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VHS-1980
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23 juillet 2022

L'histoire sans fin (1984)

Histoire sans fin - Affiche

 

Le pitch est hyper connu : Bastien est un garçon qui s'est renfermé sur lui-même depuis la mort de sa mère. Harcelé par des camarades, il trouve refuge dans une librairie. Le tenant des lieux tient des propos énigmatiques à propos d'un livre intitulé L'histoire sans fin. Intrigué, Bastien emprunte le livre en cachette. Arrivé en retard à l'école, il se réfugie dans le grenier de l'établissement et commence la lecture du livre. Il y est question du monde fantastique de Fantasia dévoré progressivement par le Néant et dont le seul espoir réside un jeune guerrier nommé Atreyu.

On continue notre série des films cultes avec un autre gros classique du cinéma familial des 80's. Certains l'ont oublié mais, malgré son casting aux nombreux noms à consonances anglo-saxonne, il s'agit d'un film allemand. Le plus cher à l'époque et on peut dire qu'ils ont mis le paquet pour tenter de concurrencer Hollywood. En tous cas, commercialement, ça a été réussi et on peut dire sans se tromper que L'histoire sans fin fait partie des films allemands les plus connus mondialement encore aujourd'hui. Aux commandes, on retrouve Wolfgang Petersen qui avait bluffé son monde en 1981 avec Le bateau, peut-être le plus grand film de sous-marin de tous les temps. Saviez-vous que L'histoire sans fin existe en deux versions ? La version originale allemande et la version dite "internationale" qui a été distribuée partout ailleurs (dont la France). La différence entre les deux se situe à la fois dans la narration et dans la bande-son. La version internationale a un montage resserré, censée apporter du dynamisme, entrainant une perte de huit minutes par rapport au montage allemand. Au niveau sonore, la version originale ne comporte que la partition orchestrale de Klaus Doldinger, là où la Warner, en tant que distributeur pour le reste du monde, a inclus la chanson pop de Limahl en guise de générique et a remplacé certaines parties orchestrales par une partition synthétique produite par Giorgio Moroder (sur la séquence de la mort du cheval par exemple). Personnellement, je n'ai jamais vu la version originale allemande mais, même sans connaitre son existence, on sent clairement que la version distribuée chez nous a subi un remontage, certains transitions manquant clairement de fluidité.

 

Histoire sans fin - Capture 1

 

Si les effets spéciaux sont parfois inégaux (surtout les rétro-projections qui auraient pu être clairement peaufinées), il faut aussi admettre que toute la partie fantasy (qui représente les 3/4 du film) demeure particulièrement enchanteresse visuellement parlant. Les décors en studios sont magnifiques et bénéficient d'une jolie photographie. Il se dégage des marécages de la mélancolie et vraie ambiance déprimante, tandis que la tour d'ivoire ou la colline carapace étonnent par leur originalité. A celà s'ajoute tout un tas de personnages aux looks extraordinaires qui marquent les esprits. Je pense évidemment au géant mangeur de pierre, à l'escargot de course ou la tortue géante mis en scène de façon fun et originale. Mais on peut aussi souligner la créativité concernant toutes les créatures qui ne font que passer au détour d'un plan ou deux (voir la première réunion à la tour d'ivoire avec tous ces personnages fascinants). C'est absolument charmant, il n'y a pas d'autres mots.

Alors oui, ce film n'est pas parfait. On pourrait lui reprocher sa narration abrupte et linéaire, ou l'exploitation incomplète de certaines bonnes idées. Par exemple, j'ai toujours été frustré par la chasse entre le loup et Atreyu qui aurait dû être approfondie, mais peut-être que le budget n'a pas permis d'élever les ambitions du métrage. Ceci dit, ces défauts sont rattrapés par un véritable coup de génie scénaristique qui rend le film inoubliable. L'histoire sans fin est l'adaptation (assez fidèle parait-il) de la première partie du roman jeunesse du même titre publié en 1979 et qui fut très populaire en Allemagne. Le sujet, on l'a compris, c'est le fait que le pouvoir de l'imaginaire a tendance à s'estomper au fur et à mesure que l'enfant grandit jusqu'à ce que, une fois devenu adulte, les soucis de la vie réelle prennent le pas dans les esprits. L'histoire offre une double mise en abyme géniale en décrivant la vie dans Fantasia lue par une gamin dans le livre fictif L'histoire sans fin dont l'aventure est elle-même lue par les lecteurs bien réels via le roman véritable L'histoire sans fin ! Une véritable poupée russe. La grosse réussite, c'est que l'adaptation cinématographique réussit parfaitement à adapter cette double mise en abyme, discrètement d'abord lors de la scène de la mort du cheval où le jeune spectateur pleure dans la salle de cinéma en regardant Bastien pleurer en lisant la tristesse d'Atreyu. Puis de façon carrément explicité via LA scène du film qui me donne à chaque fois des frissons, le monologue final culte de la princesse qui explique que le spectateur du film fait aussi partie de l'intrigue depuis le début (le jeu de la jeune comédienne est juste parfait) ! "Toutes les aventures que tu as eues, il les a partagées avec toi et d'autres ont partagé les siennes". Enorme.

 

Histoire sans fin - Capture 2

 

Bien que désapprouvé par Michael Ende, l'auteur du roman, L'histoire sans fin fut un succés et marqua suffisamment les esprits du jeune public pour qu'Hollywood s'empare de cet univers et le transforme en franchise. Mis à part les produits télévisuels (séries animée et live), le film de Wolfgang Petersen connaitra deux suites cinématographiques en 1990 et 1994 qui trainent toutes deux une réputation calamiteuse. De son coté, le réalisateur allemand ne confirmera jamais les espoirs qui étaient placés en lui. Il s'installera à Hollywood dès 1985 profitant du désistement du réalisateur initial de Enemy et s'enfermera hélas dans un rôle de yes-man soumis à ses employeurs de producteurs.

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Commentaires
T
Découvert sur la 5 dans les années 80, L'histoire sans fin fait partie des films cultes de ma jeunesse. Je me souvient même avoir tanné mes parents pour qu'ils m’emmène voir le 2 à sa sortie au cinéma. Au passage, une pensé pour le réalisateur Wolfgang Petersen qui nous à quitté il y a peu de temps.
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S
De l'heroic fantasy comme on les aime... Faut avouer que le film a mal vieilli et qu'il garde son statut culte surtout grâce à une certaine nostalgie.
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