Star Trek IV : Retour sur Terre (1986)

Après les événements survenus dans Star Trek III : A la recherche de Spock, Kirk et toute sa bande rejoignent la Terre à bord de l'oiseau de proie dérobés aux Klingons. Ils reçoivent alors un message de la part de Starfleet les enjoignant à ne pas s'approcher de la planète bleue. En effet, une mystérieuse sonde extra-terrestre, provoquant l'arrêt de tous systèmes électriques dans un rayon conséquent, s'est mise en orbite et envoie un étrange signal. En l'absence de réponse humaine, la sonde provoque des catastrophes naturelles sans précédent. Spock s'aperçoit que le langage de la sonde est identique à celui du chant des baleines. Seul problème : les baleines ont disparu de la Terre au XXIe siècle et donc personne n'est en mesure de répondre à la sonde et stopper son action dévastatrice. L'ex-équipage de l'Enterprise décide de remonter le temps afin de retrouver un spécimen de baleine à bosse et le ramener dans le futur.

Même s'il peut être visionné indépendamment, Star Trek IV : Retour sur Terre est une suite directe de l'opus précédent sorti deux ans avant. Soutenu par ses producteurs, Leonard Nimoy rempile derrière la caméra et offre un spectacle un peu différent de ce que la saga cinématographique avait proposé jusque-là. Il y avait sans doute une volonté de sortir un peu du space opera pur et dur histoire de ne pas lasser le public, mais aussi de s'essayer un registre plus décontracté (l'humour n'étant pas la caractéristique première de la franchise, il faut l'admettre). Une autre raison est plus pragmatique : les producteurs s'apprêtaient à lancer en 1987 Star Trek : La nouvelle génération, la nouvelle version télé de la saga. Il fallait faire des économies et trouver une approche moins gourmande en décors à construire et en effets spéciaux (bien que ces derniers soient quand même excellents car toujours signés ILM). Toute la clique habituelle est à l'affiche, y compris William Shatner qui a, selon la légende, conditionné sa présence à la possibilité de diriger à son tour le prochain film. Le film est dédié à l'équipage de la navette Challenger qui avait explosé au décollage quelque mois auparavant.

Malgré un postulat pouvant éveiller la défiance, il faut admettre que le spectacle est très sympa. En plongeant nos spationautes dans le San Francisco de 1986, les scénaristes jouent avec les décalages culturels, moraux et technologiques. A travers les yeux des voyageurs du futur, l'Américain des années 1980 est grossier, primaire, pour ne pas dire carrément moyenâgeux (voir le passage où McCoy traite les chirurgiens de bouchers). Tourné en grande partie dans les décors urbains de San Francisco, le film donne l'occasion aux membres de l'Enteprise d'exploiter un peu plus leurs talents de comédiens en les plongeant dans des situations souvent amusantes : Scotty perdu devant un ordinateur sans commande vocale, Chekov soupçonné d'être un espion communiste ou encore Spock aux prises avec un punk indélicat dans un bus. Jusqu'au reboot de 2009, ce quatrième film sera celui qui jouera le plus franchement la carte comique le temps de certaines scènes. Bref, l'humour est bien senti et cette aventure respire la décontraction.

En plus d'être divertissant, le script se veut porteur d'un message écologique sur la protection des espèces menacées et sur les conséquences que leurs disparitions pourraient avoir sur tout un système. Le discours peut paraitre trop frontal mais c'est peut-être la meilleure façon pour qu'il soit compris du plus grand nombre de spectateurs. En tous cas, il n'a pas l'air forcé ici et il est bien intégré à l'histoire. Après, je ne suis pas naïf, ça n'a malheureusement pas empêché les usines flottantes japonaises de continuer de racler le fond des océans ou les pêcheurs néerlandais d'user de la pêche électrique. Les baleines du métrage sont évidemment fausses mais ILM a fait encore une fois des merveilles en matière d'animatronique et de trompe-l’œil pour embarquer les spectateurs dans cette folle aventure.

Sans prétention mais rythmé et soigné, Star Trek IV : Retour sur Terre fait partie des réussites de la saga. Et le public ne s'y est pas trompé : aux États-Unis, il est resté le plus gros succès au box office de la franchise jusqu'au reboot de 2009. Ce qui motivera logiquement les producteurs à continuer l'aventure avec un nouveau film qui sortira trois ans plus tard sous le titre Star Trek V : L'ultime frontière.