S.O.S. Fantômes (1984)

A l'occasion de la sortie cette semaine de S.O.S. Fantômes : L'héritage, la chaine Paris Première a eu la bonne idée de rediffuser les deux opus originaux sortis dans les 80's. Et j'ai beau les connaitre par cœur, j'ai encore passé un bon moment en compagnie de notre quatre sympathiques loustics Peter Venkman, Ray Stanz, Egon Spengler et Winston Zeddemore.

Faut-il vraiment résumer l'histoire du cultissime premier film sorti en 1984 ? Virés de leur université, trois chercheurs en parapsychologie décident d'ouvrir une société d'investigation paranormale. L'ennui guète lorsque des apparitions ectoplasmiques se multiplient soudainement. Ils découvrent que l'origine de ce phénomène se situe sur le toit d'un immeuble de Central Park juste au-dessus de l'appartement de Dana Barrett. Il s'y est en effet ouvert un portail dimensionnel laissant entrer Gozer, un dieu sumérien malveillant.

Franchement, c'est le genre de film pour lequel j'ai le plus grand mal à écrire une chronique. S.O.S. Fantômes est tellement culte et connu que je ne sais pas quoi dire que chacun ne sache déjà. Bref, ce film est pour moi un des mètres-étalons de la comédie fantastique. Et le premier truc qui frappe, c'est qu'on sent une véritable alchimie devant la caméra. La raison est simple : les trois acteurs principaux ne font pas semblant d'être potes, ils sont vraiment potes dans la vie et ils sont également potes avec Ivan Reitman, le réalisateur. Cette petite bande se connaissait bien avant le tournage puisqu'ils fréquentaient tous le petite monde de la comédie américaine encore en pleine ébullition via les magazine satiriques Mad et National Lampoon, et aussi la mythique émission télé Saturday Night Live. Spécialiste du genre, Ivan Reitman avait déjà tourné avec Bill Murray et connaissait bien Harold Ramis et Dan Aykroyd. Ce sont d'ailleurs ces deux derniers qui ont écrit le script et c'est vraiment un coup de génie : la façon dont est abordé ici le film de fantômes est carrément inédite. Honnêtement, êtes-vous capables de citer un film antérieur qui abordé le genre de cette manière ?

Le scénario est un modèle d'écriture. L'alchimie est juste parfaite entre le fantastique et la comédie. C'est drôle sans être lourd et il y a de purs moments de fantastique (notamment tout ce qui entoure Dana Barrett). L'alternance entre les deux est millimétrée et à ceci s'ajoutent des répliques qui font mouche A CHAQUE FOIS (il faut dire que l'adaptation française est excellente). Les personnages sont également super bien écrits avec chacun sa personnalité et ils sont tous complémentaires (évidemment mention spéciale au personnage de Bill Murray qui irrésistible). Les mecs ont vraiment été inspirés parce que tout est pensé : le logo du film qui est entré dans l'histoire (n'ayons pas peur des mots), le véhicule reconnaissable entre mille, les accessoires (les fameux packs à proton qu'on rêvait tous d'avoir quand on était gosse) et même la chanson pop est devenue un classique. OK, c'est du cinéma de divertissement mais on sent que ce n'est pas un projet industriel pensé par des bureaucrates hollywoodiens. C'est une aventures humaines montée par des grands gamins talentueux et le résultat final est une pure réussite.

Impossible de conclure sans évoquer l'abondance de scènes marquantes dans ce film. Le spectacle transpire les années 80 de tous ses pores et c'est aussi une des caractéristiques du cinéma de cette décennie : être capable de proposer des séquences "fortes" (que le film soit bon ou mauvais d'ailleurs). En tous cas, S.O.S. Fantômes en est truffé : l'intro avec la liseuse dans la bibliothèque est géniale, la chasse au fantôme glouton dans l'hôtel est hilarante et que dire de ce pastiche de kaiju eiga en guise de final avec la créature la plus improbable : un marshmallow géant en forme de petit marin ! C'est ultra-fun et l'ensemble est d'autant plus agréable que l'état d'esprit est sain, sans prétention ni hypocrisie (l'aspect cartoonesque des créatures est marrant et leur aspect tout en latex et en animatronique a un charme de fou). Ça tranche avec pas mal de films actuels qui ne peuvent pas s'empêcher de brosser leurs publics dans le sens du poil en lui faisant des coups de coude ou en multipliant les références inutiles pour se la jouer "geek" et/ou branché.

S.O.S. Fantômes fût un tel carton que son imagerie est entrée dans la culture populaire. Son succès auprès du jeune public a entrainé la production d'une série animée entre 1986 et 1992 ! Étonnamment, il a fallu cinq ans pour que nos casseurs de fantômes reviennent sur grand écran avec S.O.S. Fantômes II. Celui-ci fera l'objet du prochain article.