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Dans les profondeurs du triangle des Bermudes (1978)
Suite au décès de l'acteur Carl Weathers survenu la semaine dernière, je vous propose la chronique d'un téléfilm suprenant qui a même eu les honneurs d'une exploitation en salles dans certains pays dont la France : Dans les profondeurs du triangle des Bermudes.
Le pitch est assez accrocheur : un jeune homme nommé Magnus Denz retourne dans l'archipel des Bermudes, là où il a passé son enfance et où est mort son père dans des circonstances étranges. Sur une plage, il rencontre une mystérieuse jeune femme qui lui rappelle une petite fille qu'il côtoyait dans sa jeunesse avant qu'elle ne disparaisse sans raison apparente. C'est alors que des traces géantes ressemblant à celles d'une tortue sont laissées sur la plage. Magnus embarque avec Eric, un amis biologiste marin, à la recherche de la créature et de la vérité autour de cette jeune femme qu'il appelle Jenny.
J'ai découvert cette production par hasard car elle a été distribuée en double DVD avec Le dernier dinosaure qui est un sacré morceau d'aventure aussi fun que nanar avec ses dinosaures en caoutchouc (je le chroniquerai sans doute un jour). Les deux titres ont ceci en commun que ce sont deux co-productions américano-japonaises destinées au public occidental, mais dirigées par un réalisateur japonais (Tsugunobu Kotani) et avec des effets spéciaux 100% made in Japan dans la grande tradition des kaiju eiga à l'ancienne. Côté casting, LA star de Dans les profondeurs du triangle des Bermudes est Carl Weathers, encore que cette distinction se fait a posteriori. En 1978, l'ancien joueur de football américain professionnel était surtout abonné aux apparitions dans ses séries télé et son seul rôle marquant au cinéma était celui d'Apollo Creed dans Rocky en 1976 (me souviens plus de l'importance du personnage dans ce premier opus).
Ce téléfilm se démarque par une approche à la fois originale et poétique du mythe du triangle des Bermudes (cette fameuse zone à l'accidentologie maritime soit disant plus élevée et inexpliquée). Le scénario exploite le folklore local et m'a appris ce qu'est une Jenny Haniver, une petite créature mythologique fabriquée par les marins à partir d'une raie séchée. On est dans le pur genre fantastique où l'inexplicable fait irruption dans le quotidien : ici une jeune femme aux apparitions quasi-spectrale hante les pensées d'un jeune homme et lui font remonter des souvenirs enfouis dans son inconscient. Le mythe de la sirène n'est pas loin non plus. Le mystère tient en haleine même si le rythme n'est pas toujours folichon. Heureusement, les paysages paradisiaques et les jolies scènes sous-marines nous plongent (sans jeu de mot) dans cette intrigue à la frontière de l'onirisme.
Qui dit téléfilm dit budget modeste et on pouvait s'attendre légitimement à une révélation anti-spectaculaire. Pourtant, ce n'est pas le cas ici et c'est peut-être pour ça que ce titre n'est pas tombé complétement dans l'oubli (et qui a motivé sa sortie sur certains grands écrans). A partir de son dernier tiers, l'histoire prend une tournure complétement folle, mixant allégrement Les dents de la mer et le genre kaiju eiga ! Carl Weathers armé d'un lance-harpon aux dimensions d'un bazooka part à la chasse d'une tortue géante rappelant vaguement Gamera ! Les maquettes se voient à des kilomètres et le bateau ressemble plus à un jouet dans une baignoire mais, bon sang, ils ont osé ! Il y a avait bien une destruction de maquette lors d'un flashback précédemment, mais on ne se doute à aucun moment de ce délire visuel qui rend le spectacle d'autant plus sympathique. C'est le genre de série B que j'adore, celle qui prend une tournure inattendue : ça démarre avec une romance fantastique sous les palmiers et ça se termine avec un monstre géant qui bouffe un hélico en plein vol ! Après ça, on peut lui pardonner toutes ses petites imperfections.