Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
VHS-1980
Publicité
VHS-1980
Derniers commentaires
19 décembre 2021

Nikopol #1-2 (1980-86)

Même sans avoir lu aucun de ses albums de BD, celles et ceux qui fréquentent assidûment les bouquineries ou les médiathèques connaissent forcément l'auteur Enki Bilal, ou tout du moins son univers visuel marquant immédiatement la rétine. Pourtant amateur de bandes-dessinées et fan de science-fiction, je n'avais étrangement jamais dépassé le stade du feuilletage de son œuvre jusqu'à ce que je découvre Immortel (ad vitam), son troisième et dernier long métrage en date inspiré de son fameux triptyque dessiné, La foire aux immortels / La femme piège / Froid Équateur, communément appelé "trilogie Nikopol". Le film a ses défauts (les effets spéciaux sont loupés) mais son ambiance et ses idées folles m'ont fasciné et donné envie d'enfin découvrir la version originale papier.

Nikopol, c'est le nom du personnage commun aux trois albums publiés entre 1980 et 1992. Alcide de son prénom est un prisonnier libéré par accident d'une cryogénisation de trente ans. Il n'aura pas l'occasion de profiter de sa liberté retrouvée dans les rues poisseuses du Paris de 2023 car, au même moment, les antiques dieux égyptiens se tirent la bourre dans leur pyramide volante juste au-dessus et le dissident dieu Horus choisit son corps pour s'y incarner ! En bref, un concept complétement fou mélangeant futur dystopique et mythologie antique, l'occasion pour l'auteur de laisser exploser sa créativité au crayon avec une patte graphique unique et une créativité folle dans la description de ce futur cauchemardesque.

 

NikopolOriginale

 

#1 : La foire aux immortels (1980) : Dans ce premier tome, Alcide Nikopol est au centre du récit. Possédé par Horus, il évolue dans un Paris futuriste totalitaire, quasi-apocalyptique, où règne la lutte pour le pouvoir. Enki Bilal partage une vision du futur sombre, crasseuse et violente. La BD est un plaisir à parcourir rien que pour sa description pleine de détails de cette société dictatoriale. La narration est rythmée par des coupures de journaux renforçant le coté immersif. C'est une vision de la science-fiction désenchantée dans le prolongement des 70's où ni la technologie, ni l'arrivée sur Terre de races extra-terrestres n'ont rêglé les problèmes historiques de l'humanité. Le fait d'inclure à l'intrigue cette histoire de dieux égyptiens stationnés au-dessus de la capitale en fait un album vraiment marquant.

#2 : La femme piège (1986) : Six ans après La foire aux immortels, l'auteur a décidé d'en étendre la mythologie. Si Nikopol est toujours de la partie, le personnage principal est ici Jill Bioskop, journaliste au look immédiatement reconnaissable avec sa peau blafarde et ses cheveux et lèvres bleus. Son parcours ne sera l'occasion que de faire des rencontres toutes plus intriguantes les unes que les autres et de traverser une Europe en plein écroulement politique et social. Formellement, Enki Bilal se lache et expérimente à fond en adoptant une narration cinématographique et en multipliant les grandes cases de toute beauté construites comme de véritables plans filmiques (il passera à la réalisation trois ans plus tard avec Bunker Palace Hôtel que j'adorerais découvrir). L'histoire est finalement assez secondaire, c'est surtout une BD d'ambiance façon bad trip incroyablement belle avec son dessin magnifique, ses décors superbes et la puissance érotique de son héroïne. Cet album est considéré comme un classique des 80's et c'est amplement mérité. C'est une claque qui se lit et se relit.

En 1992, Enki Bilal exploitera une dernière fois cet univers avec l'album Froid Equateur dans lequel le fils de Nikopol part à la recherche de son père et de Jill, le tout sur fond de film non terminé et avec les dieux égyptiens qui sont toujours de la partie. Un bel album où il est question d'amour et qui conclut idéalement le cycle (c'était pas évident de passer derrière La femme piège). A lire rien que pour la mélancolie qui se dégage de chaque page.

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité