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Erasure "The Circus" (1987)
Il y a des disques auxquels on n'accroche pas sur le moment et qu'on redécouvre des années plus tard après leur avoir donné une seconde chance. C'est le cas pour ma part avec The Circus, le deuxième album d'Erasure. Je sais pas pourquoi, j'ai eu envie de le réécouter récemment et je n'ai pas regretté ! J'apprécie énormément les trois opus du duo sortis dans la première moitié des 90's ainsi que Nightbird publié en 2005, mais, en tant que fan de sonorités froides et métalliques de la new wave, j'avais été un peu rebuté par les synthés en plastique des premiers albums (tout du moins sur The Circus et The Innocents puisque je n'ai jamais entendu Wonderland).
Bref, les écoutes successives de The Circus ont fini par faire émerger toutes ses qualités de la couche de sonorités Casio. Et vous savez quoi ? Finalement, cet album est vraiment bon. Au programme, dix titres de pure pop électronique sans fausse note et avec quelques surprises et fulgurances notables. Déjà, le duo Vince Clarke / Andy Bell y montre une facette groovy irrésistible et même surprenante via les chansons Don't Dance, Sexuality et Leave Me To Bleed. La sobriété de la production alliée au travail sur les lignes de basse donne des résultats particulièrement dansants, pour ne pas dire... allez je me lâche... sexy ! Je suis presque sûr qu'un DJ pourrait encore les insérer aujourd'hui dans un mix R&B et mettre l'ambiance. Ce groove n'est en tous cas pas si courant dans la discographie du duo. L'autre surprise vient des thèmes abordés. Si les chansons d'amour constituent une très grosse partie de leur répertoire, il leur arrive de s'essayer à des contenus plus politiques. Dans ma chronique de l'album Wild ! l'année dernière, j'avais pointé l'excellence du titre Crown Of Thorns. Pour notre disque de jour, il y a It Doesn't Have To Be qui surprend dès l'ouverture avec son texte sur l'apartheid et son break chanté en langue swahili. Mais surtout, il y a une des meilleures chansons de tous les temps qu'a signé le binôme britannique : The Circus en plage 9. Franchement, elle est géniale dans sa construction, dans sa production avec son accordéon (véritable ou synthétique, j'en sais rien) et son chant. Le texte est lui aussi percutant dans sa description des conséquences pour les ouvriers de la politique économique libérale du gouvernement Thatcher . Rien que le fait que l'album porte le même titre montre que les mecs savaient qu'ils tenaient un truc très fort. La face B est de toute façon excellente puisqu'elle contient également le single super efficace Sometimes orienté dance music (avec un break dont la trompette me rappelle vaguement Torch de Soft Cell) et elle se termine par une autre perle, Spiralling, qui me fout des frissons avec la performance vocale impeccable d'Andy Bell, la beauté de ses nappes synthétiques et sa conclusion sous forme d'hymne se perdant dans un écho.
Les qualités de ce disque auront séduit le public britannique en 1987 puisque c'est grâce à celui-ci qu'Erasure explosera enfin commercialement dans sa mère-patrie (le premier album n'avait pas marché plus que ça). La France, elle, est toujours restée hermétique à ce son pas assez commercial d'un coté, mais pas assez rock de l'autre. Erasure a pourtant eu le temps de montrer toute son expertise à produire de la pop music de qualité, ou comment créer des mini-histoires en 3 minutes 30 chrono.