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VHS-1980
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19 octobre 2022

Le droit de tuer (1980)

Droit de tuer - Affiche

 

L'histoire : John Eastland et Michael Jefferson sont deux vétérans de la guerre du Vietnam vivant à New York. A la suite d'une agression ultra-violente, Jefferson se retrouve à l'hôpital entre la vie et la mort. Eastland décide de venger son meilleur ami en traquant et supprimant les agresseurs. Dégoûté par l'injustice qui règne dans la Grosse Pomme, il continue ensuite son œuvre en éliminant tous les criminels qu'il croise sous le nom de "l'Exterminateur". Le flic James Dalton est chargé de l'appréhender.

Dans son numéro estival, le magazine Mad Movies a consacré un dossier aux films d'autodéfense, que les anglophones appellent "vigilante movies". Vous savez, ce genre cinématographique mettant en scène des individus, reprochant aux autorités d'être trop passives et/ou permissives, et qui décident de faire justice eux-mêmes ? Son âge d'or fût les années 1970, décennie désabusée où l'optimisme coloré de la décennie précédente laissait place à la noirceur urbaine et à la montée de la criminalité. Deux films en deviendront les mètres-étalons : L'inspecteur Harry en 1971 et Un justicier dans la ville deux ans plus tard, avec leurs lots de polémiques. Leurs cartons commerciaux respectifs entrainera forcément la production d'une palanquée d'ersatz plus ou moins subtils (souvent moins que plus d'ailleurs), dans la grande tradition du cinéma d'exploitation. L'auteur du dossier Mad Movies résume pourtant ce qui fait du vigilante un personnage complexe et ancré dans la culture US : "Les gens entendent vivre selon une morale libertaire, en particulier à l'Ouest. Mais ils portent aussi un puritanisme très fort, qui les pousse à entraver la liberté d'autrui. Toutes ces contradictions sont inscrites dans l'ADN américain, et le vigilante le montre mieux que n'importe quelle autre figure cinématographique".

 

Droit de tuer - Capture 1

 

Une complexité et des contradictions dont ne se saisit pas le réalisateur-scénariste James Glickenhaus qui, avec Le droit de tuer (aka The Exterminator en VO), signe un film d'autodéfense bas du front qui ne doit son statut semi-culte que pour ses outrances visuelles et scénaristiques. En effet, la psychologie du personnage principal est réduite au minimum, autant que ses lignes de texte (faut admettre que Robert Ginty n'est pas non plus un acteur shakespearien). L'ouverture pendant la guerre du Vietnam fait pourtant son petit effet avec des plans parfois impressionnants à base d'hélico et d'explosions mais ce trauma ne sert que de prétexte à filmer plus tard un quidam rendre une justice expéditive dans les bas fonds nocturnes et crasseux new yorkais peuplés de drogués et de prostituées. Bref, de la grosse série B d'exploitation pas honteuse techniquement, pas géniale non plus, mais qui a le mérite de ne pas ennuyer et qui marque surtout les esprits par ses moments improbables, entre une décapitation saisissante (signée du spécialiste des effets spéciaux Stan Winston), la présence d'un sénateur dans un réseau pédophile (!!!) ou encore un mafioso qui termine en steak haché ! A noter que l'incroyable affiche est trompeuse : à aucun moment, Eastland ne grille du méchant avec un casque de moto sur la tête (on le voit juste utiliser un lance-flamme pour intimider un mec).

Dans la même catégorie, ce film ne tient cependant pas la comparaison avec Vigilante, justice sans sommation par exemple qui est bien plus abouti sur tous les points. La faute à un script vraiment bancale parsemé d'invraisemblances et de raccourcis scénaristiques parfois surprenants, le pompon étant sans doute cette scène où Eastland parvient à enlever le chef mafieux dans des circonstances totalement invraisemblables ! De même avec cette séquence où il débranche l'assistance respiratoire de son ami par compassion ! Peut-être l'auteur voulait-il illustrer le sentiment de toute-puissance de son personnage, mais ça tombe comme un cheveu sur la soupe, ça ne fonctionne tout simplement pas ! On peut aussi s'interroger sur la place inutilement grande laissée à la vie sentimentale du flic et qui n'apporte rien à l'histoire, ou sur cette curieuse idée de complot de la CIA qui sera à peine survolée ! A ce point, on se demande si le film n'a pas été réécrit au fur et à mesure, d'où ce script laborieux.

 

Droit de tuer - Capture 2

 

Malgré tout ses défauts, Le droit de tuer connaitra une petite popularité. En tous cas suffisante pour que la mythique société de production Cannon ait la curieuse idée d'en racheter les droits pour produire en 1984 une suite intitulée Exterminator 2 toujours avec Robert Ginty (et qui vaut apparemment son pesant de cacahuètes nanardesquement parlant). James Glickenhaus de son coté dirigera une poignée d'autres séries B et en produira également jusqu'à la moitié des 90's (notamment Maniac Cop et des Frank Henenlotter). Il quittera ensuite le monde du ciné pour rejoindre son papounet dans la finance et créera sa propre écurie de voitures de course, la Scuderia Cameron Glickenhaus, qui a notamment fait des étincelles lors des dernières éditions des 24 heures du Mans !

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