Ma prof est une extraterrestre (1989)

"Ma prof est une extraterrestre." On est sans doute nombreux à avoir dit ça quand on était au collège ou au lycée. Sauf que, dans le cas de Wesley Littlejohn, sa prof de science vient VRAIMENT d'une autre planète ! En proie à des problèmes de fertilité, sa race est sur le point de s'éteindre. Elle est donc chargée de mener des expériences sur la Terre et c'est le pauvre Wesley qui a été sélectionné pour jouer les cobayes malgré lui. Cela aura pour effet de transformer ce lycéen timide et peu sûr de lui en véritable tombeur à qui aucune fille ne résiste...

Le cinéma n'est qu'une affaire de cycles, le temps qu'une nouvelle génération de réalisateurs se réapproprie et revisite les films de ses parents (il suffit de voir le revival 80's actuel). Rien d'étonnant à ce que le cinéma de science-fiction des années 80 se soit autant inspiré de celui des années 50. Des classiques ou semi-classiques de cette décennie ont ainsi eu leurs remakes avec The Thing, L'invasion vient de Mars, Le Blob, La mouche, La petite boutique des horreurs (OK, l'original date de 1960), et j'en oublie certainement. Au-delà des remakes, bons nombres de productions des 80's ne sont que des relectures du style 50's avec en plus des clins d’œil, du second degré, voire de la franche parodie. Des productions comme The Stuff, Les clowns tueurs venus d'ailleurs ou Le retour des tomates tueuses sont dans cet esprit. Notre modeste téléfilm du jour est aussi de cette trempe, oscillant joyeusement entre hommage et pastiche (la véritable apparence de la prof du titre rappelle Invasion Of The Saucer Men, une série B de 1957).

Ma prof est une extraterrestre est une coproduction Empire Pictures, la boite créée par Charles Band. Ce dernier est une des figures emblématiques de la série B de genre depuis les années 70. Un producteur très prolifique, même si c'est globalement peu qualitatif, la quantité étant préférée à la qualité. Ses franchises les plus connues sont sans doute Ghoulies, Puppet Master ou Trancers. A la réalisation, on retrouve le nom de David DeCoteau, véritable stakhanoviste de la caméra. Jetez un oeil sur sa fiche IMBD : elle recense actuellement plus de 160 réalisations à son actif dans quasiment tous les genres, dont rien que huit l'année dernière ! Avait-il des ambitions artistiques à ses débuts ? Je n'en sais rien, je ne connais pas vraiment sa carrière, mais ce qui est sûr, c'est que sa cadence est industrielle et on peut le mettre dans la même famille que Jim Wynorski, un autre fonctionnaire hollywoodien.

Ce qui n'empêche pas Ma prof est une extraterrestre d'être un téléfilm sympathique et plutôt drôle. L'intrigue, assez absurde, compile tous les poncifs du cinéma SF des 50's, en les traitant sous la forme d'un teen movie purement 80's. On n'échappe donc pas à la course de bagnoles sur la route du lycée, au parking près du lac où tous les ados se bécotent, ni à l'indispensable concert de rock. Si les grosses ficelles scénaristiques mènent à une vague allégorie de la puberté, on est surtout frappés par la teneur potache de l'ensemble. Les filles se ruent sur Wesley dès qu'un appendice alienoïde lui sort du crâne (subtile image) et elles font automatiquement une seule chose : exhiber fièrement leur poitrine (apparemment une coutume chez les lycéennes américaines qui mériterait d'être étudiée plus profondément). Mon carnet à la main, j'ai comptabilisé par moins de sept plans nénés ! On ne s'ennuie pas à suivre les mésaventures sentimentales de notre jeune héros et sa rencontre fortuite face à la menace extra-terrestre au look rigolo. Le spectacle est potache, orienté ado avec des personnages caricaturaux, mais il a le mérite de ne pas être vulgaire. A noter que le rôle principal est tenu par Billy Jayne, enfant acteur assez populaire aux USA durant les années 80, mais plus connu en France pour son rôle de Mikey Randall dans la série Parker Lewis ne perd jamais.

Le DVD a un bonus insolite : un scan de la page du Télé 7 Jours du 20 juillet 1989, histoire de prouver au monde entier que ce téléfilm a été diffusé ce jour-là à 20h30 sur La Cinq (alors juste au milieu de sa courte vie) ! Un véritable document historique qui montre une chose : c'était vraiment une autre époque ! Impossible d'imaginer aujourd'hui un teen movie avec autant de seins à l'écran diffusé en prime time ! C'est aussi l'occasion de se replonger dans la programmation quotidienne de la chaine remplie de séries multi-rediffusées (déjà à l'époque) : Thierry La Fronde (le matin et l'après-midi !), Cosmos 1999, Amicalement vôtre, Maigret, La tulipe noire, Happy Days ou Deux flics à Miami... Le pire, c'est que ça donne quand même plus envie que les programmes des chaines actuelles !