Flic ou zombie (1988)

Roger Mortis et Doug Bigelow sont deux détectives de Los Angeles. Ils enquêtent sur une bande de gangsters spécialisés dans les hold-ups. Ils surprennent le gang en plein braquage de bijouterie. Ils les abattent, non sans avoir utilisé un stock de munitions digne de la Troisième Guerre mondiale. Avec stupeur, ils apprennent de la bouche du médecin légiste que les cadavres ont déjà été autopsiés la semaine d'avant ! Leur enquête les amène à un laboratoire secret doté d'une machine permettant de faire revivre les morts pendant douze heures.

Flic ou zombie, voilà un titre français rigolo ! Peut-être le distributeur avait-il en tête Flic ou voyou avec Bébel (à moins que ce soit Flic ou ninja de Godfrey Ho ?). En tous cas, il résume bien l'esprit décontracté de ce buddy movie, genre revenu en grâce dans les 80's suite aux succès de 48 heures et de L'arme fatale. Le genre sera ensuite décliné à toutes les sauces jusqu'au n'importe nawak : un flic et un chien, un flic et sa grand-mère, un flic et un extra-terrestre, un flic et un gnome...  Les codes du buddy movie sont simples : vous prenez deux enquêteurs aux caractères bien différents et vous les associez pour une enquête alternant action et comédie. Le buddy movie, c'est aussi une vision très particulière du métier d'enquêteur : ils n'ont jamais de dossiers à remplir, usent de leur arme sans rendre de compte et passent leur temps à se balader dans une décapotable. Le titre du film ne ment donc par sur la marchandise : on a bien droit à un buddy movie à la sauce zombie ! La qualité du spectacle repose en partie sur la complicité du duo d'acteurs et, dans le cas présent, ça fonctionne très bien. Treat Williams est le sérieux habillé en costume et Joe Piscopo est le comique de service avec son blouson de cuir. S'étant fait connaitre à la base en tant qu'humoriste si j'ai bien compris, ce dernier livre un véritable one-man show avec ses multiples répliques humoristiques volontairement beaufs et souvent bien débiles (voir la séquence où il feint d'avoir une envie pressante pour visiter le laboratoire).

Flic ou zombie est la première réalisation de Mark Goldblatt, entré dans la légende du cinéma fantastique pour avoir officié en tant que monteur sur une belle série de classiques. Accrochez-vous, il a entre autres travaillé sur Piranhas, Hurlements, Terminator, L'aventure intérieure, RoboCop, Predator 2 ou encore Starship Troopers ! Une filmographie qui prouve que le personnage a un certain talent pour orchestrer l'action à l'écran. Sur Flic ou zombie, il n'officie qu'en tant que réalisateur. Le résultat est propre mais sans éclat. Ironiquement, on sent que la narration a elle-même été victime de coupes assez brutes (l'action est excessivement resserrée). Selon le site IMDB, pas mal de plans gore ont été évincés pour éviter un classement du film trop sévère. De plus, des séquences entières ont aussi été coupées au montage, ce qui explique que deux photos sur la jaquette DVD, pourtant appétissantes avec des monstres en compagnie des acteurs, n'apparaissent pas du tout dans le film ! On se demande ce qui s'est passé car le résultat final n'est pas bien long : 80 petites minutes, générique de fin inclus !

Le spectacle n'en demeure pas moins agréable car sans prétention. Outre la prestation très sympathique des deux comédiens principaux, on apprécie la présence très référencielle du roi du fantastique Vincent Price. Sans prétendre aux Oscars, l'écriture offre quelques belles joutes verbale dont une sur le caractère inéluctable de la mort assez amusante. Hormis des impacts de balles à la sauce RoboCop, le coté horrifique n'est pas excessivement poussé pour un film de zombie. L'accent est plutôt mis sur les fusillades et l'humour. On a droit à quelques maquillages sympas et trois séquences inoubliables : une baston avec un zombie obèse au visage triple, une décomposition à vitesse grand-V saisissante d'une comédienne et surtout LA scène qui a marqué tous les spectateurs : celui du traiteur chinois qui voit toute sa barbaque se réveiller pour attaquer nos héros ! Rien que pour ça, le film reste en mémoire.

Mark Goldblatt retournera derrière la caméra l'année suivante pour diriger Dolph Lundgren dans l'adaptation du comic book The Punisher (pas vu). Ce sera un échec commercial et la dernière réalisation du technicien qui retournera avec succés dans les salles de montage.