Les Goonies (1985)

Suite au décès de Richard Donner survenu le 5 juillet dernier, je vous propose de revenir en quelques mots sur un des classiques de ce réalisateur/producteur qui a marqué le cinéma hollywoodien des années 80.

Est-il vraiment nécessaire de résumer le pitch de ce film ? Allez, pour la forme : alors que leur quartier est sur le point d'être rasé par un promoteur, une bande de copains trouve dans le grenier de l'un d'eux une carte au trésor ayant appartenu au pirate Willy le Borgne. Les garçons décident de chercher le butin pour éviter la destruction des maisons et ils découvrent qu'un ancien restaurant se trouve à l'emplacement du trésor. Malheureusement, l'établissement est occupé par les Fratelli, une famille de bandits en cavale...

Les Goonies fait incontestablement partie des films cultes des années 80. Pas tant pour ses qualités artistiques (on y reviendra) que pour sa justesse dans la captation de "l'esprit" de cette décennie folle. Selon Wikipedia, il a même été ajouté depuis 2017 à la bibliothèque du Congrès américain aux cotés d'autres classiques car il a été reconnu comme étant un film "culturellement, historiquement ou esthétiquement significatif" ! Si on n'échappe pas à certains poncifs du cinoche américain (nos loustics s'en sortent toujours), tout le background est un formidable témoignage culturel. Les accessoiristes et costumiers ont totalement respecté les modes et le quotidien d'un jeune occidental de 1985 pour qui l'accès aux jeux vidéo n'était pas encore automatique et qui devait bien s'occuper sans Internet ni smartphone. Son moyen d'évasion : le vélo ! Et c'est vrai qu'à l'époque, beaucoup de gamins pouvaient parcourir des kilomètres à vélo pour le fun et explorer la campagne sans que ça n'inquiète les parents plus que ça. Ce film est également marquant dans sa description de l'enfant ou du pré-ado. Loin de l'image hypocrite et lisse qu'en avait souvent donné le cinéma durant les décennies précédentes, les jeunes héros des Goonies ont un langage fleuri et un humour parfois... potache (via notamment le personnage de Bagou).

C'est Steven Spielberg qui est à l'origine du projet. Produit via sa société Amblin Entertainment, ce film peut être vu comme un croisement entre Le club des cinq et Indiana Jones. Le scénario est signé Chris Columbus qui avait déjà écrit pour Amblin Gremlins l'année précédente et qui écrira toujours en 1985 l'histoire du Secret de la pyramide, sympathique relecture de Sherlock Holmes avec un zeste d'Indiana Jones encore une fois. La signature Spielberg se voit également du coté du casting avec la présence de Ke Huy Quan qu'il avait dirigé dans Indiana Jones et le temple maudit ainsi que celle de Corey Feldman déjà à l'affiche de Gremlins dans un rôle secondaire.  Enfin, la réalisation est signée Richard Donner, celui qui avait mis en scène l'excellent Superman de 1978 et qui, en cette moitié des 80's, est au top de sa forme puisqu'il signera aussi en 1985 le très sympa Ladyhawke, la femme de la nuit suivi deux ans plus tard de L'arme fatale.

Véritable madeleine de Proust des trentenaires/quarantenaires, Les Goonies est-il pour autant un grand film ? Il ne faut pas exagérer. Le spectacle est effectivement rendu sympathique par sa joyeuses bande de jeunes comédiens, par son rythme relativement enlevé et par son ancrage très fort dans son époque comme dit plus haut. Steven Spielberg a su indéniablement parler aux jeunes spectateurs de l'époque rêvant d'aventures et de rigolades avec les potes puisqu'il les a marqués au point que la nostalgie fonctionne toujours. Maintenant, il faut aussi admettre que c'est scénaristiquement très formaté avec l'indispensable romance adolescente, les méchants bêtes comme leurs pieds et une chasse au trésor qui ressemble plus à une escapade à Disneyland (la séquence du toboggan faisant foi). Chaque membre des Goonies est un archétype à lui tout seul : Michael le sage asthmatique qui devra se dépasser, Bagou le fils de prolétaire enclin aux bêtises, Choco le petit gros rigolo et Data l'Asiatique bricoleur. Le spectacle vire même au cartoon le temps de quelques séquences comme l'improbable scène des vestiaires des golfeurs ou encore via les gadgets délirants de Data. Reste le cas Sinok, le frangin Fratelli difforme dont le look est également très cartoon mais qui est aussi une belle preuve de la folie des 80's : j'ai en effet du mal à imaginer un personnage similaire dans un film pour gosses actuel.

Même si Les Goonies demeure le plus emblématique, d'autres films mettant en scène des bandes de copains sortiront dans la foulée. Parmi les plus connus, on peut citer Explorers (dans le registre SF), Stand By Me (dans le registre dramatique), Le secret du lac (à la sauce thriller/attaque animale) ou encore Monster Quad (à la sauce fantastique).