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VHS-1980
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20 décembre 2020

Le blob (1988)

Blob - Affiche

Est-il nécessaire de vous rappeler le postulat à la fois simplissime et génial de ce classique des années 80 ? A la suite de la chute d'un objet non identifié sur la Terre, une créature visqueuse s'attaque à une petite ville des Etats-Unis, gobant tous ceux qu'elle croise et grandissant à une vitesse folle.

L'arrivée d'une nouvelle génération de cinéastes et le développement des effets spéciaux dans les 80's ont sans doute contribué à cette série de remakes de classiques ou semi-classiques de la SF des années 50 et 60. Les plus connus sont The Thing de John Carpenter, La mouche de David Cronenberg, L'invasion vient de Mars de Tobe Hooper, La petite boutique des horreurs de Frank Oz ou encore L'aventure intérieure de Joe Dante, relecture débridée du Voyage fantastique. Quant à lui, Le blob est le second remake de Danger planétaire, série B de 1958 avec le pas encore culte Steve McQueen (première version que je n'ai hélas jamais vue). Un premier remake, apparemment aussi fauché que l'original, est ensuite sorti en 1972 sous le titre Attention au blob !. Cette version est aussi connue pour son réalisateur qui n'est autre que Larry Hagman, futur J.R. Ewing dans l'inénarrable série Dallas ! On peut aussi souligner que l'idée de la créature gluante de Danger planétaire est elle-même inspirée de La marque, sympathique production Hammer sortie l'année précédente.

Blob - Capture 1

D'autres remakes plus anecdotiques (voire carrément mauvais) sont sûrement sortis dans les années 80 mais les quelques titres cités ci-dessus sont de parfaits exemples pour définir un "bon remake" ou, tout du moins, un remake "utile". John Carpenter, David Cronenberg ou Joe Dante ont gardé le postulat original mais l'ont exploité d'une manière différente et avec une explosion de créativité. Leurs films ont indéniablement une patte d'auteur. Ils n'ont pas fait de la simple photocopie mais ils se sont réapproprié le sujet initial. De toute façon, les classiques auxquels ils se sont attaqué avaient et ont toujours une aura culte et refaire la même chose n'aurait eu aucun intérêt. Le blob, lui, fait partie d'une autre catégorie de bons remakes : ceux qui apportent ce qui manquait à des films imparfaits. Le progrès des effets spéciaux permettait enfin d'exploiter les caratéristiques incroyables de la créature gluante. Les versions précédentes étaient simplement sorties trop tôt, le postulat était trop ambitieux pour les moyens de l'époque. Ce qui nous amène à plusieurs remakes récents qui ont défrayé la chronique par leur vacuité abyssale. Si les remakes de Total Recall ou de RoboCop sont si décriés, c'est justement parce qu'ils n'apportent rien de plus par rapport aux chefs d'oeuvres originaux. Au contraire, ils sont même plus lisses et formatés ! Alors quel intérêt ?

Pour en revenir au Blob version 1988, il n'est pas parfait mais il se démarque par son extrême générosité visuelle. Sur un budget total de 19 millions de dollars, 9 millions ont servi aux effets spéciaux. Et il n'y a pas à dire, ils sont vraiment cools. Si on met de coté les plans en stop motion avec une rétroprojection pas toujours parfaite, le reste marque indéniablement les esprits avec une belle série de séquences cultes : un apprenti violeur se fait prendre la main dans le sac, un cuistot est aspiré par le siphon de son évier, une restauratrice se fait compreser dans une cabine téléphonique, le blob prend d'assaut un cinéma diffusant un film d'horreur avant de poursuivre ses victimes dans les égoûts... Sauf erreur, point d'effets numériques à l'horizon, mais l'art du latex poussé dans ses retranchements. On sent clairement l'esprit fou des années 80 : c'est à la fois gore et cartoonesque, et on se demande comments certains effets ont été réalisés tellement c'est saisissant (notamment le sportif qui se dissout en direct comme bouffé par des sucs gastriques !). Franchement, tout cet aspect là du film me fascine au plus haut point.

Blob - Capture 2

La seule véritable déception vient du scénario un peu simple et linéaire. On peut y voir comme un hômmage aux séries B des années 50, il y a quand même quelques touches de second degré (notamment dans la conversation entre une mère et son fils sur les films d'horreurs) et quelques répliques font mouche mais il manque à l'histoire un peu d'ambition pour l'extraire de sa condition de série B de luxe (par exemple, sur un thême similaire mais avec moins de budget, l'histoire de The Stuff est plus intéressante). Le script est pourtant co-signé Frank Darabont qui écrira par la suite La mouche 2 ou le Frankenstein de Kenneth Branagh avant de passer derrière la caméra pour des adaptations classieuses de Stephen King (Les évadés, La ligne verte, The Mist). Co-scénariste et réalisateur, Chuck Russell signe une mise en scène classique mais soignée. Le scénariste de Dreamquest (avec Dennis Quaid en 1984) et réalisateur de Freddy 3 : Les griffes du cauchemar en 1987 a sans doute convaincu les producteurs grâce à son expérience dans le cinéma à effets spéciaux. C'est ce même Chuck Russell qui a réalisera The Mask en 1994.

En bref, Le blob est un spectacle fun où l'on se s'ennuie pas et truffé de séquences visuelles vraiment marquantes. Il est étonnant qu'Hollywood n'ait pas encore lancé de nouveau remake depuis le temps (il parait que Rob Zombie fut un temps sur le coup mais c'est visiblement tombé à l'eau).

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