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VHS-1980
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12 juillet 2020

Les rats de Manhattan (1984)

Les rats de Manhattan - Affiche

 

Il faudra que les Italiens se mettent d'accord. Selon Les nouveaux barbares, l'apocalypse nucléaire a eu lieu en 2019. Selon Les rats de Manhattan, elle a eu lieu en 2015 ! 225 ans après ça, l'humanité se divise en deux catégories : ceux qui vivent dans les égouts et ceux qui vivent à la surface. Un petit groupe de ces derniers parcourent les terres aux volants/guidons de leurs engins customisés. Ils s'arrêtent dans une ville fantôme et s'installent dans une bâtiment qui contient, à leur grande surprise, un stock important de nourriture, une mini-serre et un intriguant matériel informatique. Mais la tranquillité des lieux sera de courte durée : les locaux sont pris d'assaut par des milliers de rats assoiffés de sang...

Attention : concept qui tue ! Sans doute lassé des innombrables sous-Mad Mad 2 et sous-Les dents de la mer, le réalisateur italien Bruno Mattei a un éclair de génie : si on mélangeait les deux genres pour obtenir un film d'attaque animale à la sauce post-apocalyptique ? Un projet taillé sur mesure pour celui que certains surnomment "le Ed Wood italien", artisan spécialisé dans le cinéma érotique dans les années 70 avant d'embrasser un cinéma plus fantastique et horrifique dans les années 80. Son style, gloubi-boulga de nawak et de mauvais goût, l'a fait entrer au panthéon des réalisateurs de nanars. Beaucoup d'amateurs de cinéma Z vouent même un culte à Virus cannibale (1980), sa réponse au Zombie de George A. Romero (dont il pique la musique et plusieurs idées). Je suis amateur de cinéma sympathiquement nul mais celui-ci est parvenu à exploser mes limites de tolérance avec son déluge de mauvais goût et son sens de la narration dépassant l'entendement. Sorti en 1984, Les rats de Manhattan est tout aussi nawak, mais son rythme est bien plus supportable.

 

Les rats de Manhattan - Capture 1

 

Bruno Mattei oblige, ce film est un pur produit bis réalisé avec des moyens budgétaires, techniques et artistiques limités. Pour l'anecdote, il parait que les quelques plans urbains ont été tournés dans les décors d'Il était une fois en Amérique produit la même année. On y retrouve toutes les caractéristiques de la série B virant vers le Z : de la nudité aussi émoustillante qu'une tranche de veau, du gore craspec filmé en gros plan histoire d'en rajouter une couche et, spécialité italienne de l'époque, l'utilisation d'animaux sans grand respect de leur vie. OK, ce sont des rats, mais ça n'excuse pas que certains soient brûlés vifs (les plans larges sont heureusement assez brefs). Dans le genre, il y a eu des productions pires que ça, mais ces pratiques restent proprement honteuses (vu la zèderie du produit, ils auraient pu utiliser des faux rats, ça n'aurait rien changé).

Ceci dit, le spectacle reste hautement délirant. Il n'y a aucun temps mort et le comportement passif des rats sur le plateau est compensé par l'hystérie des comédiens qui s'échinent à nous persuader que la menace est énorme. Pour faire croire à cette rage sanguinaire, rien de tel que de balancer sur les acteurs des dizaines de rongeurs. Ces derniers ne se pliant visiblement pas aux volontés du réalisateur, décision a été prise de filmer des versions en plastique montées sur rails pour l'assaut final ! Et dans le cas où vous n'avez plus assez de bestioles en stock, utilisez la technique ancestrale du hors champ : le chef de la bande ouvre une porte, jette un œil de l'autre coté et la referme aussitôt en s'exclamant "Il y a des milliers de rats dans cette cave !". Les spectateurs n'auront rien vu et le réalisateur aura économisé un plan qui aurait pris du temps sur le planning.

Les comédiens cabotinent sévère et le doublage français en rajoute une couche avec des répliques telles que "C'est phénoménal, une fantasmagorie !" ou un poétique "Quelle dégueulasserie !". Il faut dire qu'ils ne sont pas aidés par un script absurde les obligeant à rejouer La grande bouffe en se goinfrant de farine et en dansant lorsqu'ils trouvent le stock de nourriture. Ou lorsqu'un des protagonistes veut prouver en faisant n'importe quoi que l'ordinateur est en fait un jeu vidéo ! Un grand moment. Comme aussi cette fille coincée dans son sac de couchage et dévorée vivante par un rat qui s'est glissé à l'intérieur. Vous vous demandez pourquoi ils s'obstinent à rester dans cette baraque ? Un des personnages a la réponse : "Les rats ont mis hors d'usage les motos. Ils ont dévoré tous les pneus !". On pourrait encore parler de cet instant de grâce où une des nanas pointe du doigt un rat blanc posté en hauteur en s'exclamant : "C'est lui leur chef ! Il leur dit d'attaquer !". Après tout ça, vous voilà bien préparés à une des révélations finales les plus débiloïdes de l'histoire.

 

Les rats de Manhattan - Capture 2

 

Etonnamment, ce sommet du cinéma nanardesque n'a jamais été distribué en DVD en France (un problème de droits ?). Dans le cas d'une éventuelle sortie, l'éditeur se devra de reproduire le texte figurant sur la jaquette VHS Videofilms : "Les scènes d'un réalisme saisissant, l'angoisse des suites de la guerre atomique, l'action soutenue, laissent le spectateur haletant.".

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