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VHS-1980
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12 mars 2020

Runaway Train (1985)

Jusque-là, je ne connaissais Runaway Train que de réputation et j'ai enfin pu découvrir le film d'Andrei Konchalovsky tout récemment. Et vous savez quoi ? Son excellente réputation n'est pas usurpée : la grosse claque ! Un intervenant du génial documentaire Electric Boogaloo disait que son seul défaut était le logo Cannon en ouverture. S'il avait été produit par une major, il serait aujourd'hui considéré comme un véritable classique. Je suis du même avis et je vais vous dire pourquoi dans les lignes qui vont suivre...

 

Runaway Train - Affiche

 

L'histoire narre la cavale d'Oscar Manheim et Buck McGeehy qui se sont échappés d'une prison de haute sécurité située en Alaska. Traqués par Ranken, le directeur sadique de l'établissement, les deux fuyards montent dans un train de marchandise. Le conducteur fait une crise cardiaque. Le train prend de la vitesse et devient incontrôlable. Tandis que les aiguilleurs font tout pour réduire les accidents, les prisonniers cherchent un moyen de rejoindre la locomotive inaccessible.

Quand on prononce le nom "Cannon", on pense immanquablement aux nanars atomiques qu'a signés cette boite de production indépendante dans les 80's. Mais les cousins Menahem Golan et Yoram Globus ont produit sans compter, si bien que, loi du nombre oblige, il leur est quand même arrivé de sortir accidentellement de bonnes peloches (voir la chronique de Lifeforce, l'étoile du mal). Enfin, je dis "accidentellement" de manière un peu moqueuse, car il y a toujours un bon réalisateur derrière ces réussites. Andrei Konchalovsky est un réalisateur russe spécialisé dans le film d'auteur, et dont les portes hollywoodiennes se sont ouvertes après s'être fait remarquer au Festival de Cannes à la fin des 70's. Maria's Lovers, son premier film américain sorti en 1984, avait déjà été distribué par la Cannon. L'année suivante, il se voit offrir l'occasion de réaliser Runaway Train, dont le script est vaguement basé sur un projet que le réalisateur japonais Akira Kurosawa n'avait pas réussi à monter dans les années 60. La Cannon a accepté de financer le film et, pour une fois, cet argent n'a pas été jeté par les fenêtres (tout du moins d'un point de vue artistique puisque le box office n'a pas explosé à cette occasion).

 

Runaway Train - Capture 1

 

Le résultat est en effet exceptionnel. Runaway Train est un film au suspense INTENSE ! Dénué de lenteurs et porté par l'interprétation sans faille de Jon Voight et Eric Roberts, le spectacle tient en haleine. Le titre ne ment pas : le concept du train fou occupe la majeure partie du métrage. On est face à un thriller percutant mâtiné de film catastrophe (pour les séquences dans le centre d'aiguillage). De plus, il se dégage une atmosphère étrange, à la limite du fantastique au fur et à mesure que le train trace seul sa route. Avec sa calandre défoncée, il a des allures fantomatiques, presque cauchemardesque. C'est une sorte de train pour l'enfer dans lequel nos deux personnages principaux sont embarqués. Si la première bobine qui prend place dans une prison transpirant la testostérone fait très années 80, la course folle dans les décors enneigés d'Alaska devient intemporelle. Porté en plus par une musique magistrale qui prend aux tripes, l'ensemble oscille entre le majestueux et le flippant ! En bref, c'est un thriller hollywoodien réalisé par un auteur russe à qui on a, vraisemblablement, laissé carte blanche. On notera également la performance hallucinée de John P. Ryan dans le rôle du directeur de la prison prêt à tout pour stopper les évadés.

Runaway Train est aussi une baffe technique. Les paysages naturels de l'Alaska sont magnifiés et tranchent avec la noirceur métallique du train filant à toute allure. Les plans du véhicule en marche sont ultra-dynamiques, et mis bout-à-bout via un montage aux petits oignons. C'est vraiment bien foutu, il se dégage une impression de vitesse et de puissance étonnante. Le spectateur est vissé à son siège. Et que dire d'une des séquences finales où un cascadeur suit le train sur une échelle de corde transporté par hélicoptère ? C'est le genre de truc complétement ouf qui marque les esprits et qui s'avère cent fois plus impressionnant que n'importe quel building qui s'écroule numériquement. De toute façon, que ce soit les scènes d'exposition ou les scènes d'action, on voit que le mec sait y toucher et que ce n'est pas le premier tâcheron venu. C'est maîtrisé de bout en bout.

 

Runaway Train - Capture 2

 

Lorsque le générique de fin défile, on essaie de reprendre son souffle et on se demande pourquoi ce film est si peu connu du grand public. Andrei Konchalovsky s'essaiera de nouveau à l'action hollywoodienne en 1989 avec Tango et Cash mais de fortes divergences artistiques avec le producteur le feront quitter le plateau avant la fin du tournage. Le réalisateur retournera ensuite dans son pays natal pour continuer sa carrière cinématographique.

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