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VHS-1980
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25 mars 2020

Le tombeau des lucioles (1988)

Préparez vous mouchoirs ! Cette semaine, on va parler du Tombeau des lucioles, un chef d’œuvre de l'animation au titre poêtique, et dont l'histoire est tellement triste et touchante qu'elle réussit à fendre mon cœur de pierre.

 

Tombeau des lucioles - Affiche

 

Nous suivons le destin tragique de deux enfants japonais durant l'été 1945, pendant la Seconde Guerre mondiale. Leur mère meurt après un bombardement américain et le navire dans lequel officiait leur père a été coulé. Livrés à eux-mêmes, les orphelins trouvent d'abord refuge chez une tante mais ils sentent rapidement qu'ils ne sont pas les bienvenus...

Le tombeau des lucioles est le troisième film produit par les mythiques studios Ghibli. Il est réalisé par Isao Takahata, décédé en 2018, et qui n'était rien d'autre que le cofondateur de Ghibli avec Hayao Miyazaki. Les deux hommes collaboraient depuis la fin des années 60 et ont plusieurs œuvres en commun (long métrages et séries) avant de sceller définitivement leur union artistique avec le superbe Nausicaä de la vallée du vent en 1984. A la suite de quoi ils ont créé leur propre studio en 1985 qu'ils nomment Ghibli. Le tombeau des lucioles est le premier des cinq films qu'il dirigera pour la firme. Des quatre autres réalisations, j'ai vu le sympathique Pompoko (conte sur le recul des traditions au Japon sorti en 1994) et le très amusant Mes voisins les Yamada (série de sketches humoristiques sortie en 1999 mettant en scène une petite famille japonaise). Initialement, Le tombeau des lucioles devait constituer un double-programme de deux fois 60 minutes avec Mon voisin Totoro réalisé par Miyasaki. Pour des raisons sans doutes commerciales, les deux long métrages se sont finalement développés indépendamment et sont sortis tous deux en 1988.

 

Tombeau des lucioles - Capture 1

 

Le tombeau des lucioles est l'adaptation d'une nouvelle semi-autobiographique écrite par Akiyuki Nosaka et publiée en 1967. Ce dernier a vécu les bombardements américains durant la Seconde Guerre mondiales et sa sœur est morte de malnutrition pendant la guerre. La force du film est son réalisme, dans la reconstitution historique mais aussi dans la psychologie des personnages. Le sujet du récit n'est pas la guerre dans son aspect politique, à savoir si les Japonais ou les Américains ont tort ou raison. Il s'agit d'un drame humain dans un contexte tragique : deux êtres vulnérables (le grand frère n'a que 14 ans) face à la déshumanisation et à l'égoïsme de leur entourage plus ou moins proche. C'est dans ce genre de situation de crise extrême qu'on voit la véritable nature d'une personne. Obsédés par leur propre survie, certains oublient toute notion de solidarité ou de pitié. Nos deux héros en feront hélas les frais. Il n'y a pas de morale, juste un constat implacable prouvé par les faits historiques (de nombreux enfants ont dormi dans la rue et/ou sont morts de faim durant cette période au Japon). La tonalité est juste, évitant intelligemment le larmoyant, offrant quelques sourires dans la relation entre le frère et sa petite sœur malgré beaucoup de tristesse pudique.

 

Tombeau des lucioles - Capture 2

 

Le tombeau des lucioles est également une réussite technique. La réalisation est à la fois sobre et magnifique avec une animation superbe comme seuls les Japonais sont capables de proposer. Le niveau de détail est tel qu'on en oublie qu'on est face à un film d'animation. Dans ce soucis de reconstitution, le réalisateur n'élude rien des horreurs de la guerre. Des cadavres jonchent les rues et la vision de la maman gravement brûlée sous des bandages rougis par le sang n'est pas épargnée au spectateur. La première fois, ça surprend. Et ça confirme aussi que le public visé n'est pas que le jeune public mais bien toutes les générations. C'est un pur film dramatique. Isao Takahata y ajoute simplement un zeste de poêsie justifiant le titre du film et le rendant définitivement inoubliable.

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