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VHS-1980
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24 mars 2022

Hurlements (1981)

Franchement, vous connaissez beaucoup d'affiches de film aussi puissantes et évocatrices ? Elle est juste géniale, elle te saute au visage. La bête qui s'arrache de son carcan, qui sort de l'affiche avec ce  titre aussi prometteur que mystérieux : The Howling (Hurlements en VF). La réussite parfaite : à la fois support commercial à l'impact immédiat (quel amateur de fantastique ne serait pas frappé par l'image ?) et réel objet artistique dont la symbolique résume parfaitement le propos du classique de Joe Dante.

 

Hurlements - Affiche

 

L'histoire : à Los Angeles, la journaliste Karen White enquête sur un tueur en série qui se fait appeler Eddie. Sa rencontre avec le psychopathe dans un sex shop la traumatise au point qu'elle désire faire une cure dans la "colonie", un endroit reculé et serein dirigé par le docteur Waggner. Là, Karen se rend compte que la nuit est agitée dans la forêt entourant la colonie et qu'un lourd secret entoure les patients du docteur...

Joe Dante a toujours fait partie de mes réalisateurs préférés. Pour son talent évidemment, mais aussi parce que deux de ses films ont directement contribué à ma passion pour les films de monstres. D'abord, il y a eu Gremlins que mon oncle avait enregistré sur Canal+ et qui m'a scotché tout jeune : ce film résumait déjà toute la folie que je recherche dans le cinéma (j'ai encore un souvenir précis de ce premier visionnage qui remonte à plus de trente ans). L'autre méga-coup de cœur, ça a été Piranhas découvert sur le tard via les mythiques Jeudis de l'angoisse sur M6. Pareil, il y avait cette folie, cette douce irrévérence qu'on ne trouvait déjà plus dans les blockbusters des années 90. C'est ce que j'adore dans le style de Joe Dante : cette esprit de liberté sans l'air d'y toucher. Jamais vulgaire ou racoleur, ni provocateur gratuitement, mais avec toujours ce truc en plus dans la forme ou dans le fond qui le sort des standards du cinéma commercial (malgré quelques budget relativement importants à son actif).

 

Hurlements - Capture 1

 

Successeur de Piranhas et adapté d'un roman, Hurlements est un titre surprenant dans la filmographie du réalisateur américain puisqu'il est de loin le plus sulfureux, celui où le sexe est évoqué aussi directement (et ce n'est pas le genre du bonhomme). Un angle d'approche qui évite ainsi la redite avec deux autres fleurons du genre sortis la même année : Le loup-garou de Londres et Wolfen (tous deux également indispensables). Le script malin mélange classicisme (les balles en argent, l'ambiance nocturne) avec la modernité (le milieu urbain, la présence constante des écrans, le concept de serial killer). Dès le générique de début avec l'écran de télévision qui se brise violemment à la face du téléspectateur, on sait qu'on va assister à un spectacle unique et la suite ne démentira jamais cette impression. La première bobine distille une ambiance particulièrement poisseuse avec ces authentiques bas fonds truffés de sex shops, prostituées et autres cinémas pornos (la belle photographie typiquement granuleuse de l'époque en rajoute une couche). L'ambiance générale renvoie alors clairement au thriller bien glauque (d'autant que Robert Picardo excelle dans le rôle du tueur). L'enquête délocalisée en dehors de la ville sera ensuite l'occasion d'imaginer une organisation sociale de la lycanthropie avec ses dissensions politiques (à savoir qui doit s'adapter à qui, jusqu'où doit-on brider ses pulsions). Le sage Patrick McNee aura à lutter pour faire entendre sa voix car  les pulsions de toutes natures sont bien difficiles à canaliser pour certains.

Si ce film a autant marqué les esprits, c'est aussi pour ses créatures géniales. Initialement engagé, le spécialiste Rick Baker s'est moralement senti obligé de retrouver John Landis sur Le loup-garou de Londres, les deux hommes s'étant promis des années auparavant de travailler sur ce projet. C'est donc son disciple surdoué Rob Bottin qui a pris la relève et s'est attelé à créer ces loups garous bipèdes absolument impressionnants. Grands, puissants, ils en jettent carrément et renvoient tout ce qui avait été fait jusque là au rayon "vintage" (comparez avec Le loup-garou de Washington de 1973 pour rire !). Et il y a évidemment la fameuse scène de transformation qui est toujours aussi bluffante quarante ans après. Elle est à la fois fascinante et purement cauchemardesque, sorte de strip-tease horrifique où le tueur Eddie dévoile qui il est vraiment sous un superbe éclairage crépusculaire. De toute façon, toutes les séquences mettant en scène les loups garous sont incroyables : l'agression de Belinda Balaski rappelle par instants le slasher, le passage de la grange est terrible et l'assaut de la voiture par les loups est d'une efficacité redoutable. Du pur cinéma fantastique avec cette référence constante au rapport à la réalité devant/derrière l'écran, en apparence ou dans le fin fond de sa personnalité. Tout ça en sous-texte, consciemment ou pas, ce qui n'empêchera pas Joe Dante de distiller ses habituels clins d’œil au fil du récit et de clôturer son film sur un plan final d'une ironie irrésistible. Franchement, c'est le genre de film dont on découvre de nouvelles qualités à chaque visionnage.

 

Hurlements - Capture 2

 

L'air de rien, Hurlements connaitra pas moins de sept suites produites entre 1985 et 2011 ! On en retrouve certaines en DVD dans les bacs à 1€ des cash mais je n'ai jamais osé m'y attaquer, la critique étant assez unanime pour dire qu'aucune n'arrive à la cheville du film original. A noter quand même, comble du grotesque, que la dernière suite en date est sortie chez nous sous le titre "français" Full Moon Renaissance alors que le titre original renvoie bien à la franchise The Howling !

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Commentaires
R
Le loup-garou de washington! J'en ris tout seul devant mon écran, me remémorant les vains efforts de dean stockwell lors des transformations...sans conteste, une excellente comédie! :)
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T
Avec "Le loup-garou de Londres", un film qui m'a marqué étant gamin... Surtout avec sa scène finale!
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