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VHS-1980
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30 janvier 2022

Valérian, agent spatio-temporel #9-13 (1980-88)

Suite au décès la semaine dernière du dessinateur Jean-Claude Mézières, voici un petit article sur Valérian, agent spatio-temporel (retitré ensuite Valérian et Laureline), sa série de BD culte qu'il a créée et menée en duo avec le scénariste Pierre Christin depuis la fin des 60's.

Pourtant glouton de BD franco-belges dans ma jeunesse grâce à une bibliothèque municipale exceptionnellement fournie en la matière, j'étais carrément passé à coté de ce personnage. Le long métrage Valérian et la cité des mille planètes sorti en 2017 aura eu au moins un mérite : celui de motiver Dargaud à rééditer l'intégrale de la série, ce qui m'a permis de corriger mon retard honteux. Au final, ce fut une énorme surprise tant cet univers science-fictionnel n'a pas pris une ride. L'explication : un soucis constant de créativité au film des albums, tant scénaristiquement que graphiquement ou narrativement. Certes, le trait de Mézières est infiniment moins fin et perfectionniste qu'un Roger Leloup par exemple (Yoko Tsuno). Mais, contrairement à ce dernier qui est resté attaché à un académisme carrément bridant, les auteurs de Valérian ne semblaient avoir aucune limite, ce qui fait que chaque album s'avère surprenant. Ainsi, au fil des huit premiers albums impeccables sortis entre 1970 et 1978, ils mettront en image un formidable New York post-apocalyptique (La cité des eaux mouvantes, rencontre avant l'heure entre New York 1997 et Capitaine Sky et le monde de demain), revisiteront les codes du peplum et du film de pirates (Le pays sans étoile), flirteront avec le genre fantastique (Les oiseaux du maîtres), mélangeront avec génie clonage et voyage temporel (Sur les terres truquées) ou s'essaieront carrément au style comic book (Les héros de l'équinoxe) !

 

Valérian

 

La cité des eaux mouvantes, le tout premier album, avait déjà établi les bases d'une mythologie fascinante : la Terre a été victime en 1986 d'une catastrophe nucléaire. L'explosion d'un dépôt de bombes à hydrogène a provoqué la disparition de la civilisation terrienne. Ce fût le début de l'Age noir, qui durera jusqu'au XXIVe siècle et d'où émergea la mégalopole Galaxity et les machines à voyager dans le temps. C'est dans les 80's que les auteurs exploiteront plus en profondeur ce background via deux double-albums publiés entre 1980 et 1985, l'occasion de plonger leurs héros dans un environnement contemporain aux lecteurs de l'époque et un bel exercice de style réaliste pour le dessinateur.

#9 : Métro Châtelet Direction Cassiopée (1980) / #10 : Brooklyn Station Terminus Cosmos (1981) : Valérian est envoyé dans la France des années 80 suite à l'apparition de monstres. De son coté, Laureline va de planète en planète à la recherche d'indices. Qui est à l'origine de ces apparitions ? Pourquoi les membres des mêmes multinationales sont à chaque fois présents lors de ces événements surnaturels ? Un postulat indéniablement accrocheur et une belle façon pour les auteurs de s'essayer à un ton plus réaliste via cette enquête qui emmènera le héros de Paris à New York. J'aime bien le background des 80's et la narration est maitrisée avec un découpage très cinématographique et une alternance fluide entre les séquences terrestres et spatiales via les liens télépathiques qu'entretiennent Valérian et Laureline. Bref, les deux albums se lisent d'une traite même si j'ai été déçu par la conclusion trop légère à mon goût.

#11 : Les spectres d'Inverloch (1984) / #12 : Les foudres d'Hypsis (1985) : Parce que Galaxity commence à disparaitre avec tout le futur, Valérian comprend que quelque chose a modifié le passé. En 1986, à l'aube de la supposée catastrophe nucléaire devant entrainer la création de Galaxity, il embarque avec Laureline, les shingouz et toute une petite bande à destination du cercle polaire. Son enquête aboutira à un choix crucial pour un agent spatio-temporel : sauver le présent ou le futur ? Un diptyque ambitieux où on sent toujours l'influence cinématographique au niveau du rythme. Le premier album dresse le décor et fait arriver les différents protagonistes de toutes parts tandis que le second narre l'enquête sur Terre (avec une séquence polaire pleine de suspense) puis dans l'espace. Dommage que la conclusion ne soit pas du tout à la hauteur (perso, je la trouve carrément ridicule car invraisemblable et pas subtile), ce qui gâche un double-album très efficace jusque-là.

#13 : Sur les frontières (1988) : Un ancien agent spatio-temporel ayant échappé à l'effacement de Galaxity tente de provoquer une catastrophe nucléaire pour la faire réapparaitre dans le futur... Ambiance James Bond pour ce dernier album des 80's. L'intrigue haletante nous embarque du cercle arctique à Hong Kong en passant par le désert libyen avec en prime l'indispensable scène de casino. La narration est une fois de plus très cinématographique avec une ouverture superbe. Mon album préféré de la décennie.

Valérian et Laureline vivront encore une dizaine d'aventures (je n'ai lu que les quinze premiers albums). De plus, les années 90 permettront à Jean-Claude Mézières de vivre encore plus profondément son amour pour le cinéma quand Luc Besson le contactera pour participer à l'univers visuel du film Le cinquième élément (c'est lui qui est à l'origine des taxis volants déjà présents dans l'album Les cercles du pouvoir).

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