Les clowns tueurs venus d'ailleurs (1988)

Une petite ville américaine coule des jours heureux jusqu'à ce que débarquent, dans leur Chapiteau Volant Non Identifié, des extra-terrestres ayant l'apparence de clowns. Mike et Debbie, un jeune couple, font partie des premiers à se rendre compte de la menace. Pour faire face au péril du quatrième type, ils peuvent heureusement compter sur Dave, policier de son état et ex-petit ami de Debbie accessoirement, ainsi que sur les frères Terenzi, deux marchands de glace complétement givrés et amis d'enfance de Mike.

Ils sont trois, ils sont frères, ils s'appellent Charles, Stephen et Edward. Nom de famille : Chiodo. Bien que n'ayant pas une filmographie aussi étoffée et somptueuse que les maquilleurs Rick Baker, Rob Bottin ou Tom Savini, les trois frangins sont entrés dans la légende des effets spéciaux en concevant notamment les petites créatures voraces de la saga Critters. Cette petite réussite leur a peut-être permis d'écrire, produire et réaliser en famille Les clowns tueurs venus d'ailleurs (Killer Klowns From Outer Space en VO). Une petite pépite d'humour et de créativité sortie en 1988, la même année que Critters 2.

Je vais être direct, j'adore ce film. Il est vraiment fun avec son mélange d'humour cartoon et d'horreur (à l'image du look réussi des clowns). On sent que les frangins Chiodo se sont éclatés à concevoir tout un univers visuel mêlant SF de série B et imagerie du cirque. Ainsi, les pistolets laser ressemblent à des jouets en plastique, le chien renifleur est en sculpture de ballons, les tromblons tirent du pop-corn et l'intérieur de la soucoupe-chapiteau est digne d'une fête foraine ! La TOTALITE du film a été pensé ainsi et ça fait plaisir de voir un concept aussi délirant exploité jusqu'au bout. Même le générique pop-rock purement 80's reprend le thème du cirque !

Le scénario pastiche les séries B de science-fiction des années 50 en mettant en scène des jeunes adultes devant affronter seuls la menace, les autorités ne les croyant pas (voir par exemple Invasion Of The Saucer Men de 1957 ou The Giant Gila Monster de 1959). On a évidemment droit au shérif dépassé par cette jeunesse insouciante sans cesse occupée à flirter. Le film ne se prend pas au sérieux et certaines répliques font preuves d'une auto-dérision irrésistible du genre, après avoir été mitraillé au pop-corn : "Du pop-corn ?! Mais pourquoi du pop-corn ?! - Parce que ce sont des clowns !", ou "Ce ne sont pas des clowns. Ce sont des créatures d'un autre monde qui ressemblent à des clowns" ou encore "Ce sont peut-être des astronautes qui sont déjà venus sur Terre il y a des siècles, et c'est de là que viendrait notre conception du clown". Le fait que les victimes soient enveloppées dans des cocons de barbe à papa rappelle aussi L'invasion des profanateurs de sépultures (la première version ciné date de 1956).

Si cette sympathique production est si marquante, c'est qu'elle contient aussi son lot de scènes mémorables. Pour chaque nouvelle victime, nos clowns venus d'ailleurs utilisent une méthode différente : planqué dans une boite de pizza (!!), en jouant un spectacle de marionnettes, en conduisant une voiture invisible, en se prenant pour Mohamed Ali, en recouvrant un type de tartes à la crème, en s'improvisant ventriloque et même en faisant des ombres chinoises carrément délirantes ! Années 80 oblige, on n'échappe pas à l'attaque de l'héroïne alors qu'elle prend une douche évidemment ! L'ensemble se termine en beauté avec un clown géant ! En bref, on a là 80 minutes de pure rigolade parfois multicolore, parfois noire, avec un film qui ne se prend pas au sérieux, ce qui ne l'empêche pas d'être réussi dans son genre.