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VHS-1980
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23 février 2024

Valérian, agent spatio-temporel #1-8 (1970-78)

Il y a deux ans, j'avais consacré un article aux cinq albums de la série Valérian parus dans les années 80. Cette fois, je vous propose un retour aux sources de cette saga science-fictionnelle qui, je trouve, garde toute son efficacité grâce à la modernité de ses deux auteurs français, Pierre Christin au scénario et Jean-Claude Mézières au dessin. Pour être honnête, c'est une série que j'avais carrément zappée jusqu'à ce que l'éditeur Dargaud réédite l'intégrale à l'occasion de la sortie du film de Luc Besson en 2017. Ça a été le coup de cœur immédiat. Il est vrai que le dessin de Mézières n'est pas aussi fin et précis que celui d'un Roger Leloup par exemple, mais il se rattrape par une mise en scène à la fois dynamique et audacieuse bien plus rock & roll que l'académisme sage et codifié de Yoko Tsuno (que j'adore aussi ceci dit).

Bref, si le personnage de Valérian, agent spatio-temporel de son état, a connu sa première aventure en septembre 1967 dans les pages du magazine Pilote, c'est en 1970 qu'a été publié le premier album, La cité des eaux-mouvantes (après une pré-publication entre 1968 et 1969). Bah franchement, pour une BD produite à la fin des 60's, le ton est étonnamment moderne et, à part un dessin un brin hésitant, le reste est déjà en place pour la vingtaine d'opus qui suivront : des personnages aux caractères bien trempés, des répliques qui font mouche, de l'action très cinématographique, des univers visuels hyper originaux et un sens du rythme à toute épreuve. Ce qui fait aussi sa qualité, c'est qu'on sent que les auteurs ont une certaine ambition artistique aussi bien scénaristique (avec des sous-textes politiques et sociaux) que narrative (dans la construction des planches).  Chaque album a son truc qui en fait quelque chose d'unique, impossible de les confondre (tout du moins pour les quinze premiers que j'ai lus).

Il faut aussi saluer l'incroyable imagination des deux auteurs pour créer des mondes fascinants et des créatures toutes plus folles les unes que les autres. Là encore, on dirait qu'ils ne sont fixé aucune limite et ça marche du tonnerre. Ils ont construit tout un univers et un background autour de ce futur marqué par les voyages spatio-temporels et la relation avec d'autres civilisations extra-terrestres (aux problèmes souvent identiques à ceux terriens). Autre coup de génie (inconscient) : avoir daté dans le premier album l'apocalypse nucléaire en 1986, soit la même année que l'accident de Tchernobyl !

A noter que la série sera ensuite baptisée Valérian et Laureline. Un choix cohérent car dès le début, on constate que l’acolyte féminine de Valérian a autant de personnalité et d'impact sur les histoires (et même un peu plus de caractère quand on touche à ses convictions).

 

Valérian 1-8

 

Voici un rapide résumé des huit premiers albums publiés entre 1970 et 1978 :

#1 : La cité des eaux mouvantes (1970) : Au XXIIIe siècle, les agents spatio-temporels Valérian et Laureline sont missionnés pour appréhender un prisonnier politique en cavale. Ce dernier s'est réfugié dans le passé, en 1986 à New York, peu après le grand cataclysme nucléaire qui a touché la planète toute entière. Une bonne entrée en matière bien accrocheuse dont l'ambiance post-apocalyptique me fait irrémédiablement penser à New York 1997. Une partie de l'intrigue rappelle aussi Capitaine Sky et le monde de demain.

#2 : L'empire des mille planètes (1971) : Une sonde automatique terrienne a détecté l'existence d'une civilisation inconnue : Syrte, capitale de l'empire des mille planètes. Valérian et Laureline y découvrent une population sous l'emprise de son clergé, appelé les Connaisseurs. Ces derniers n'apprécient guère l'arrivée des deux Terriens. Malgré son titre, ce deuxième album n'entretient aucun rapport avec le film de Luc Besson (qui adapte en fait le tome 6, L'ambassadeur des ombres). Avec sa foultitude de créatures en tous genres, le look "heroic fantasy" de certains personnages et une jolie bataille spatiale vers la fin, ce tome fait immanquablement penser à l'univers de Star Wars. La narration est plus audacieuse que dans le premier tome et le propos sur le pouvoir politique de la superstition est bien exploité avec un faux happy end désabusé comme il faut. Un super album.

#3 : Le pays sans étoile (1972) : Envoyés en mission diplomatique dans un système nouvellement colonisé, Valérian et Laureline découvrent que celui-ci est dans la trajectoire d'une planète folle. Les deux agents spatio-temporels se rendent sur cette dernière pour découvrir qu'elle est en proie à un conflit armé permanent entre deux peuples : un dirigé par des hommes et l'autre dirigé par des femmes. Une histoire originale, généreuse en action et pleine d'humour, qui emprunte cette fois les codes visuels du péplum et du film de pirates. Un aspect politique que j'ai apprécié : la présence d'un troisième peuple dont toute l'économie est basée sur la vente d'armes et qui alimente les deux camps sans état d'âmes, leur pseudo "neutralité" leur donnant visiblement bonne conscience... Un autre classique de la saga.

#4 : Bienvenur sur Alflolol (1972) : A l'issue d'une mission d'inspection sur la planète Technorog récemment colonisée par la Terre pour ses ressources naturelles, Valérian et Laureline croisent la route des Alflololiens. Ces derniers sont les anciens habitants de Technorog, alors appelée Alflolol, qu'ils avaient quittée 4000 ans auparavant. Ignorant qu'elle a depuis été colonisée, ceux-ci décident de se réinstaller et la cohabitation avec les Terriens s'avèrent particulièrement difficile. Les couleurs chaudes de la couverture annoncent l'ambiance : elle sera plus légère, encore que le destin de ce peuple nomade et un poil naïf, fait finalement assez pitié, le choc des civilisations étant bien trop important. Un poil en deçà des précédents mais le propos sur la colonisation est pertinent.

#5 : Les oiseaux du maître (1973) : Après s'être échoués sur une planète inconnue, Valérian et Laureline découvrent une population tenue en esclavage sous le joug d'un tyran appelé "Le Maître" aidé de ses "Oiseaux-folie". Après les couleurs chaudes du tome précédent, place aux ténèbres pour ce superbe album dont l'ambiance sombre empreinte de folie rappelle par moment les films de zombies. Techniquement, on peut aussi apprécier une progression graphique avec un univers poisseux et mortifère fascinant. Un must.

#6 : L'ambassadeur des ombres (1975) : Sur Point Central, lieu de rencontre et de commerce de nombreuses civilisations de tout les univers, c'est au tour de la Terre de diriger le Conseil Galactique. Chargés d'escorter l'ambassadeur terrien jusqu'à son arrivée sur les lieux, Valérian et Laureline ne réussissent pas à empêcher son enlèvement. C'est cet album qui a été adapté par Luc Besson pour son film Valérian et la cité des mille planètes. Une adaptation très fidèle dont pratiquement toutes les idées les plus délirantes sont directement issues de la BD : le fonctionnement de la cité avec ses différentes civilisations, le transmuteur grognon de Bluxte, les Shingouz, la métamorphose de Laureline en Bagoulin, son petit tour en sous-marin, la méduse sur sa tête, etc... Ce n'est pas forcément l'album le plus original ni le plus audacieux de la série mais c'était effectivement un album idéal pour une adaptation sous forme de blockbuster grand public.

#7 : Sur les terres truquées (1977) : Valérian et ses clones traverse les époques pour retrouver la trace d'une entité inconnue menaçant de modifier le passé de la Terre. Difficile de résumer le postulat de cet excellent album en quelques mots. Le concept de cette course-poursuite dans le temps est génial. C'est un bon prétexte pour injecter Valérian (ou plutôt ses clones) dans des univers aussi inattendus que la conquête des Indes, l'Angleterre Victorienne, l'Ouest américain ou la première guerre mondiale. Mézières se fait plaisir. Le rythme est haletant et l'action palpitante. La façon dont est traitée le thème du clonage me fait penser au film Moon. Une vraie réussite.

#8 : Les héros de l'équinoxe (1978) : En tant que "représentant de la Terre", Valérian est envoyé sur une planète mourante afin de la régénérer. Pour ce faire, il devra passer trois épreuves en compétition avec trois autres champions venus de mondes différents. Les auteurs proposent encore un bel exercice de style en narrant en parallèle les parcours des quatre concurrents dans un univers d'heroic fantasy. Le résultat est réussi avec un découpage dynamique de l'action, découpage inspiré des comic books américains. L'humour omniprésent fait mouche également avec un Valérian qui en prend pour son amour-propre tout au long du récit ! Un très bon album.

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