L'invasion vient de Mars (1986)

L'histoire : un jeune garçon passionné d'astronomie voit une navette extra-terrestre se poser derrière une colline située près de sa maison. Alors que personne ne le croit, il découvre que les aliens s'emparent progressivement de l'esprit des habitants de la ville grâce à un implant dans le cou. Avec l'aide d'une infirmière scolaire, il tente d'arrêter l'invasion.

Je me moque souvent de la Cannon sur ce blog pour leurs nanars rigolos mais je n'oublie pas que les cousins Menahem Golan et Yoran Globus ont aussi produit quelques bonnes peloches. Sans doute pas grâce à leur génie artistique, mais à la paix royale qu'ils pouvaient laisser aux réalisateurs talentueux qui acceptaient de travailler avec eux sans se soucier du "qu'en dira-t-on" (allez donc voir ma chronique dithyrambique sur Runaway Train). Dans le genre SF/fantastique, la grosse prise du duo fut sans doute Tobe Hooper, le maître de l'horreur entré dans la légende pour avoir réalisé Massacre à la tronçonneuse en 1974. La collaboration entre la Cannon et le réalisateur américain durera le temps de trois films entre 1985 et 1986, le premier étant Lifeforce, l'étoile du mal, sans doute un des films de SF les plus barrés de l'histoire ! Avec L'invasion vient de Mars, le deuxième film, Hooper lève le pied et livre un spectacle plus grand public tout en se faisant plaisir. Il s'agit en effet du remake des Envahisseurs de la planète rouge, semi-classique plutôt joli de 1953 qui a marqué son enfance au fer rouge. Une véritable déclaration d'amour pour ce film puisque certains plans sont quasiment reproduits à l'identique et aussi une tentative réussie de l'améliorer en exploitant encore mieux son postulat scénaristique. Un remake utile en somme.

S'il a bien un mérite, c'est qu'il démarre sur les chapeaux de roues ! Juste assez d'exposition des personnages et du contexte en avant propos, et l'intrigue démarre immédiatement laissant tout le reste se développer au fil de l'action. Certains scénaristes actuels devraient en prendre de la graine quand on voit des blockbusters récents dépasser les 2h30 inutilement... Bref, on retrouve au scénario le nom bien connu de Dan O'Bannon, auteur de scripts mythiques comme ceux d'Alien, le 8ème passager, Lifeforce (encore lui !) ou encore le Total Recall de Paul Verhoeven ! Celui de L'invasion vient de Mars est un cran en-dessous, c'est clair, mais il reste vraiment sympa rien que pour sa facette paranoïaque. Cette histoire d'humains "zombifiés" par des aliens rappelle forcément L'invasion de profanateurs de sépultures ou même The Stuff sorti l'année précédente, et le fait que le héros soit un enfant (comme dans le film original) était clairement dans l'air du temps (le succès des Goonies en 1985 a peut-être aidé, qui sait). Anecdote à deux balles : le jeune acteur Hunter Carson est le fils de Karen Black qui joue l'infirmière !

Autre aspect typiquement 80's : le look des extra-terrestres 100% cartoonesque concocté par les spécialistes John Dykstra et Stan Winston (apparemment en roues libres) ! On peut comprendre que l'espèce de cerveau-limace (sorte d'ancêtre de Krang des Tortues ninja) ou ses soldats en forme de patates géantes sur pattes n'ont pas laissé indifférent. Ceux-ci alliés aux éclairages très "nightclub" du vaisseau auront peut-être achevé certains apôtres du bon goût, mais on peut comprendre ces derniers pour une fois, tant les choix visuels sont outranciers (ce coté délirant assumé fait un peu penser à Explorers de Joe Dante). De l'hommage, on passerait presque au pastiche mais, étant amateur de tout ce qui est monstre en latex, ils me font bien délirer et ils sont suffisamment bien foutus pour être montrés sous toutes les coutures !

On peut regretter une baisse de régime dans le dernier tiers du métrage, à partir du moment où l'armée part à l'assaut du vaisseau. L'action prend alors le pas sur l'ambiance et les personnages principaux sont un peu mis de coté. L'invasion vient de Mars reste néanmoins un film fun qu'on peut qualifier de familial. On sent que Tobe Hooper a voulu faire quelque chose de léger et c'est vrai que le spectacle général semble tout droit sorti d'une bande-dessinée des années 50 (d'autant que les créature viennent VRAIMENT de Mars !). Même si ce n'est pas son meilleur film, on ne peut qu'en apprécier la sincérité palpable.