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VHS-1980
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24 juillet 2021

Police Story (1985)

Quand on parle "action heroes des 80's", on pense automatiquement à Arnold Schwarzenegger, Sylvester Stallone ou Chuck Norris. Mais il y en a un autre qu'on a tendance à oublier : Jackie Chan. Ca s'explique en partie par la distribution et la diffusion moins massive de ses films en Occident (par rapport au trio américain cité précédemment), ce qui est injuste car il a participé dans les années 80 à une série de peloches mémorables dont fait indiscutablement partie Police Story.

Police Story - Affiche

Jackie Chan est l'inspecteur Ka Kui. Suite à l'arrestation musclée du mafieux Chu Tu pour trafic de drogue, il se voit confier la protection d'une témoin capitale avant le procés. Sauf que cette dernière disparait avant sa comparution et Chu Tu est du coup remis en liberté faute de preuves. Ka Kui est considéré par ses supérieurs comme responsable du fiasco judiciaire et il est muté à la campagne. De son coté, Chut Tu met en place une incroyable machination pour se venger de Ka Kui...

On ne va pas refaire l'histoire à chaque fois mais rappelons que Jackie Chan est tombé dans la marmite du cinéma très jeune (il a fait sa première figuration à 8 ans en 1962 !). Petit prodige des acrobaties et des arts martiaux ayant fait le tour de la Chine au sein d'une petite troupe, il s'est ensuite fait une place dans le cinéma d'action hong kongais au fil des années 70 en gravissant les échelons les uns après les autres : cascadeur, coordinateur des cascades, second rôle, puis enfin premiers rôle... Un parcours exemplaire qui ne s'arrête pas là puisque sa fréquentation intensive des plateaux lui a aussi ouvert les portes de la mise en scène dès 1979 avec La hyène intrépide (pas vu). Ce sera le premier d'une généreuse série de dix réalisations sans pause dans lesquelles il va se mettre en scène jusque 1991 et le très fun Opération Condor. Si ses premières réalisations sont des films de kung-fu traditionnels aux allures de séries B, sa carrière va prendre un nouvel essor grâce à la Golden Harvest qui va lui octroyer cette fois un budget conséquent en 1983 pour Le marin des mers de Chine. C'est l'occasion pour Jackie Chan d'enfin laisser exploser sa créativité et il ne va pas s'en priver ! On peut dire que c'est ce film qui confirme vraiment sa "patte" : de l'humour à gogo, des cascades jamais vues, un rythme hallucinant et des scènes d'action exploitant avec inventivité toutes les caractéristiques du décor. Ce film est un carton et sa star devient le chouchou du cinéma populaire asiatique. C'est dans ce contexte que sort deux ans plus tard Police Story, la cinquième réalisation de Jackie Chan.

Police Story - Capture 1

Au milieu des années 80, la mode à Hong Kong n'est plus au film en costumes mais au polar (la franchise Le sens du devoir démarre cette même année et John Woo est sur le point de tout faire pêter). Jackie Chan décide donc de suivre la tendance et s'approprie les codes du genre pour les mêler à sa propre vision du film d'action. Et on va être direct : le résultat est FABULEUX. Franchement, Police Story est pour moi LE meilleur film avec Jackie Chan (ex-aequo avec Combats de maître). Le dosage action/humour est simplement parfait, tout comme le rythme. OK, il faut admettre que les ficelles scénaristiques sont parfois grosses (voir la scène du procés aussi hilarante qu'improbable ou le complot tiré par les cheveux du bad guy) mais le spectacle est tellement généreux et créatif pendant ces 96 minutes qu'on est forcément séduits. L'humour est vraiment bien senti, parfois délirant mais jamais hystérique, ni paraissant hors propos. Certaines scènes ressemblent à des mini-sketches, comme cette parodie inattendue des slashers américains, ou ces séquences dans lesquelles notre héros fait le standard en jonglant avec des téléphones ou imite Michael Jackson pour essuyer la crotte de chien sous sa chaussure ! La présence d'une petite amie à Ka Kui ajoute un petit peu de background au personnage et surtout une dose de quiproquos assez réjouissante.

Police Story - Capture 2

L'autre atout de ce film, ce sont ses scènes d'action aussi nombreuses qu'INCROYABLES. Je n'exagère pas : rien que la scène d'ouverture laisse sans voix avec sa course-poursuite en voitures à travers un bidonville sur une colline (mais littérallement à travers !). On n'a pas le temps de reprendre notre souffle que Jackie Chan enchaine aussi vite avec une séquence où il accroché à un bus en pleine course. La scène se conclue sur un plan hallucinant où les trafiquants passent à travers le pare-brise du bus pour atterir brutalement sur la chaussée, ceci fait sans coupe, en live ! Les cascadeurs font des trucs hallucinants dans ce film. Comme pour rendre le spectacle plus inoubliable, les scènes d'action sont chorégraphiées de telle façon que les réceptions des corps se font sur des surface dures et/ou anguleuses ! On a mal pour eux (mais on se doute qu'ils ont des trucs) et, en même temps, on se dit que c'est ça le vrai cinoche et ces cascades réalisées en direct ont infiniment plus d'impact que n'importe quel exploit surhumain réalisé en numérique. En tous cas, le film se termine comme il a commencé : en fanfare avec une baston dantesque dans un centre commercial où Jackie Chan régle ses séquences à la perfection en se servant une fois de plus du mobilier. C'est parfois étonnamment brutal, les corps passent à travers les vitrines ou s'écrase dans des escalators (ouch !) pour arriver au clou du spectacle où l'acteur se laisse glisser le long d'une rampe sur plusieurs étages arrachant les éclairages dans dans une pluie d'étincelles avant de s'écraser sur une verrière ! La séquence est montrée trois fois sous des angles différents et je trouve ça intéressant car, à cet instant précis, on sort presque du film de fiction pour basculer tout simplement sur la captation d'une incroyable performance physique. En clair, la cascade est tellement folle qu'on oublie pendant ces quelques secondes l'histoire de Ka Kui et on se focalise simplement sur l'acteur/cascadeur Jackie Chan. Quand la réalité se mêle à la fiction, quand l'acteur devient héros.

En bref, vous l'aurez compris, je suis fan de ce film. Il s'en dégage une folie furieuse qui atomise tout ce qu'Hollywood faisait à la même époque dans le genre polar/action. Jackie Chan réendossera l'uniforme de l'inspecteur Ka Kui trois ans plus tard dans Police Story 2 qui fera l'objet du prochain article.

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