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6 août 2021

Rambo III (1988)

Rambo III - Affiche

 

Tentant d'oublier son passé guerrier, John Rambo s'est retiré dans un monastère thaïlandais (!). Pas pour longtemps car son ami le Colonel Trautman le retrouve pour lui proposer une mission en Afghanistan, occupée par les Soviétiques depuis 1979. Désormais épris de paix, Rambo refuse l'offre et préfère aider la population locale en effectuant de menus travaux et en gagnant quelques kopeks en participant à des combats clandestins (!!!). De son coté, Trautman part mener la mission seul mais il est capturé et torturé par le machiavélique Colonel Zayzen, un commandant militaire russe. Rambo l'apprend et décide immédiatement de partir en Afghanistan pour libérer son ami avec l'aide des moudjahidines, et botter quelques derrières communistes en passant.

En lisant l'article Wikipedia, j'ai appris que le tournage de Rambo III a débuté sous la direction de Russel Mulcahy (Razorback, Highlander). Ce dernier a apparemment été remercié après seulement quelques jours de tournage pour cause classique de divergences artistiques avec les producteurs. C'est le réalisateur de seconde équipe Peter MacDonald qui a accepté de reprendre la barre en urgence. Avant de parler du fond (et il y a des choses à dire), je vais évoquer la forme que je n'ai pas trouvée si mauvaise. D'un point de vue purement esthétique, je trouve même ce troisième opus bien plus beau que son prédécesseur. Les paysages désertiques israéliens sont superbes, bien mis en valeur et magnifiés par une belle photographie. Et question mise en scène, il n'y a rien à dire : c'est mis en boite professionnellement et les (nombreuses) scènes d'action sont efficaces, parfois même carrément spectaculaires (notamment la première attaque russe en hélico).

 

Rambo III - Capture 1

 

La tonalité de ce film est dans la droite lignée de Rambo II : La mission, entendez assez bas du front en misant tout sur l'action. Le relatif réalisme de l'opus initial de 1982 est définitivement mis au placard, tout comme toute subtilité psychologique concernant son héros. John Rambo n'est plus un humain, c'est une machine de guerre qui laissera derrière lui des monceaux de cadavres. Pris au second degré, le spectacle peut s'avérer distrayant pour ses choix scénaristiques parfois... surprenants ! Rien que le début avec Rambo participant à des combats clandestins pour ensuite rejoindre son monastère est complétement nawak. Jim Abrahams n'a pas eu à pousser beaucoup le curseur humoristique quand il a repris la séquence dans Hot Shots ! 2 (on en vient même à oublier lequel parodie l'autre). Autre séquence étonnante : celle du sport apparemment traditionnel où les deux équipes à cheval doivent attraper un bouc, et qui permet à Rambo de s'intégrer ! Les muscles tendus, le corps luisant de sueur, les énormes fusils mitrailleurs à la symbolique toute phallique, l'ancien béret vert incarne la figure virile des années 80 qui ne connait ni la douleur (voir la scène devenue culte de l'auto-cotérisation), ni la peur (le duo Rambo/Trautman prêts à affronter l'armée Soviétiques à eux deux). Seule énorme faute de goût à mon avis : la présence du gamin afghan qui participe à "l'effort de guerre". OK, on sait qu'il y a malheureusement toujours eu des enfants soldats mais voir un gosse avec une kalachnikov dans les mains dans un film de guerre commercial, quand bien même il ne tire sur personne, ça passe difficilement chez moi...

Comme dit dans le paragraphe précédent, il faut déconnecter son cerveau pour l'apprécier un tant soit peu. Parce que, si on le remet dans son contexte historique, c'est une autre paire de manches ! Car, contrairement au deuxième opus de la saga, le héros est ici parachuté dans une guerre qui était toujours en cours lors de son tournage et de sa sortie en 1988 ! A ce titre, Rambo III symbolise peut-être le mieux ce que les critiques ont appelé le "cinéma Reaganien". Le personnage de John Rambo incarne l'Amérique triomphante en aidant les moudjahidines à combattre l'envahisseur russe (la guerre froide n'est pas encore terminée !). On est en pleine propagande et les auteurs ne s'en cachent même pas puisque le spectacle se clôt sur ce texte : "Ce film est dédié au peuple vaillant de l'Afghanistan.". Ce que les scénaristes ont omis de préciser par contre, c'est que les moudjahidines étaient des islamistes (rien ne le laisse deviner dans le film). Autrement dit, John Rambo combat la peste en aidant le choléra (comme le fera son pays, ce qui plongera définitivement l'Afghanistan dans la chaos après le retrait des troupes russes en 1989) !

 

Rambo III - Capture 2

 

Bref, le but de cet article n'est absolument pas politique mais juste de montrer la bascule assez incroyable de la figure de Rambo qui, en l'espace de trois films entre 1982 et 1988, passe de symbole des ravages de la guerre à bras armé de l'Amérique conquérante au service inconditionnel de son gouvernement ! Suite à la chute de l'URSS en 1991 et à la fin de la guerre froide qui en a découlé, ce genre de figure a pris un sacré coup dans l'aile et, de toute façon, le cinéma d'action des 90's voulait aussi passer à autre chose. Il a fallu attendre vingt ans pour que l'ancien béret vert reprenne du service. Sans doute motivé par le succès en 2006 de Rocky Balboa qui ressuscitait son autre franchise fétiche, Sylvester Stallone a en effet réalisé en 2008 le sobrement intitulé John Rambo, quatrième opus de la saga qui fait passer les trois précédent pour des films pour enfants. On sent une volonté de revenir à une psychologie du personnage plus subtile à l'image du film initial (sans y parvenir), mais le propos est noyé dans un violence excessive à la limite de la complaisance (on se croirait dans un film d'horreur). Enfin, l'inoxydable acteur américain, alors âgé de 73 ans, a pris les armes pour la cinquième et dernier fois dans Rambo : Last Blood en 2019 (pas vu).

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Commentaires
R
Je n'ai pas vu le 3, par contre, mes potes m'avait trainé voir le deux, ainsi que Rocky 4, et à la fin des deux films, j'avais franchement été choqué de voir toute la salle applaudir , il me semble même, ça devait être le rocky, m'être mis en colère après mes potes (sur le quai de la gare, en attendant notre train de banlieue), C'était outrageusement manichéen et grossier...je crois que sur le moment, cette réaction du public m'était complètement incompréhensible, avait-on vu le même film! Je précise que je devais avoir 15/16 ans, et pas du tout politisé.
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