The Psychedelic Furs "Midnight To Midnight" (1987)

En trifouillant dans mes disques, je suis retombé sur Midnight To Midnight, le cinquième album des Psychedelic Furs. Un disque acheté il y a un baille un peu au hasard car je ne connaissais du groupe anglais que ses excellents hits Heartbeat et Heaven (qui figurent sur l'album précédent). La galette ne m'avait pas emballé du tout à l'époque et, après lui avoir laissé une nouvelle chance, je maintiens : ce disque est d'une platitude mortelle malgré la présence de Chris Kimsey à la production (qui avait entre autres travaillé avec Killing Joke pour Night Time).

L'explication de la débandade, on peut la trouver sur Wikipedia. Issu du tsunami post-punk à la fin des 70's, le groupe des frangins Butler avait, au fil des albums, réussi à se faire un nom des deux cotés de l'Atlantique avec son rock teinté de pop (même s'ils ont été honteusement boudés par les radios FM en France). Une de leurs chansons de 1981, Pretty In Pink, a suffisamment marqué les esprits pour inspirer le réalisateur-scénariste John Hughes qui écrira le script de Rose bonbon (le titre français de Pretty In Pink), teen movie qui cassera la baraque au box office américain en 1986 (pas vu et sa bande-annonce ne me donne vraiment pas envie...). Une certaine vision de la consécration. La chanson est spécialement ré-enregistrée pour l'occasion (dans un style allourdi par un saxo envahissant) et la maison de disque pousse le groupe en studios pour sortir un opus destiné au public américain.

C'est pourtant mathématique : huit fois sur dix, un groupe britannique formatant sa musique pour le marché US baisse grandement en qualité (le cas Simple Minds a fait jurisprudence). De toute façon, le chanteur Richard Butler l'admettra lui-même : Midnight To Midnight est râté, insipide. Sur les dix plages, seules trois se détachent du lot. Tout le reste sent bon le rock FM US générique sans qu'il y ait ce petit "truc" qui te fait retenir le morceau. Les trois titres qui évitent à la galette le statut de fiasco intégral sont Heartbreak Beat en ouverture qui a fait office de single vraiment efficace (le refrain est cool), Pretty In Pink placé tout à la fin qui reste une bonne chanson malgré sa nouvelle production dégoulinante et, surtout, All Of The Law, pièce de rock absolument géniale qui contient plus de bonnes idées à elle toute seule que les six plages précédentes ! J'adore la dualité entre la guitare puissante du couplet et le synthé un poil mélancolique du refrain (qui me donne des frissons), le tout sur une batterie percutante.