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VHS-1980
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19 avril 2020

Le dragon du lac de feu (1981)

En 2015, les Français Gilles Penso et Alexandre Poncet signaient le documentaire passionnant Le complexe de Frankenstein. A l'aide d'intervenants de luxe (maquilleurs, techniciens et réalisateurs), ils retraçaient avec passion l'histoire des effets spéciaux au cinéma de Méliès à l'âge d'or du latex dans les 80's sans oublier évidemment le passage au quasi-tout numérique (qui aura fait bien des dégâts dans le milieu, aussi bien économiques qu'artistiques). En 2019, le duo a sorti un nouveau documentaire, sorte de spin-off du précédent, consacré uniquement à une des figures incontournables des effets spéciaux : Phil Tippett : des rêves et des monstres (distribué avec le Mad Movies du mois dernier). Illustré d'une multitude d'extraits, cette nouvelle pépite narre le parcours d'un véritable passionné dont le moteur unique est la création, et qui a su parfaitement négocier le virage du numérique, tout en gardant son intégrité artistique. Un documentaire que je vous recommande et qui m'a, du coup, donné envie de revoir Le dragon du lac de feu, coproduction Disney étonnante à la créature inoubliable signée ILM et Phil Tippett.

 

Dragon du lac de feu - Affiche

 

L'histoire : à une époque moyenâgeuse indéterminée, Valerik et ses hommes viennent demander de l'aide au magicien Ulrich de Craggenmoor. Il veulent éliminer un dragon auquel le roi Casiodorus de la région livre des vierges en sacrifice après tirage au sort. Ulrich meurt avant le départ mais Galen, son jeune disciple, décide de mener cette quête, équipé de l'amulette contenant les pouvoirs de son maître. Le roi ne l'entend pas de cette oreille car la terreur provoquée par le dragon lui permet de garder le pouvoir sur son peuple.

Pour être honnête, je ne suis vraiment pas fan des studios Disney. Si leurs premiers films d'animation sont techniquement superbes et méritent leur place dans les livres d'histoire, je trouve que l'esprit est devenu ensuite trop commercial et formaté, sans prise de risque. Et ne parlons pas des films à prise de vue réelle pour la plupart sans intérêt (pour une Mary Poppins, combien de Coccinelle ?). Cependant, une période sort du lot de la fin des 70's au début des 80's. Peut-être en recherche d'un nouveau souffle, Disney est étonnamment sorti de sa zone de confort pour proposer entre autres du space opera (Le trou noir, pas vu), de l'adaptation de comics (Popeye), de la pure science-fiction (Tron), et même du fantastique avec Les yeux de la forêt ou La foire des ténèbres dont les bandes-annonces donnent bien envie (les titres ne font vraiment pas Disney !). Le dragon du lac de feu est issu de cette période de relative "liberté artistique". Produit en collaboration avec la Paramount, ce pur film d'heroic fantasy étonne autant par sa noirceur que par ses qualités artistiques.

 

Dragon du lac de feu - Capture 1

 

Doté de décors naturels splendides (Ecosse et Pays de Galles), de décors en studio étonnants (ah ce lac de feu !) et magnifié par une photographie de toute beauté, le spectacle est visuellement somptueux. Avec son ambiance ocre en parfaite adéquation avec le thème du feu, il se dégage vraiment quelque chose de spécial, à la fois fascinant et cauchemardesque (Le seigneur des anneaux de Peter Jackson est vraiment pâlichon à coté). L'histoire va droit au but et Peter MacNicol est l'anti-héros parfait (c'est son tout premier rôle et il se spécialisera ensuite dans la comédie). L'autre chose qui frappe, c'est cette volonté évidente d'échapper au formatage familial. De brefs plans de nudité échappent ainsi aux ciseaux de la salle de montage. Et bien qu'elle ne soit pas le leitmotiv de l'histoire, la violence fait irruption de manière inattendue via de succincts plans gores et surtout un type brûlé vif plein cadre ! Il ne faut cependant pas résumer le film à ces quelques surprises. Il s'agit d'une production vraiment soignée dans tous ses aspects.

Le dragon du lac de feu sort aussi du lot grâce à sa créature SUBLIMISSIME ! Franchement, encore aujourd'hui, je ne connais pas de film live avec un dragon aussi beau (on met de coté le film d'animation Dragons qui est très réussi dans le genre aussi). Il n'y a pas de hasard, il y a une somme de talents considérable derrière avec Industrial Light & Magic, la boite d'effets spéciaux fondée par George Lucas. Toutes les techniques sont utilisées : effets mécaniques, tête géante à l'échelle et surtout stop-motion assisté par ordinateur, technique dévellopée par le magicien Phil Tippett qu'il nommera "go-motion". La bête est magnifique. Elle fout la pétoche avec son souffle précédant une attaque incendiaire. Et elle est superbement mise en valeur, dévoilée progressivement pour un maximum d'impact.

 

Dragon du lac de feu - Capture 2

 

Un peu oublié par le grand public, Le dragon du lac de feu mérite un statut de classique. C'est une réussite totale. Dommage que Disney ne soit pas resté sur cette voie moins timorée par la suite. Suite au succès commercial de La petite sirène en 1989, toute sa production semble s'être ensuite réorientée vers le public très familial.

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