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VHS-1980
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22 juin 2022

Ténèbres (1982)

Si vous voulez mettre la main sur le hors-série Mad Movies consacré au "Master of Horror" Dario Argento (en attendant celui consacré à David Cronenberg qui arrive bientôt), il n'est pas encore trop tard, il est toujours en kiosques. Je vous propose pour ma part ce petit article sur Ténèbres, le huitième long métrage du réalisateur italien sorti en 1982.

 

Ténèbres - Affiche

 

L'histoire : Peter Neal, un romancier américain à succès spécialisé dans le thriller, se rend à Rome pour faire la promotion de son dernier best-seller intitulé "Ténèbres". Dès son arrivée, des personnes l'ayant côtoyé meurent assassinées les unes après les autres dans la capitale italienne selon un schéma identique à celui du roman. La police demande alors à l'auteur de les aider à identifier le tueur en série.

Je me rappelle encore la première fois que j'ai découvert le cinéma de Dario Argento, c'était en 2007 suite à une étrange programmation de la chaine M6 qui avait diffusé un jour en deuxième partie de soirée L'oiseau au plumage de cristal ! Ce n'était pas ma première fois avec le genre giallo puisque j'avais déjà vu L'île de l'épouvante de Mario Bava mais, au contraire de ce dernier qui a une approche plutôt décontractée, voire ironique (ce qui ne m'empêche pas de l'adorer), le film de Dario Argento établissait déjà les codes purs et durs du genre, à savoir cette proéminence de l'ambiance sur l'intrigue, cette facette psychologique prépondérante et ce brouillard plus ou moins épais entre ce qui relève de la sensation et ce qui relève de la réalité, ce qui crée une ambiance tutoyant parfois le fantastique (d'autant qu'il y a souvent des séquences empreintes de folie). Dans tous les cas, L'oiseau au plumage de cristal fut un choc pour moi, je n'avais jamais vu un thriller comme ça avant, avec cette façon de traiter le thème de la mémoire. Suite à ce succès critique et commercial, Dario Argento s'est spécialisé dans ce genre en signant pas moins de trois autres classiques jusque 1975 et le monstrueux Les frissons de l'angoisse qui préfigurera la direction purement fantastique de ses deux prochains films et dont la violence graphique assez poussée inspirera le cinéma américain qui répondra par le slasher. Bref, après une parenthèse fantastique via Suspiria et Inferno (pas vus), Dario Argento décida avec Ténèbres de revenir au giallo avec encore des idées carrément dingues à y intégrer.

 

Ténèbres - Capture 1

 

Car oui, une fois de plus, ce genre de film n'est qu'un prétexte pour laisser court à sa créativité. Le début du métrage est pourtant trompeur, car très académique et volontairement moins stylisé d'un point de vue de l'éclairage, ce qui le rapprocherait à première vue du cinéma américain (contrairement à ce que laisse entendre son titre, une bonne partie du film se passe de jour). Évidemment, cette impression se dissipera vite dès les premières exactions du tueur, l'occasion pour le réalisateur d'exploiter sa maîtrise de la vue subjective et son goût des plans originaux. L'intrigue, tournant autour d'un auteur de littérature quasi-horrifique, offre d'ailleurs une mise en abime amusante quand un critique littéraire reproche à l'écrivain (sorte d'alter-ego d'Argento) sa fascination pour le morbide ! Architectures insolites, mémoires torturées, faux semblants, armes blanches, fétichisme et érotisme, tout y est pour un giallo parfaitement maitrisé qui bénéficie en plus d'une bande-son rock progressive géniale des ex-Goblin que le réalisateur utilise avec générosité en n'hésitant pas à pousser le volume. On n'est pas dans le pur cinéma clipesque, mais ça fait partie de l'esprit des 80's, la musique tonitruante se complétant parfaitement avec le montage acéré lors des moments de tension.

 

Ténèbres - Capture 2

 

Si sa révélation finale n'est pas aussi bluffante que celles des autres giallos de l'auteur (celle des Frissons de l'angoisse me donne encore des... frissons !), Ténèbres reste gravé dans la mémoire des spectateurs pour ses coups de folie. Trois m'ont carrément scotché : ce plan séquence mythique où la caméra, dans une fluidité parfaite, fait le tour de la villa, observe par toutes les fenêtres et même s'y introduit. Tout ça sans coupe, sans techniques numériques, à l'ancienne à la grue, mais qu'est-ce que c'est efficace avec la musique derrière. Ensuite, il y a la scène de la fille poursuivie en pleine nuit par un chien agressif : personne dans les rues, un animal qu'absolument rien n'arrête, on est à deux doigts de tomber dans le genre fantastique ici (d'autant qu'une réplique fait explicitement référence au Chien des Baskerville). Enfin, ce qui a occasionné quelques soucis de distribution au film à sa sortie : son grand final GORISSIME (presque grand guignolesque) et qui arrive sans prévenir pour encore plus d'impact. A ce moment-là, le thriller se termine en film d'horreur pour un public vraiment averti !

Peut-être un poil moins définitif que les précédentes réalisations de l'auteur, Ténèbres reste tout de même un film bien costaud, ce qui est notable pour un genre cinématographique qui a été rincé durant toute la décennie précédente. Et Dario Argento en a encore sous la pédale, la preuve avec son œuvre suivante, Phenomena en 1985, qui est aussi une dinguerie sans nom.

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Commentaires
T
Un bon film, mais je lui préfère Suspiria ou Inferno pour ma part.
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