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Talk Talk "It's My Life" (1984)
Si le premier album de Talk Talk est sorti en 1982, c'est deux ans plus tard que le groupe britannique va véritablement exploser commercialement avec It's My Life. Avec ce deuxième opus, le son de la bande à Mark Hollis commençait déjà sa lente évolution grâce à l'influence d'un homme : Tim Friese-Greene. Ce dernier a rejoint en effet Talk Talk en tant que producteur et ne les quittera plus, non sans imposer sa vision artistique en duo avec le chanteur Mark Hollis, et quitte à pousser vers la sortie le claviériste des débuts Simon Brenner et éclipser le batteur Lee Harris et le bassiste Paul Webb qui ne seront crédités que sur l'écriture d'une seule des neuf pistes de la galette.
Le départ de Simon Brenner l'année précédente fut également un signe de l'orientation plus pop-rock de ce disque par rapport à son prédécesseur qui lorgnait clairement du coté de la pop synthétique à la Duran Duran ou OMD... Sur It's My Life, les synthés sont toujours là mais moins envahissants et plus souvent accompagnés par la guitare. De plus, on sent clairement la volonté de proposer une pop plus sophistiquée dans ses arrangements. Et de ce coté-là, la face A est absolument parfaite avec en ouverture deux classiques absolus à la production subtile et aux mélodies imparables : Dum Dum Girl et le monumental Such A Shame (qui cartonneront en singles). C'est aussi l'occasion d'exploiter le timbre de voix reconnaissable entre mille de Mark Hollis via le mélancolique Renée suivi du single qui leur ouvrira les portes du marché américain : l'impeccable It's My Life. Difficile de passer après ces quatre chansons et, effectivement, la face B est moins magistrale, sans être mauvaise attention ! Quand on sait ce à quoi va ressembler la suite de la discographie du groupe, on se demande s'ils ne se sentaient pas enfermés dans ce format pop. Bref, si la plage The Last Time renvoie à leurs débuts synthétiques, Tomorrow Started et Call In The Night Boy tapent dans le pop-rock assez classique, heureusement rehaussés l'un par l'apparition subtile d'une trompette, l'autre par un magnifique solo de piano jazzy. Dans le même registre, It's you s'avère être une conclusion assez efficace grâce à son refrain qui reste dans la tête. Je suis peut-être un peu moins emballé par Does Caroline Know et son arrangement électronique légèrement expérimental mais ça reste un disque de pop très recommandable pour qui aime ce sens mélodique typique de la décennie.
Malgré le succès immense qui entourera cet album, Talk Talk ne tentera pas de réitérer la formule pour gagner encore plus de pépettes et continuera sa mutation en prenant une décision allant à l'encontre de toute logique commerciale à l'époque : supprimer complétement les synthés et élever les ambitions artistiques pour son disque suivant. Il en résultera un des plus grands disques pop de la décennie 1980 : The Colour Of Spring.