Mad Mission 3 (1984)

L'histoire : Alors qu'il est en vacances à Paris, l'as du cambriolage Sam est recruté par un individu qui prétend être James Bond (!!!). Ce dernier lui demande d'aller récupérer les joyaux de la couronne de la Reine d'Angleterre qui auraient été volés à Hong Kong. Sam accomplit sa mission mais il apprend que le soit-disant James Bond est en fait un escroc à la tête d'une organisation internationale. Il doit maintenant aider la police à récupérer les pierres précieuses tout en mettant l'organisation hors d'état de nuire.

Je me souviens encore très bien comment j'ai découvert ce film. C'était en farfouillant dans un bac de DVD à 1 euro dans un Cash que je suis tombé de dessus. Ne le connaissant pas du tout, j'ai d'abord été attiré par son origine asiatique avant de lire avec stupéfaction au verso "Par le réalisateur de Black Mask II". Bon, les mecs auraient pu choisir une autre référence pour vendre le film, comme Il était une fois en Chine par exemple, mais j'étais quand même sceptique malgré le fait que Tsui Hark soit bien crédité sur la jaquette en tant que réalisateur. Après avoir déboursé l'aumône réclamée et être rentré chez moi, je vérifie sur IMDB et effectivement, Tsui Hark a bien réalisé ce Mad Mission 3. Il a même participé aux deux premiers opus en tant qu'acteur ! J'ai aussi pu apprendre que la saga Mad Mission est composée de cinq films tournés entre 1982 et 1989, plus une tentative de reboot en 1997. La pentalogie, apparemment très populaire en Asie, est un mix entre action et comédie. Elle narre les aventures rocambolesques du roi de la cambriole Sam. Ce personnage est incarné par Samuel Hui, superstar asiatique de la chanson qui a mené en parallèle une carrière d'acteur dans les années 70 et 80.

Ce Mad Mission 3 est un pur film de divertissement à l'aspect parodique ultra-prononcé. C'est déjà la preuve que Tsui Hark n'est pas un mec prétentieux parce qu'à l'époque, il avait déjà à son actif de beaux succès critiques d'où se dégageait sa patte d'auteur et il a quand même accepté de travailler sur cette franchise commerciale. Le résultat est survitaminé avec de l'action non-stop et surtout un amoncellement d’éléments improbables transformant ce film en véritable bande-dessinée live. Déjà, coté appels de phare à la saga James Bond, on a droit à un vague sosie de Sean Connery (avec la même VF !), la présence de Richard Kiel (Requin !) dans un rôle mongoloïde ou un asiatique rondouillard lançant son chapeau (comme dans Goldfinger !). Le sous-marin du bad guy qui lui sert de base a une forme de requin et l'agent qui découvre son identité n'est joué par personne d'autre que Peter Graves qui nous refait le coup de Mission impossible ! Pour terminer avec le casting, il faut aussi noter la présence de la Française Huguette Funfrock qui s'est spécialisée dans les rôles d'Elizabeth II à cause de sa grande ressemblance avec la monarque (c'est elle qui joue aussi dans Bons baisers de Hong Kong avec les Charlots !). Et puis, histoire d'enfoncer le clou niveau nawak, Tsui Hark nous balance sans prévenir aux deux tiers du métrage une parodie des deux premiers Mad Max (avec certains plans reproduits à l'identique !). Tout ça pour dire que l'objet en soit est déjà improbable.

Selon IMDB, le montage original hong kongais dure 96 minutes. En France, nous avons droit au montage occidental qui, comme le veut une des traditions les plus stupides du monde, est raccourci (mais bon sang... POURQUOI ???). Ce sont donc 15 minutes qui sont passées à la trappe rendant la narration encore plus hystérique. Les scènes humoristiques et celles d'action se suivent SANS AUCUN TEMPS MORT pendant 80 minutes. Notre héros saute de la tour Eiffel sans parachute, se sauve en skate à réaction, poursuit des pères Noël prenant la fuite en jetpacks (!!!), emprunte la ligne de métro au commande d'un deltaplane à propulsion... Coté comédie, c'est tout aussi fou avec une foultitude de gags plus ou moins efficaces et des quiproquos à foison à la finesse digne des plus grosses comédies de boulevard. J'adore Tsui Hark mais il faut admettre que le résultat final est bien foutraque et les effets spéciaux parfois limites (rétro-projection et maquettes) rendent le spectacle encore plus ahurissant.

Le DVD contient aussi les bandes-annonces des opus 1, 2 et 4 de la saga (sortis à l'époque en France sous les titres Mad Mission, La folle équipée et Rien ne sert de mourir). Je ne les ai jamais vus mais ils ont l'air tout aussi farfelus (et, truc de fou, le 4e est réalisé par Ringo Lam et le 5 par Liu Chia-liang !). Bref, Mad Mission 3 reste un spectacle bancale mais rigolo et bon enfant qui se distingue par son incroyable générosité. Par contre, ne vous attendez pas à retrouver la patte artistique du réalisateur de Zu, les guerriers de la montagne magique, elle est absente ici (hormis au niveau de l'hystérie peut-être) et on se dit que la référence à Black Mask II sur la jaquette n'est pas si mal vue finalement...