/image%2F1368833%2F20240319%2Fob_0bb1f4_banniere-vhs-1980-2.png)
La petite boutique des horreurs (1986)
L'histoire : les temps sont durs pour le magasin de fleurs de Monsieur Mushnik. Mais les choses changent lorsque, suite à une éclipse solaire, son employé Seymour Krelborn trouve une mystérieuse plante qu'il prénomme Audrey II, en hommage à sa collègue dont il est amoureux. Placée en vitrine, cette fleur attire la clientèle et les affaires deviennent florissantes comme jamais (admirez le jeu de mollet). Mais le succès a un prix : la plante "porte-bonheur" a besoin de sang humain pour continuer de vivre et attirer la clientèle. De plus, sa croissance ne semble connaitre aucune limite.
Impossible de parler de La petite boutique des horreurs sans évoquer le film original de 1960 écrit, produit et réalisé par Roger Corman. Malgré un budget riquiqui et un planning de tournage serré, c'est une vraie réussite, drôle, spontanée et dont le thème est vraiment original. Un film d'autant plus populaire qu'il est tombé rapidement dans le domaine public aux États-Unis suite à un oubli de copyright et qu'il comporte dans son casting un certain Jack Nicholson, encore débutant, mais dont le rôle de masochiste adepte de la roulette de dentiste est devenu inoubliable. J'ai cru pendant longtemps que la version de 1986 en était un remake direct. Mais il s'agit en fait d'une adaptation cinématographique de la comédie musicale de Broadway lancée entre temps en 1982 ! Derrière la caméra, on retrouve Frank Oz, spécialiste des marionnettes et comparse de Jim Henson, le créateur du Muppet Show. Hormis les aventures de Kermit et ses amis, les deux artistes ont signé en 1982 le génial Dark Crystal.
Quand on visionne La petite boutique des horreurs, on se dit que Frank Oz était la personne idéale pour mener à bien ce projet techniquement parlant. La marionnette d'Audrey II est génialissime. Elle est gigantesque, son animation est incroyable et son interaction avec les comédiens est absolument parfaite. Sa façon de se mouvoir est bluffante et l'animation ultra-réaliste de ses lèvres l'a rend encore plus vivante. Et puis c'est carrément délirant de voir cette plante carnivore géante chanter et danser (ou vérifier la monnaie rendue après avoir téléphoné !). Elle est un des gros atouts de ce film, les mecs qui l'ont conçue et animée sont des génies.
Mais le spectacle ne se résume pas qu'à ça. La trame du film de Roger Corman est respectée et son traitement à la sauce comédie musicale est carrément géniale. Les numéros musicaux sont nombreux et réalisés avec inspiration (la caméra est très mobile). Bon, je ne connais que la version française avec les chansons traduites, je serais curieux de savoir ce que ça donne en VO. L'ensemble est ostensiblement tourné en studios et le résultat est réussi car ça lui donne un cachet Broadway savoureux (les rues font penser à West Side Story). C'est à la fois un hommage au cinéma musical des années 50 et 60, et il y a en même temps un zeste d'ironie avec la caricature de l'American way of life de l'époque, très drôle. La prestation de Rick Moranis dans le premier rôle est impeccable et deux seconds rôles sont particlièrement savoureux : celui de Bill Murray qui reprend le personnage maso tenu par Jack Nicholson en 1960 et Steve Martin qui fait du... Steve Martin dans le rôle d'un dentiste sadique très cartoonesque.
Moi qui ne suis pourtant pas très porté "comédie musicale", j'adore. C'est délirant et super bien foutu pendant 90 minutes non-stop. Je ne connais que la fin heureuse de la version cinéma mais une autre conclusion plus sombre (et plus dans l'esprit de la version de Corman) avait initialement été tournée avant d'être remplacée suite aux mauvaises réactions lors des projections tests. Cette fin apocalyptique a apparemment été réintégrée dans certaines éditions.