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VHS-1980
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1 juin 2021

Harlequin (1980)

Harlequin - Affiche

 

Alors que le jeune sénateur Rick Rast s'apprête à monter en grade après la mort d'un homme politique influent dans d'étranges circonstances, il voit sa vie bouleversée par l'arrivée d'un mystérieux inconnu nommé Gregory Wolfe. Ce dernier guérit son fils atteint de leucémie alors que tout le monde pensait l'enfant condamné. De plus, Wolfe s'installe dans la maison familiale, s'évertuant à changer tous ceux qui croiseront sa route. Qui est cet homme ? Un magicien ? Un escroc ? Un manipulateur ? Ce qui est sûr, c'est que Gregory Wolfe est officiellement mort depuis vingt ans.

Pendant une dizaine d'années, le cinéma de genre australien a connu un mini-âge d'or à cheval entre les années 70 et 80. A l'instar du cinéma italien ou britannique, celui-ci s'est forgé une identité propre et cette vague de productions a rétroactivement été nommée "ozploitation". Ainsi des noms de réalisateurs connus tels que Peter Weir ou Russell Mulcahy sont issus de cette scène, et le plus emblématique reste sans doute George Miller qui a tout fracassé avec Mad Max (1979) et Mad Max 2 : Le défi (1981). Sorti en 1980, Harlequin fait partie intégrante de cet élan artistique et fut une gros succès commercial dans son pays (il a même eu droit à une sortie française en salles avec un succès d'estime à la clé !).  Cette réussite est due en partie au travail d'Everett De Roche, figure incontournable de l'ozploitation, car ayant scénarisé quelques-uns de ses titres les plus marquants tels que Patrick (l'histoire d'un comateux aux pouvoirs télépathiques), Razorback (génialissime film d'attaque animale avec un sanglier géant dans l'outback australien), Le secret du lac ou encore le téléfilm L'école de tous les dangers qui a traumatisé tous les gamins qui l'ont vu (dont moi) lors de sa diffusion sur feu-La Cinq ou M6 (me souviens plus) avec son histoire de classe de primaire prise en otage.

 

Harlequin - Capture 1

 

Harlequin est en fait une relecture contemporaine de l'histoire de Gregori Raspoutine avec l'ajout d'une dimension fantastique. Raspoutine est une personne bien réelle, sorte de mage mystique et guérisseur auto-proclamé, qui avait acquis les faveurs de la famille impériale de Russie au début du XXe siècle avant de mourir assassiné. Un homme qui divisa son époque, autant que Gregory Wolfe dans le film. Le scénario trouble subtilement son image afin que le spectateur, comme son entourage, ne sait pas trop quoi en penser : personnage bon ou mauvais ? Tantôt guérisseur d'un enfant, il peut aussi se comporter tel un gourou et n'hésite pas à tenir ce même enfant à bout de bras dans le vide du haut d'une falaise pour lui donner une leçon de vie. Il joue lui-même de cela en brouillant les pistes sur ses intentions, tantôt séducteur, tantôt mystérieux, usant parfois de l’esbroufe pour amuser la galerie (et accessoirement obtenir sa confiance). Ce qui est sûr, c'est qu'il est interprété par Michael Powell de façon MAGISTRALE.

La réussite de ce film, c'est qu'il parvient à maintenir l'ambigüité sur la nature des "pouvoirs" de Gergory Wolfe. Le type est-il vraiment un magicien revenu d'outres-tombe ou n'est-ce qu'un prestidigitateur de génie et fin psychologue expert de la suggestion ? A travers les événement inexpliqués qui entourent cette famille depuis l'arrivée de cet inconnu, on peut imaginer aussi une sorte de figure symbolique. Et c'est là tout l'intérêt du genre fantastique : matérialiser les sentiments du quotidien à travers des événements irrationnels. Gregory Wolfe peut se voir comme le symbole de la volonté de guérison du gamin et/ou comme celui de la mauvaise conscience de Rick Rast qui se doute très bien que son prédécesseur n'est pas mort dans des circonstances normales. A chaque fois qu'il croise une personne, il révèle ce qu'elle a au fond d'elle. Ce ne qui manque pas d'agacer ceux pour qui la vérité dérange.

 

Harlequin - Capture 2

 

Harlequin est donc un film qui mérite à coup sûr d'être (re)découvert. Du fantastique le plus pur où le bizarre fait irruption dans le quotidien et, vu sa qualité, on est surpris de découvrir qu'il s'agit du deuxième long métrage de Simon Wincer qui se perdra quelques années plus tard à Hollywood pour jouer les yes-men de service (Sauvez Willy et Le fantôme du Bengale, c'est lui !).

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Commentaires
T
Un titre qui revient du froid! A l'époque je l'avais vu sur Canal + (le temps où la chaîne était vraiment "+"), j'étais un gamin. Je ne l'ai pas revu depuis mais je me souviens vaguement de deux scènes: l'une où une victime choisit le mauvais flacon de gel douche dans la baignoire et celle où le visage du personnage éponyme est représentée de manière gigantesque sur le sol de la demeure abritant les faits. Merci pour ce souvenir.
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