Toxic Avenger (1984)

L'histoire : Melvin est l'agent d'entretien un peu simplet de la salle de sports de Tromaville. Il est aussi le souffre-douleur d'un quatuor de jeunes gens sadiques dont la dernière plaisanterie fera accidentellement plonger Melvin dans une cuve de produit hautement toxique ! Le jeune homme se transforme alors en monstre justicier appelé Toxic Avenger, défenseur de la veuve et de l'orphelin et grand nettoyeur de la vermine de Tromaville !

Comme déjà évoqué dans l'article consacré à Troma's War, la société Troma fondée par Michael Herz et Lloyd Kaufman s'était spécialisée à ses débuts dans la comédie grivoise. Tout ça jusqu'à ce que les grosses sociétés de production hollywoodiennes n'exploitent à leur tour le filon de la teen comedy avec des acteurs plus connus. Ne pouvant désormais plus rivaliser, la Troma dut se réorienter. Tout en conservant son goût pour l'humour plus ou moins douteux, la petite firme indépendante prit le virage de l'horreur en 1984 avec Toxic Avenger qui deviendra sans doute son titre le plus emblématique et celui qui entérinera définitivement le style Troma sans limite que nous connaissons. 475.000 dollars de budget et des millions de recette à l'arrivée pour cette production qui semble n'avoir eu qu'une seule phrase dans son cahier des charges : "Faites ce que vous voulez et amusez-vous !".

Et les mecs n'y sont pas allés avec le dos de la cuillère s'amusant visiblement à transgresser tous les tabous visuels du cinéma commercial, comme montrer un enfant se faire écrabouiller la tête sous les roues d'une voiture ou, pire (selon les codes hollywoodiens), montrer un chien mourir (pour de faux, je vous rassure, on n'est pas dans une production italienne non plus) !  L'ensemble est tellement outrancier qu'on a l'impression d'assister à un cartoon Tex Avery pour adultes, surtout quand le Toxic Avenger entre en action pour rendre une justice expéditive avec des moyens toujours plus loufoques et à coups d'effets gorissimes (brûlé dans un four à pizza, lessivé dans une machine à laver ou le crâne pulvérisé dans un appareil de musculation !). Histoire d'en rajouter une couche, on a droit à une paire (sans mauvais jeu de mots) de plans nénés pas émoustillants pour un sou et surtout de l'humour basculant carrément dans l'absurde dès que le héros retrouve sa fiancée aveugle (sans doute les passages les plus irrésistibles du film). Bref, du grand n'importe nawak régressif au possible dont le mauvais goût est rattrapé par un certain enthousiasme communicatif.

Après, il faut aussi avouer que ça reste techniquement perfectible. Si certains effets gores s'avèrent assez efficaces, le look caoutchouteux du héros toxique est assez grotesque (même si la séquence de transformation n'est pas trop mal, ressemblant vaguement à celle de La mouche qui sortira deux ans plus tard). De plus, la mise en scène du duo Herz/Kaufman a un coté à l'arrache un peu regrettable (même défaut que Troma's War). Faute de temps ou faute de talent ? Ou simplement une volonté de se la jouer indépendant jusqu'au bout ? Toujours est-il que la mise en scène est à l'image du produit global : spontanée et pas mal bricolée. Ceci doublé d'un casting cabotinant à mort et de figurants à peine brieffés (faut les voir faire n'importe quoi dans certains plans) et on a l'impression parfois de visionner un film de potes de luxe ! En fait, seule Andree Maranda, qui incarne la copine aveugle du héros, surnage avec son jeu comique parfait dans le ton et dans le timing (hallucinant qu'elle n'ait rien tourné d'autre).

Suite à son carton interplanétaire improbable, Toxic Avenger deviendra carrément une franchise déclinée sous différentes formes. Il y aura évidemment les suites qui sont au nombre de trois actuellement (et que je n'ai pas vues) : Toxic Avenger 2 et Toxic Avenger III : La dernière tentation de Toxie produits dos-à-dos en 1989, puis Citizen Toxie : The Toxic Avenger IV en 2000. Il y aura aussi les comics, la série d'animation Toxic Crusaders pour les mioches en 1991 ainsi que les jouets, et même la comédie musicale en 2018 ! A noter qu'un remake du film de 1984 est annoncé avec Kevin Bacon et Elijah Wood en tête d'affiche.