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VHS-1980
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VHS-1980
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1 décembre 2022

Brother (1984)

Brother - Affiche

 

L'histoire : fuyant l'esclavage sur sa planète, un extra-terrestre s'écrase avec sa navette à proximité de New York. Avec ses traits afro-américains, il se fond dans la population de Harlem afin d'échapper à ses poursuivants. Muet, il finit quand même par se faire remarquer pour ses talents de guérisseur et de réparateur d'appareils électroniques.

Oubliée en France, cette modeste production américaine jouit apparemment d'un statut de semi-classique dans son pays. C'est marrant, je me souviens en avoir entendu parler pour la première fois grâce au "Fantasticguide" de Jean-Pierre Putters, la fameuse rubrique du magazine Mad Movies qui chroniquait mois après mois avec un soin encyclopédique tous les films de genre par ordre alphabétique. Derrière l'écriture, la production, la réalisation et le montage, on retrouve un nom familier des fantasticophiles : John Sayles, crédité en tant que scénariste sur les très funs Piranhas, Les mercenaires de l'espace, L'incroyable alligator et Hurlements, rien que ça ! Il a démarré en parallèle une carrière de metteur en scène dès 1980 mais, hormis des clips vidéo pour Bruce Springsteen, Brother semble être sa réalisation la plus connue.

 

Brother - Capture 1

 

Anti-spectaculaire au possible (elle n'en avait pas les moyens de toute façon), l'histoire semble surtout être un prétexte pour faire un état des lieux des ghettos noirs urbains des 80's via les yeux du protagoniste principal. Débarqué sauvagement tel un immigré clandestin, il constatera les rues délabrées, la misère, les inégalités raciales et les ravages de la drogue. Un constat sans fard mais pas larmoyant. D'ailleurs, le film n'est pas dénué d'humour, même si pince sans rire (voir le passage improbable où il sort son œil pour l'utiliser comme une caméra cachée !). En terme de tonalité, on est plus proche du cinéma indépendant, ce qui lui donne un intérêt presque historique. Le tournage a eu lieu en décors naturels et témoigne de l'esprit de cette époque, de sa population, de son architecture, de ses modes vestimentaires, et même de ses bornes d'arcade ! J'ai aussi bien apprécié la prestation de Joe Morton, le comédien principal, qui réussit à exprimer ce subtil mélange de naïveté et d'apitoiement sans jamais prononcer un seul mot de tout le métrage !

 

Brother - Capture 2

 

Ceci dit, malgré sa sincérité indiscutable, Brother a aussi ses faiblesses. Sans doute guidée par ses limites budgétaires (les effets spéciaux minimalistes faisant foi), l'histoire donne des signes d'improvisation assez flagrants, notamment en ce qui concerne toute la partie avec les traqueurs, ancêtres des men in black. Comme la sous-intrigue concernant le trafic de drogue, la chasse au fugitif extra-terrestre est quand même bien bancale. De manière générale, tout le coté SF semble anecdotique à coté du contenu social relevant plus de la comédie dramatique. A celà s'ajoute un rythme très nonchalant qui ne plaira pas à tout le monde. Pourtant, il est sympathique ce film. Quelque part, on pourrait presque le catégoriser dans la blaxploitation. On a tendance à l'oublier mais la mot anglais "alien" veut dire "étranger" à la base, sans forcément avoir de connotation extra-terrestre. Ce concept prend tous ses sens dans ce film, ce qui n'empêche pas tous ceux qui croisent notre clandestin de l'appeler "brother".

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