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VHS-1980
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13 février 2021

Fitzcarraldo (1982)

Un réalisateur fou + un concept fou + un acteur fou = un film fou-fou-fou comme on les adore sur VHS-1980.

Fitzcarraldo - Affiche

 

Brian Sweeney Fitzgerald, dit Fitzcarraldo, a un rêve fou : construire un opéra en plein cœur de la forêt amazonienne. Les investisseurs n'étant pas au rendez-vous et sa fabrique de pains de glace n'étant pas assez lucrative, il fait l'acquisition d'une concession afin d'exploiter le caoutchouc pour financer son projet. Seul problème et pas des moindres : la concession est inaccessible directement par bateau depuis l'Amazone à cause de chutes infranchissables. Fitzccaraldo décide de rejoindre celle-ci en remontant un affluent du fleuve pour ensuite hisser son embarcation sur une colline et la faire redescendre vers un autre affluent donnant sur la concession.

A la réalisation, on retrouve l'Allemand Werner Herzog. Je ne connais pas vraiment sa filmographie mais ses deux autres réalisations que je connais m'avaient vraiment fait forte impression lors de leur diffusion sur Arte. Je me souviens d'une soirée spéciale Nosferatu lors de laquelle la chaine franco-allemande avait programmé dans la foulée Nosferatu le vampire de 1922 ainsi que son remake Nosferatu, fantôme de la nuit signé Herzog. Une nouvelle version sortie en 1979 qui, sans faire oublier l'inégalable classique de Murnau, faisait quand même son petit effet en terme d'ambiance chelou, sorte de romantisme glauque. Mais la grosse claque, ça avait été lors de la diffusion d'Aguirre, la colère de Dieu, un film de dingue réalisé en 1972, tourné dans style ultra-réaliste, et qui narre la folle épopée de conquistadors espagnols dirigés par un Klaus Kinski plus taré que jamais dans l'Amazonie du XVIe siècle. Un chef d’œuvre d'intensité.

 

Fitzcarraldo - Capture 1

 

Avec Fitzcarraldo, Herzog retrouve donc le décors envoûtant de l'Amazone et Klaus Kinski. Ce dernier n'était initialement pas du voyage. Le tournage avait débuté avec un autre comédien ainsi que Mick Jagger (oui, celui des Rolling Stones !) dans le rôle de l'assistant de Fitzcarraldo avant que le premier ne tombe malade. Le tournage prit du retard et les deux hommes ne purent reprendre leur rôle si bien qu'Herzog engagea Kinski pour endosser le rôle principal et retourner toutes ses scènes. Le personnage de Jagger, lui, disparut purement et simplement du script.

Si le métrage s'avère des plus académiques dans sa première partie (on a quand même la surprise de retrouver Claudia Cardinale), il acquiert un réel pouvoir de fascination à partir du moment où le protagoniste principal achète son bateau et débute la longue remontée de l'affluent amazonien. Herzog a le chic pour capter la majesté des paysages naturels, mais aussi leur aspect inquiétant et oppressant. Les images sont carrément sublimes et la menace d'une tribu coupeuse de têtes sur les bords du fleuve est particulièrement angoissante. Cette ambiance m'a fait un peu penser à Apocalypse Now dans le genre "enfonçons-nous dans un milieu hostile pour atteindre l'enfer". Le flou volontairement cultivé sur les intentions réelles des indigènes fout la pétoche, particulièrement quand ils se mettent à suivre silencieusement le bateau avant de monter à bord. Fitzcarraldo parle d'opéra mais aussi de choc des civilisations. L'incompréhension linguistique et culturel fait immanquablement naitre la crainte.

 

Fitzcarraldo - Capture 2

 

Au-delà de ces qualités techniques, ce film est surtout entré dans la légende pour sa séquence culte : le bateau qui est hissé en haut d'une colline. Et ce qui est dingue, c'est que l'exploit a réellement été fait pour le tournage ! On entre ici dans un style étrange, mi-fiction mi-documentaire, où le script est nourri par son propre tournage ! Certaines critiques reprochent justement à Fitzcarraldo de n'exister que pour cet événement. Dans un sens, ils n'ont pas tord. J'avoue moi-même me moquer de cette histoire d'opéra. Le cœur du film, c'est ça : une embarcation de je sais pas combien de tonnes déplacée à la force des bras. On ne sait plus alors qui est vraiment le personnage de Fitzgerald, Klaus Kinski ou Werner Herzog lui-même ? Toujours est-il que sa caméra capte parfaitement l'immensité du projet et le spectateur en reste sur les fesses tellement cette idée est folle ! Le problème, c'est que, quand tu vois un truc aussi énorme réalisé sans trucage, les blockbusters usant et abusant de CGI pour la moindre chose te paraissent ensuite d'un ridicule achevé. Pour tout dire, le projet est tellement over the top que Klaus Kinski (excellent au demeurant) semble s'incliner en offrant pour une fois une prestation relativement sobre !

Bref, vous l'avez compris, j'adore ce film pour son concept hallucinant. J'ai été hypnotisé par le beauté des images et par l'ambition de son sujet. C'est du Cinéma avec un grand C à (re)découvrir absolument.

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