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VHS-1980
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18 février 2021

La mouche (1986)

Je suis en ce moment dans ma période La mouche. Avant d'être ressuscité magistralement par David Cronenberg en 1986, l'insecte a vu son nom mis à l'affiche de trois films dans les années 50 et 60. Son statut de créature culte du cinéma de science-fiction, il le doit à La mouche noire, chef d’œuvre du film de monstre sorti en 1958. Les couleurs sont magnifiques, le script en béton et la réalisation est aux petits oignons. L'histoire, vous la connaissez : suite à une erreur d'inattention, un scientifique travaillant sur un prototype de téléporteur voit son ADN mélangé à celui d'une mouche ! Franchement, si vous n'avez jamais vu ce classique, courez le découvrir ! Par contre, je suis bien moins enthousiaste concernant Le retour de la mouche sorti l'année suivante. On est là dans la pure suite d'exploitation reproduisant sans aucune prise de risque le concept initial à la sauce série B (et en noir et blanc cette fois), mouais. A la surprise de beaucoup, une deuxième suite sortira tardivement en 1965. Personnellement, je n'en attendait rien et j'ai eu tort ! En effet, La malédiction de la mouche s'avère être une série B réussie dotée d'un véritable grain de folie. L'insecte n'apparait plus que dans le titre et le script préfère se focaliser sur le concept de téléportation et ses conséquences fâcheuses. Et le résultat est surprenant !

 

La mouche - Affiche

 

Allez, destination 1986 maintenant avec La mouche et son scientifique, Seth Brundle, qui travaille sur un système révolutionnaire permettant la téléportation. Suite à une déception amoureuse (doublée d'une soirée trop arrosée), il décide d'expérimenter lui-même son appareil mais une mouche s'est glissée dans la cabine au dernier moment. L'ADN de Brundle est alors fusionné avec celui de la mouche ce qui entraine une processus graduel de mutation chez le scientifique.

Initié et produit par Mel Brooks, ce remake était un projet idéal pour le réalisateur canadien David Cronenberg. La science-fiction, l'horreur, la chair et la métamorphose physique sont des éléments récurrents de sa filmographie. Ce qui est remarquable, c'est comment il s'est réapproprié avec les scénaristes le concept initial du film de 1958 pour l'adapter à son propre univers thématique. Voilà un bon exemple de remake "utile", c'est-à-dire qui apporte un angle nouveau et intéressant à une histoire connue, au contraire des remakes "inutiles" qui ne font que reproduire bêtement leur modèle sans apporter de réelle plus value artistique. Dans La mouche noire, la transformation physique du scientifique était complétement éludée. L'histoire était axée sur le mystère et le suspense quant à son destin final. Dans le remake de 1986, c'est la déchéance progressive du personnage qui constitue le sujet du script. C'est une autre optique, peut-être un poil plus cérébrale.

 

La mouche - Capture 1

 

Car non content d'être une excellent film de science-fiction horrifique au premier degré, il s'avère être tout aussi réussi en seconde lecture. On n'avait pas vraiment besoin de l'explication de son auteur pour comprendre que la déchéance physique et psychologie de Seth Brundle était une allégorie de la maladie, voire de la vieillesse. Le personnage principal (magistralement incarné par Jeff Goldblum) est littéralement atteint d'un cancer généralisé. Ceci a des conséquences dramatiques sur son corps mais aussi sur son caractère. Déjà peu social à la base, il se replie encore plus sur lui, par fierté au départ, puis finalement par honte. Son esprit bouleversé passe par tous les stades, de l'euphorie à la résignation, jusqu'à presque tutoyer la folie. Son entourage (Geena Davis en l’occurrence) est plein de bonne volonté mais ne sait que faire face à cette situation dramatique, et ça se comprend. Le personnage de Seth Brundle est en fait une figure tragique.

 

La mouche - Capture 2

 

L'autre aspect évidemment inoubliable de La mouche sont ses effets spéciaux. C'est Chris Walas (le même qui a travaillé sur Gremlins) qui a supervisé les maquillages incroyables de Jeff Goldblum. On imagine les heures de maquillage quotidiennes qu'a dû subir l'acteur et le casse-tête que ça a dû être pour le script (celui qui veille à ce qu'il n'y ait pas de faux raccords entre deux prises de vue). En tous cas, le jeu en valait la chandelle puisque le résultat à l'écran est vraiment marquant. Progressivement, le corps de Brundle s'abime jusqu'à partir en morceaux. Et je peux témoigner que ça fait encore son petit effet. Ayant assisté à une reprise du film au cinéma il y a quelques années, j'ai pu entendre le dégoût exprimé par certains spectateurs (d'autant que le métrage n'est pas avare question gore !) ! En tous cas, le tout sent bon les 80's avec du latex à gogo jusqu'à la transformation définitive en une magnifique mouche humanoïde tout en animatronique. Walas recevra un Oscar cette année-là pour son travail.

Au final, ce remake est tout aussi indispensable que son modèle. Un vrai classique des années 80. Suite à son succès commercial et critique, il connaitra une suite sobrement intitulée La mouche 2 et réalisée par Chris Walas lui-même. Celle-ci fera l'objet du prochain article.

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