'exploitation.

Il faut aussi dire un mot sur l'actrice principale Cynthia Khan que j'ai découverte grâce à cette saga. Non seulement elle n'est pas mauvaise actrice du tout, elle est plutôt charismatique et, surtout, elle est techniquement impressionnante. Selon Wikipedia, elle aurait pratiqué intensivement le taekwondo. En tous cas, à l'écran, ses capacités physiques sont indéniables. Peu de scènes semblent être doublées et je trouve franchement qu'elle a un style agréable, une sorte de mélange d'énergie et de grâce. En bref, c'est un réel plaisir de la voir en action et elle est sans hésiter LE point fort de cette production. Elle est tellement à l'aise dans ce type de rôle que ça va lui coller à la peau et elle ne fera pratiquement que ça dans les années 90. Elle ré-endossera le rôle de Rachel Yeung dans d'autres productions labellisées In The Line Of Duty.