Le retour des morts vivants (1985)

Attention, je vous préviens : je suis hyper fan de notre film de jour. En jetant un coup d’œil sur les critiques postées par les internautes sur différents sites, je suis tombé des nues. Certains n'hésitent pas à parler de nanar, voire carrément de série Z ! Du grand n'importe nawak car Le retour de morts vivants est un VRAI bon film qui a en plus la qualité de ne pas vouloir péter plus haut que son derrière.

Le postulat scénaristique est simple : des cuves en provenance de l'armée ont été livrées par erreur à une morgue (!). Par inadvertance, deux employés ouvrent la cuve et le gaz qui s'en échappe ressuscite un cadavre qui était entreposé (!!!). Après avoir neutralisé ce dernier, notre duo de bras cassés décide de s'en débarrasser en l'incinérant au crematorium. Sauf que les fumées qui s'en dégagent retombent sous forme de pluie acide sur le cimetière d'à coté, ce qui fait ressortir tous les morts de leur tombe !

Derrière ce film fou-fou-fou, on retrouve un sacré personnage : Dan O'Bannon. Sa carrière cinématographique a débuté en compagnie de John Carpenter avec lequel il a formé un binôme durant leurs études de cinéma. Il en a résulté Dark Star en 1974, d'abord film d'étudiant puis rallongé pour une sortie ciné. O'Bannon était au scénario, Carpenter à la réalisation. Le deal initial était que, pour leur second film, les rôles soient inversés et que Carpenter écrive un film qui soit réalisé par son comparse. Sauf que finalement le futur réalisateur d'Halloween, la nuit des masques a préféré voler de ses propres ailes et a laissé en plan son acolyte. Dan O'Bannon a heureusement su rebondir en tant que scénariste, et de quelle façon, puisqu'on lui doit les histoires de quelques classiques et semi-classiques de la science-fiction tels que Alien, le 8ème passager, Lifeforce, l'étoile du mal (complétement ouf), Total Recall (génialissime) ou encore le très sympa Planète hurlante.

Dan O'Bannon a aussi signé le script du Retour des morts vivants en remaniant une ancienne histoire qui dormait, parait-il, dans les cartons d'un ancien associé de George A. Romero. D'ailleurs, le hasard (ou pas ?) a voulu que Le jour des morts-vivants sorte la même année, occasionnant une courte passe d'arme juridique à propos des titres considérés comme pouvant induire les spectateurs en erreur. En tous cas, du point de vue de la tonalité, il n'est pas difficile de les différencier. Le film de George A. Romero (qui est également génial) est sombre, désespéré et du plus grand sérieux, tandis que celui de Dan O'Bannon est fun et énergique, quoique non dénué d'une certaine amertume (notamment dans sa conclusion). Les personnages semblent pour la plupart sortis d'une bande-dessinée, surtout la bande de jeunes au look typiquement 80's façon punk new wave. Leur répliques outrancièrement vulgaires en VF en rajoute une couche.

Le retour des morts vivants est la première réalisation de Dan O'Bannon et, franchement, je la trouve géniale. On ne s'ennuie pas pendant les 83 minutes de métrage grâce à un rythme impeccable, un montage nickel et une foultitude d'effets de style qui rendent ce film unique avec des zooms, des ralentis, des travelings et un choix judicieux des angles de vue (parfois originaux comme ce plan de coupe du sol pour montrer les cadavres remonter à la surface !). L'ambiance est rock & roll avec une excellente bande-son new wave posée sur des images montées de façon clipesque. Un véritable exercice de style pour un rendu très typé 80's, mais plein de personnalité et de pep's. La farouche indépendance d'esprit de Dan O'Bannon a-t-elle eu raison de sa naissante carrière de réalisateur ? Toujours est-il qu'il ne repassera derrière la caméra qu'à une seule reprise et de façon plus discrète.

Ce film a une autre grande force, c'est qu'il est ponctué de séquences marquantes. C'était la marque des années 80, là où beaucoup de blockbusters actuels de 2h30 sont oubliés à peine est-on sorti du ciné. Bref, on va évidemment citer la scène culte du strip-tease de Linnea Quigley sur une pierre tombale (l'actrice passe de toute façon la majorité du film les fesses à l'air), mais il y a aussi l'interrogatoire du zombie en animatronique (vraiment bien foutu), le type qui se sait condamné et qui se suicide dans l'incinérateur, les ambulanciers qui se font piéger, sans oublier le fameux gimmick "Cerveau !" lancé par un mort vivant cartoonesque à mort. J'adore la tonalité, à la fois décontractée et, en même temps, un poil dramatique puisque CHAQUE décision prise par les protagoniste fait empirer la situation ! La balance est subtile. Et pour ne rien gâcher, les effets spéciaux sont vraiment sympas.

Quatre autres films estampillés Le retour des morts vivants seront produits. Sorti en 1988, le très moyen Retour des morts vivants 2 amplifie l'aspect comédie et s'adresse à un plus grand public en faisant d'un gamin le héros. Le troisième opus de 1993 change carrément de ton pour proposer une relecture dramatique et horrifique de Romeo et Juliette à la sauce zombiesque (pas mal quoique la photographie est assez moche). Deux autres films sortiront de façon plus confidentielle en 2005. Leur réputation calamiteuse ne me donne clairement pas envie de les voir.