/image%2F1368833%2F20240319%2Fob_0bb1f4_banniere-vhs-1980-2.png)
Le gagnant (1983)
Le pitch : cinq vauriens se lient d'amitié en prison. A leur sortie, ils décident de se ranger en montant une société de nettoyage. Ils sont alors embarqués malgré eux au milieu d'une guerre de gangs.
Un peu comme le western italien dix ans plus tôt, le cinéma d'action hong kongais a cherché un second souffle en injectant de la comédie dans son écriture. Les deux grosses figures qui entamèrent cette évolution dès la fin des 70's furent Jackie Chan et son ami d'enfance Sammo Hung. Un registre qui allait comme un gant au second, figure rondouillarde reconnaissable et spécialiste des arts martiaux, qui réalisera occasionnellement d'authentiques comédies, seulement saupoudrées de quelques scènes de baston contractuelles. C'est le cas pour Five Lucky Stars en 1983, génériquement re-titré chez nous Le gagnant. Avec un titre pareil, le distributeur français n'a pas pris le moindre risque commercial, quitte à tromper un peu sur la marchandise. Le spectateur non averti s'attendra à visionner un film d'action mettant en vedette Jackie Chan alors que celui-ci ne tient en fait qu'un rôle très secondaire, les véritables héros étant nos cinq gugusses, sortes d'ancêtres des Musclés à la sauce HK (Charlie Chin a même un air de Framboisier).
Sans prétention, le script tape dans la comédie populaire la plus pure, laissant à l'action la portion congrue. Sur un rythme relativement enlevé, nos cinq comédiens semblent bien s'amuser et leur bonne humeur est communicative. La vague intrigue à base fausse monnaie n'est qu'un prétexte pour les mettre en scène dans des situations loufoques et parfois même potaches. Les scènes fonctionnent comme des mini-sketches : les gaillards se chamaillent pour obtenir les faveurs d'une jolie fille, ils font croire à l'un d'entre eux qu'il est invisible... On peut noter la performance assez dantesque de Richard Ng qui a un vrai talent comique et dont on se demande pourquoi il n'est pas plus connu chez nous. Les passages avec Jackie Chan sont assez surprenants dans le sens où ils sont quasiment indépendants du reste du métrage ! Certes, il croise la route de notre cinq zigotos mais ses malheurs de flic raté n'ont aucune influence ou presque sur leurs mésaventures ! On devine aisément la nature commerciale de sa présence au générique.
Vous l'aurez compris, ce n'est pas un grand film mais il reste divertissant tout le long de ses 100 minutes. On dirait vraiment un délire de potes et de gosses. Les fans de Jackie Chan n'auront à se mettre sous la dent qu'une course-poursuite en patins à roulettes assez improbables qui se conclut par un carambolage à la limite du cartoonesque. Le reste à base de bouffonneries nous rappelle que, malgré certains décalages culturels, les ressorts comiques à base de quiproquos semblent être les mêmes tout autour de la planète.
La formule marchera tellement bien en Asie que Five Lucky Stars deviendra une véritable saga avec pas moins de six autres films produits jusque 1996 ! Apparemment, le casting évolue plus ou moins selon les opus mais la formule à base de bande de potes et de comédie d'action reste la même. Ce qui nous amène à une autre initiative "inspirée" des distributeurs français : les opus 2-3-4 sont sortis chez nous sous les titres Le flic de Hong Kong 1-2-3 !