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8 janvier 2024

Phantom Of The Paradise (1974)

Phantom Of The Paradise - Affiche

 

L'histoire : à la tête de son label Death Records, Swan est le producteur de rock numéro 1 et enchaîne les succès commerciaux. Lors d'une audition, il est séduit par les compositions de Winslow Leach mais ce dernier refuse de voir sa musique ré-arrangée ou massacrée par d'autres interprètes. Swan envoie donc son homme de main s'accaparer les partitions de Leach par la force en laissant ce dernier pour mort. Défiguré et les cordes vocales mutilées, Leach réapparait, prêt à se venger de Swan pendant l'inauguration de son nouveau nightclub branché : le Paradise.

Brian De Palma avait déjà quelques longs métrages à son actif avant Phantom Of The Paradise sorti en 1974. J'avoue que je ne connais pas vraiment sa filmographie, mes connaissances se limitant à ses titres les plus populaires : l'excellent Blow Out avec John Travolta, Les incorruptibles avec Kevin Costner (que je trouve un poil trop commercial), le premier Mission impossible (vu au ciné à l'époque) et Mission To Mars (vu il y a très longtemps). En cette première moitié des 70's, la musique rock est en plein bouillonnement artistique et commercial et notre film du jour est un fabuleux témoignage de ce phénomène culturel. Le paysage cinématographique n'est pas en reste avec un nouvelle vague de jeunes réalisateurs américains qui explosent en cette même période (les Scorcese, Coppola, Spielberg et autres...). La conjonction des deux arts donne Phantom Of The Paradise, comédie musicale unique où rock et fantastique s'entremêlent dans un déluge d'inventivité, citant Faust, Le portrait de Dorian Gray et Le fantôme de l'opéra. Côté casting, il faut noter que le producteur Swan est ironiquement joué par Paul Williams, l'auteur des chansons du film ! L'autre tête marquante, c'est bien sûr Gerrit Graham, expert en cabotinage déjà croisé sur ce blog via les chroniques de TerrorVision et C.H.U.D. 2, et qui s'en donne à cœur joie ici en tant que star excentrique du glam rock.

 

Phantom Of The Paradise - Capture 1

 

Brian De Palma signe ici une réalisation d'enfer (sans mauvais jeu de mots). La narration est ultra-dynamique, boostée à grands coups de split-screens millimétrés et de caméra à l'épaule qui vole littéralement. Le tout est évidemment monté à la perfection. Tout l'aspect visuel est inventif et marquant, de l'incroyable costume iconique du fantôme aux décors oniriques de la maison de disques en passant par les performances musicales outrancières sur la scène du Paradise. L'ensemble est magnifié par une photographie de toute beauté et une bande-son 4 étoiles. Le spectacle est fou de la première à la dernière minute car il ne semble s'être fixé aucune limite en termes de registres. Le drame, la romance et le fantastique pur se côtoient, le tout saupoudré d'un humour carrément cartoonesque (les accélérés, l'attentat à la bombe, le personnage de Beef, l'enfermement avec des briques...) ! Le spectacle est infiniment plus rock & roll qu'une comédie musicale gentillette comme Starmania qui autoproclame pompeusement "opéra rock".

 

Phantom Of The Paradise - Capture 2

 

J'ai également adoré la critique en sous-texte de l'industrie musicale et de la toute-puissance de certains producteurs mégalomanes faisant et défaisant des carrières et modelant leurs poulains pour répondre aux tendances du moment (ce qui n'empêche pas certains d'être talentueux). Ce film illustre assez bien le fossé entre les velléités artistiques un brin naïves d'un artiste en herbes et la demande du marché imposant un certain formatage et pour lequel l'aspect visuel est parfois plus important que l'aspect musical. A ce propos, le réalisateur en profite pour se moquer joyeusement des excentricités du glam rock alors en vogue avec ses mises en scène théâtrales à la frontière de la caricature. Moins comique, le film rappelle aussi que la drogue a toujours été reine dans ce milieu et, apparemment, les producteurs abusant de leur pouvoir sur leurs jeunes protégées féminines n'étaient pas rares non plus (une des affaires les plus connues est celle des Runaways).

A en croire Wikipedia, Phantom Of The Paradise a bidé à sa sortie mais, avec cinquante ans de recul, ce film s'avère être d'une incroyable modernité technique et surtout d'une folie totale, témoignant de l'esprit rock du cinéma de genres des années 70. Un classique, tout simplement.

 

Phantom Of The Paradise - Nakamura

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