Dead Or Alive "Youthquake" (1985)

Durant la seconde moitié des années 80, le trio de producteurs/remixeurs Stock-Aitken-Waterman a eu sa période de gloire en plaçant une série de morceaux en tête des charts européens. Le collectif britannique fondé en 1984 a commencé par produire de la dance-music avant de se tourner vers la pop. Avec ses rythmes bondissants et ses synthés en plastique, leur son est immédiatement reconnaissable. C'est eux qui ont produit les premiers albums de Kylie Minogue, qui ont lancé Rick Astley (et son fameux Never Gonna Give You Up) ou qui ont contribué à certains hits de Bananarama (dont la célèbre reprise de Venus). Le disque qui les a vraiment mis sur le devant de la scène est Youthquake, le deuxième album de Dead Or Alive sorti 1985.

C'est cet album qui contient le plus gros hit du groupe : You Spin Me Round (Like A Record), morceau disco-pop ultra-énergique qui est devenu un vrai classique. A l'entendre, on a du mal à croire que Dead Or Alive avait démarré sa discographie avec des singles purement rock new wave à l'aube des 80's avant de se réorienter vers un style destiné au clubbing pour la sortie de leur premier album en 1984. Compte tenu de cette nouvelle direction musicale, le choix de travailler avec Stock-Aitken-Waterman semble cohérent et le résultat va s’avérer réjouissant. Non pas que Youthquake soit un chef d’œuvre de composition mais l'alliance entre les rythmiques survitaminées des producteurs et le chant désinhibé de Pete Burns fait des étincelles ! Le disque est court (neuf plages pour 37 minutes) et il contient en plus deux chansons que je trouve assez ennuyeuses (In Too Deep et Cake And Eat It). Mais pour le reste, c'est de la folie furieuse à l'image de You Spin Me Round (Like A Record). On se trouve face à une sorte de "disco décadent" (désolé, j'ai pas trouvé d'autres termes), moins underground et subtil que Soft Cell, mais incroyablement pêchu et jusqu'au-boutiste dans sa démarche. Le chant particulier de Peter Burns, puissant et un poil agressif, donne une petite touche de noirceur à l'ensemble comme sur I Wanna Be A Toy (dans lequel on sent l'influence volontaire ou pas du Blue Monday de New Order) ou sur le monstrueux Big Daddy Of The Rhythm qui dépote tout. C'est quand on entend ce dernier titre ou My Heart Goes Bang qu'on se rend compte que la dance-music actuelle s'est méchamment ramollie ! L'album se clôt sur les huit minutes bondissantes et aériennes de It's Been A Long Time, un durée étirée qui sent un peu le remplissage mais le morceau est intéressant en étant moins fou-fou que le reste.

Suite au succés commercial, Dead Or Alive et Stock-Aitken-Waterman remettront ça l'année suivante avec un nouvel album malheureusement moins radical, la tentation pop ayant été trop forte. Puis vint la crise. Sauf erreur, à partir des 90's, Pete Burns sera le seul membre d'origine au sein de Dead Or Alive qui sortira une paire de galettes plus confidentielles. Le chanteur androgyne retrouvera une petite popularité outre-Manche après une participation à une télé réalité dans les années 2000. Le gaillard s'y est fait remarquer à cause de son visage rendu méconnaissable par l'abus de chirurgie esthétique. Il décédera en 2016.