Le cerveau d'acier (1970)
55 ans au compteur et jamais autant d'actualité, voici Le cerveau d'acier...
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Dans ce film, le Docteur Charles Forbin a mis au point un superordinateur entièrement autonome baptisé Colossus qui est chargé de contrôler l'arsenal nucléaire des États-Unis, afin d'éviter toute erreur humaine. Peu de de temps après sa mise en service, Colossus détecte l'existence d'un autre superordinateur nommé Guardian qui a été développé en parallèle par les Soviétiques dans le même but. Les deux installations informatiques entrent en contact et c'est là que les ennuis commencent...
La semaine dernière, je vous parlais de George Peppard et de son personnage Hannibal Smith qui lui a collé à la peau. Cette fois, c'est au tour d'Eric Braeden dont je ne peux voir le nom sans immédiatement penser à l'inénarrable Victor Newman du soap opera Les feux de l'amour, personnage culte qu'il campe depuis 1980 et 4340 épisode à ce jour ! On en oublie que l'acteur allemand (Hans Gudegast de son vrai nom) a débuté à la télé au début des années 60 avant de connaitre une courte période cinématographique avec des rôles marquants dans le western spectaculaire Les 100 fusils (1969) ou le sympathique Les évadés de la planète des singes (1971). C'est lui en tous cas qui tient le rôle principal dans Le cerveau d'acier et pour l'anecdote, c'est sa première prestation sous son pseudonyme "américain" (un conseil de son agent afin de lui éviter de ne jouer que des officiers allemands toute sa vie). A la réalisation, on retrouve Joseph Sargent issu également de la télé bien qu'il ait occasionnellement œuvré sur le grand écran pour le meilleur (avec notre film du jour ou Les pirates du métro qui fait partie de ma liste des films à voir) et parfois pour le pire (son dernier film pour le cinéma fut le tristement célèbre Les dents de la mer 4 : La revanche).
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Le pitch du film peut faire penser à un mix entre Point limite et 2001 - L'odyssée de l'espace mais il faut préciser que le scénario est en fait une adaptation du roman Colossus de l'écrivain britannique D. F. Jones publié en 1966. Ce qui me bluffe, c'est que tous les tenants et aboutissants de l'intelligence artificielle étaient déjà compris à l'époque. Le héros Charles Forbin est une sorte de Docteur Frankenstein qui voit rapidement sa créature lui échapper. Le superordinateur Colossus est d'abord vu comme une prouesse technologique en qui son créateur et le corps dirigeant vouent une confiance quasi-religieuse, persuadés d'y voir la solution à tous les problèmes de l'humanité car soit-disant neutre et exempt des défauts humains. Ce à quoi il n'avaient pas pensé, c'est que la machine verrait en eux-mêmes une des sources des troubles dans le monde... Le script envisage déjà les questions liées à l'autonomie laissée à l'intelligence artificielle dans ses prises de décision, notamment dans certains secteurs critiques (dont l'armée pour ne pas la citer...). Avec sa thématique, on pourrait considérer ce film comme la préquelle non officielle de Terminator.
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Malgré un budget minime de deux millions de dollars, Le cerveau d'acier ne fait jamais cheap et tient en haleine grâce à une réalisation soignée et une véritable soin dans l'écriture. Comme vous l'aurez compris, l'ensemble est narré sous la forme d'un thriller technologique où règne une étonnante tension psychologique entre le créateur de génie et sa créature informatique. Tout se joue dans quelques décors mais il y a un vrai soin dans les dialogues et dans le montage qui savent faire monter le suspense et rendre palpable une menace planétaire. Il y a aussi la magie du cinéma des années 70 qui n'avait pas son pareil dès qu'il s'agissait d'une anticipation sobre et réaliste dénuée d'artifice ou de bouffonnerie. Encore que la frontière entre science-fiction et réalité semble s'amenuiser au fil des mois qui passent tant l'intelligence artificielle se développe rapidement dans tous les interstices de la vie. On est tellement pris par l'intrigue qu'on ne voit pas les cent minutes passer et on ne peut être que frustré par une fin semi-ouverte mais très abrupte qui a au moins le mérite de laisser le spectateur chaud pour se triturer les méninges sur une ultime question philosophique : jusqu'à quel point serions-nous prêt à renoncer à nos libertés pour obtenir la paix mondiale ? Vous avez quatre heures.