L'école de tous les dangers (1985)

VHS-1980 fête la rentrée des classes à sa façon...

L'histoire : les élèves et l'institutrice d'une petite école rurale australienne sont pris en otages par des individus masqués. Emmenés dans la forêt profonde et incapables d'alerter les secours, les victimes devront se débrouiller seules face à leurs kidnappeurs.

Au vu du nombre de recherches faites à propos de ce film sur les différents forums francophones, on peut constater que la diffusion de L'école de tous les dangers sur feu-La Cinq il y a plus de 30 ans maintenant en a marqué plus d'un. Je fais partie de ceux-là. Bien que gamin à l'époque, des images sont restées gravées dans ma mémoire, comme Le secret du lac diffusé sur la même chaine d'ailleurs. Naïf, on s'attend à un ersatz des Goonies et on se retrouve face à un truc à l'ambiance plutôt glauque diffusé en plein après-midi en plus ! L'école de tous les dangers est l'adaptation du roman Fortress publié en 1980, lui-même vaguement inspiré d'une prise d'otages dans une école rurale australienne ayant eu lieu en 1972. Il a été produit à la fois pour une diffusion sur la chaine câblée américaine HBO et pour une exploitation en salles dans son pays.

A cheval entre les années 70 et 80, le cinéma de genre australien a connu une période très dynamique dont le point culminant, autant artistique que commercial, fût Mad Max 2 : Le défi en 1981. C'était pour la plupart de purs films d'exploitation parfois corsés graphiquement, mais avec cette touche australienne perceptible souvent en rapport avec la propre géographie de l'état insulaire. On y retrouve en effet souvent cette dualité entre la civilisation des métropoles et la sauvagerie de l'outback vaste et hostile (aussi bien la nature que ses habitants). On peut y voir une sorte de réponse aux films de survival américains du genre Délivrance avec leurs rednecks. Razorback exploite bien cette idée de l'animalité montante plus on s'enfonce dans les terres profondes australiennes. L'école de tous les dangers s'insère dans cette tradition même si on ne le voit pas arriver sur le coup. Et c'est ce qui fait sa force : ça commence comme un thriller des plus classiques et ça bascule progressivement dans l'impensable quand, en l'absence de toute autorité "légale", l'humain retourne à l'instant primaire et utilise des méthodes primitives et radicales pour survivre (l'assaut de la grotte renvoie clairement à la préhistoire). D'autant plus choc que cela concerne ici des enfants !

Ceci dit, on peut deviner dès l'introduction qu'on ne va pas assister à une production hollywoodienne classique quand le gamin ramène tout fier à ses parents le renard qu'il a tué avec la carabine familiale ! De même, on est surpris de la façon dont les jeunes comédiens (incroyablement bien dirigés) sont malmenés à l'écran : l'un d'entre eux à peine âgé d'une dizaine d'années est secoué sans ménagement par un des preneur d'otages, tandis que d'autres massacrent un de leur assaillant dans un quasi état de transe ! Le fait que celui-ci portait un masque de Père Noël est tout un symbole. Et là, on se demande ce que foutait ce film programmé en plein après-midi sur une chaine de télé tout public, d'autant qu'on compte en plus une paire de plans gores. En tous cas, ça reste sacrément efficace au niveau de la tension et de la réalisation (la photographie est très jolie). C'est un film qui va au bout de son idée et qui renvoie jusqu'à la dernière seconde à son héritage du cinéma d'exploitation bien déviant : les gamins reviennent à la vie scolaire comme si de rien n'était en gardant leurs actes pour eux avec le sourire et le plan final est encore pire, car laissant spéculer sur la possibilité d'un ultime acte perpétré par les otages repoussant les limites de l'humanité ! Complétement fou, complétement australien.