Les 7 successeurs du super maître de Shaolin (1980)

L'histoire : Le super maître de Shaolin fait appel à six de ses anciens disciples, tous atteints d'un handicap, pour leur confier une mission : porter un décret impérial de l'autre côté de la frontière infestée de brigands qui sont sous l'ordre du machiavélique Général Lo.

Non, vous ne rêvez pas, il n'y a pas que les héros de ce film qui sont atteints d'un handicap mais le distributeur français également puisqu'il ne savait pas compter ! Le titre annonce sept successeurs mais en fait ils ne sont que six ! Ceci dit, cette bourde semble presque anecdotique après la vision de cette production taïwanaise au concept improbable. Le cinéma d'action asiatique avait déjà mis en scène des héros mythiques du genre sabreur manchot ou combattant aveugle ? Cette pure série B, quant à elle, propose non pas un, non pas deux, non pas trois, mais bien six guerriers diminués physiquement d'un coup : un bossu, un manchot, un boiteux, un aveugle, un galeux et une muette ! Il y en a pour tous les goûts même si le seul membre (si je puis dire) réellement handicapé du casting est le manchot ! Pour l'anecdote , il s'agit de l'unique réalisation d'un certain Chien Chin, acteur martial ayant essentiellement œuvré dans les années 70 dans des productions de kung-fu industrielles, dont certaines ont eu les honneurs d'être distribuées en salles chez nous sous des titres rigolos tels que Le Superman du karaté, Inspecteur karaté ou encore Quand les jaunes voient rouge !

Alors, que vaut ce film ? Si c'est loin d'être un chef d’œuvre, ça reste une divertissement honnête pour peu que l'on débranche son cerveau car professionnellement filmé et avec des artistes martiaux indéniablement compétents (mention spécial à la muette qui enchaine les saltos sans doublure avec une facilité bluffante). Comme dans beaucoup de séries B, le timbre-poste scénaristique ne sert que de prétexte à aligner les scènes d'action mais disons que les caractéristiques physiques des différents protagonistes apportent un peu d'originalité (ils ont chacun leur technique) et le spectacle a le bon goût de rester relativement court (80 minutes montre en main). On peut aussi noter une volonté d'éviter la redondance comme avec cette séquence d'action sur des barques ou l'irruption de ce guerrier géant, sorte de cousin asiatique de Goliath. Et signe de son époque, la comédie a également sa place avec un humour pas très finaud mais qui ne casse pas non plus l'esprit de cette drôle d'histoire.

Après, ça reste scénaristiquement ultra-bancale. Certains raccourcis narratifs sont très abrupts, des personnages passent d'un lieu à l'autre de façon peu naturelle. Le montage original était-il plus long ? Y a-t-il eu des coupes à son arrivée en Occident ? Ou bien le doublage français a-t-il pris d'énormes libertés au point de dénaturer l'histoire ? Toujours est-il que plusieurs passages sont à la limite du compréhensible et même la sous-intrigue à propos de traitrise chez nos héros se conclut de manière... nébuleuse ! Dommage, mais merci quand même à l'éditeur Bach Films (chéri de ce blog) de nous avoir ressorti dans sa collection Freaksploitation ce titre de derrière les fagots avec six autres productions complétement folles à base de James Bond miniature, justicier cul-de-jatte, cow-boys nains et autres sœurs siamoises...

Allez, pour le plaisir, voici la liste des titres de la collection DVD Freaksploitation :

LES 7 SUCCESSEURS DU SUPER MAITRE DE SHAOLIN - Chien Chin (1980)
L'AMOUR PARMI LES MONSTRES - Harry L. Fraser (1952)
EEGAH - Arch Hall Sr. (1962)
L'INFERNALE POURSUITE - Ricou Browning (1978)
L'INVINCIBLE KID DU KUNG FU - Eddie Nicart (1982)
LES MONSTRES DU KUNG-FU - Chi Lo (1979)
TERREUR A TINY TOWN - Sam Newfield (1938)