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Le monstre est vivant (1974)
Au terme de sa grossesse, une femme accompagnée de son mari se rend à l'hôpital mais l'accouchement ne se passe pas comme prévu. Le bébé est anormalement gros et il est surtout extrêmement agressif. Après avoir massacré le médecin et les infirmières présents dans la salle, il s'échappe. Une traque est alors engagée par la police.
Derrière ce postulat délirant se trouve Larry Cohen, scénariste/réalisateur/producteur américain chéri de ce blog que j'avais découvert par hasard en lisant son interview carrière dans un Mad Movies il y a une vingtaine d'années. D'abord scénariste pour la télé, il a explosé en 1967 en créant la série culte Les envahisseurs. C'est à partir des années 70 qu'il est passé derrière la caméra pour réaliser de pures séries B de genres. Sa touche : des scénarios qui démarrent d'une idée simple et qui sont ensuite exploitées d'une façon totalement inattendue (comme sur Epouvante sur New York ou The Stuff) ! Sorti en 1974, Le monstre est vivant est son troisième long métrage et sa réalisation brute de décoffrage peut s'expliquer par son budget modeste et par le fait que le tournage s'est fait en parallèle avec une commande pour la Warner : Casse dans la ville, un film de blaxploitation avec Fred Williamson. D'après IMDB, Cohen et son équipe technique ont ainsi tourné sept jours sur sept pendant plusieurs semaines : du lundi au vendredi sur Le monstre est vivant et le week-end sur l'autre film ! Coté casting, on a la surprise de retrouver John P. Ryan dans le rôle du père de famille. Dès que je vois cet acteur, je ne peux pas m'empêcher de penser à son personnage de directeur de prison over the top dans le génial Runaway Train ou celui du prof d'histoire robotisé dans le nawak Class Of 1999 !
Le moins que l'on puisse dire, c'est que le film démarre sur les chapeaux de roue avec un scène d'accouchement se transformant en carnage. La tonalité est pourtant plus fine qu'un basique film d'horreur. L'auteur y injecte une bonne dose de drame, utilisant cette figure du bébé monstrueux comme allégorie du handicap. Aussi dangereux soit-il, celui-ci semble également victime de sa situation. Du coté des parents, cette naissance a un impact sur leur vie professionnelle et sur leur couple entre deux remarques désobligeantes venant de leur entourage. Les sentiments de ceux-ci vis-à-vis de leur nouveau né évoluent au fil du récit et l'embryon de relation qui se noue entre le bébé et son grand frère est assez touchante. Larry Cohen en profite également pour tacler la presse toujours avide de gros titres et, dans une moindre mesure l'industrie pharmaceutique. Une chose est sûre : le scénario exploite son idée de départ avec originalité.
La petite créature a été créée par le débutant Rick Baker, futur maître des maquillages qui signera plus tard la fabuleuse transformation du Loup-garou de Londres par exemple. Sa finition sommaire trahit les limites budgétaires et le réalisateur se garde de trop l'exposer, préférant user de la vue subjective ou d'un montage ultra-cut pour le mettre en scène. Cependant, je trouve que ce film a une bonne ambiance, jouant avec les codes de l'épouvante quand il le faut. La mise en scène est sans fioriture, la violence des attaques est brute et le tout a été tourné en décors naturels, ce qui donne le cachet visuel typique de cette décennie 70. Le grand final dans les égouts est plutôt marquant esthétiquement avec ces gyrophares de police rouges éclairant la nuit.
Larry Cohen réalisera deux suites. D'abord Les monstres sont toujours vivants en 1978 avec toujours John P. Ryan, mais qui m'avait bien mois emballé. Faudrait peut-être que je lui redonne une chance. Puis La vengeance des monstres en 1987 à l'outrance toute 80's. A noter que Le monstre est vivant n'a pas pu échapper à un remake en 2008 sous son titre original It's Alive. Pas vu mais il traîne une réputation calamiteuse.