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VHS-1980
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31 juillet 2021

Ninja Terminator (1986)

Ninja Terminator... Voilà un titre qui annonce du lourd ! Le résultat à l'écran est-il à la hauteur de la promesse nanarde ? Verdict dans les lignes qui suivent...

 

Ninja Terminator - Affiche

 

Pour commencer, je vais essayer de vous résumer l'intrigue du mieux que je peux, et c'est vraiment pas facile ! Alors que l'empire des ninjas célèbre ses vingt ans, ses trois combattants les plus puissants Tamashi, Baron et Harry MacQueen décident de voler chacun un morceau de la statue du guerrier d'or ninja car ils pensent que son pouvoir incommensurable est trop dangereux entre les mains du chef suprême des ninjas. Ce dernier récupère rapidement la pièce de Tamashi mais Baron, devenu parrain du crime, l'ignore et charge son fidèle lieutenant nommé "Tigre" d'enlever Michiko, la soeur de Tamashi (vous suivez toujours ?), pour savoir où est la pièce de la statue. L'agent d'Interpol Jaguar Wong l'apprend et prévient immédiatement MacQueen qui le charge de protéger Michiko. De leurs cotés, Baron et MacQueen jouent au chat et à la souris, se suspectant mutuellement de vouloir réunir la statue du guerrier d'or ninja pour obtenir le pouvoir suprême...

Ce sac de nœuds scénaristique vous est proposé par Godfrey Ho, chéri de ce blog (dont c'est le sixième film chroniqué quand même !). A force, vous connaissez maintenant les méthodes de ce margoulin pour inonder les bacs VHS occidentaux avec ses films d'action discount. On achète les droits de films asiatiques peu connus (en l’occurrence ici le coréen Stafferyui bulcheonggaek de 1984, merci IMDB), on le remonte tant bien que mal en y ajoutant des séquences de notre cru avec des acteurs occidentaux, on redouble le tout et on refait la bande-son avec des morceaux piochés un peu partout dans notre collection de vinyle (dont du Jean-Michel Jarre dans le cas présent), et ça donne ce que le site Nanarland appelle si bien le 2-en-1. L'intérêt pour le producteur étant de sortir un film à moindre coût, l'intérêt pour le spectateur déviant de 2021 étant de bien rigoler devant le résultat souvent improbable. En gros ici, toute la partie Tigre-Jaguar Wong-Michiko fait partie du métrage coréen. Toute la partie ninja avec Tamashi-Baron-MacQueen a été tournée par Godfrey Ho. Tâche ensuite au scénariste de bricoler une intrigue englobant l'ensemble, et au monteur de faire communiquer les deux univers grâce à la magie du champ/contre-champ ou celle du téléphone (l'occasion de découvrir avec hilarité que le héros MacQueen possède un téléphone Garfield !).

 

Ninja Terminator - Capture 1

 

Alors, le film en lui-même est-il aussi nanar que son titre ? On peut dire que la réponse est oui. Déjà, l'histoire alambiquée avec cette statuette grotesque et ses personnages trop nombreux aux liens artificiels est un sacré morceau nawak. La partie coréenne se démarque surtout par la moumoute blonde ridicule de Tigre et par les combats incessants de Jaguar Wong qui ne peut pas faire DEUX PAS dans la rue sans rencontrer un méchant. La conclusion du combat entre les deux est à ce titre anthologique (en fait, Tigre reste coincé dans le sable après avoir fait la toupie !). Mais ce n'est rien à coté des régulières séquences de ninja filmées par Godfrey Ho. C'est du fou rire en barres qui vous attend avec ses guerriers trottinant en fil indienne, se téléportant ou usant d'une pléthore de gadgets comme le bâton à fumée, la bombinette à fumée, le miroir aveuglant, le bâton lance-flamme ou, son contraire, le bâton extincteur ! Dans sa combinaison de ninja, MacQueen s'entraine dans son salon en faisant le poirier sur sa table basse ou en décapitant des pastèques avec son sabre. A noter que la fascination du réalisateur pour la pastèque frôle le fétichisme puisqu'on a même droit à un plan totalement inutile de Baron dégustant à table le fameux fruit ! Franchement, tout ça mis bout-à-bout fait de ce film un vrai plaisir coupable.

 

Ninja Terminator - Capture 2

 

Impossible de terminer sans parle de la tête d'affiche Richard Harrison. Une vraie figure de la série B au parcours fascinant. Selon IMDB toujours, il a eu son premier (tout petit) rôle en 1957 dans Kronos, le conquérant de l'univers, film de science-fiction réalisé par Kurt Neumann (qui, au passage, signera plus tard le classique La mouche noire). Il partira dès le début des 60's vers la bouillonnante Italie où il tournera une flopée de péplums, westerns, polars et autres films d'aventure dans des rôles conséquents, quand ils ne sont pas principaux. Puis le cinéma rital déclina et Harrison prit la direction de Hong Kong dans les 80's où il rencontra Godfrey Ho à la recherche de "gweilos", ces comédiens étrangers de séries B/Z un peu aventuriers venus s'encanailler et offrir leurs services pour occidentaliser une production locale contre un salaire pas toujours faramineux (surtout chez IFD à en lire quelques interviews d'acteurs). Il fallait quand même une bonne dose d'humilité et un sacré amour du métier pour passer de productions européennes honorables dans l'ensemble dont tu es la semi-vedette à des productions asiatiques presque artisanales (on n'est pas chez Tsui Hark). Bref, Richard Harrison déclarera dans des interviews avoir contractuellement joué dans moins de films qu'il n'en est sorti dans le commerce ! Ces filous d'IFD ont en effet utilisé tout ce qu'Harrison a tourné pour l'insérer dans un maximum de films de ninjas, sans son consentement évidemment. Ce qui explique que, selon IMDB, le comédien apparaitrait entre 1984 et 1988 dans pas moins de 18 productions dont le titre contient le mot "ninja" ! C'est pas énorme, ça ?

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