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Les aventures de Jack Burton dans les griffes du Mandarin (1986)
Vous connaissez tous Jack Burton, ce chauffeur routier embarqué malgré lui dans une aventure improbable suite à l'enlèvement de la petite amie de son meilleur ami. Pas de bol pour elle, elle a les yeux verts comme ceux d'un dragon et le sorcier multi-centenaire Lo Pan veut utiliser son corps pour retrouver une nouvelle jeunesse.
Les deux gaillards s'apprécient. Ça se sent en les entendant sur le commentaire audio du DVD. Avec Les aventures de Jack Burton dans les griffes du Mandarin, John Carpenter et Kurt Russell collaboraient pour la quatrième fois après le téléfilm Le roman d'Elvis et surtout les géniaux New York 1997 et The Thing. En 1986, le réalisateur américain est encore au sommet de son art, enfilant les classiques comme des perles et notre film du jour ne déroge pas à la règle, même si l'accueil public à sa sortie n'a pas été aussi tonitruant qu'espéré. La performance n'en demeure pas moins remarquable pour le "Master of Horror" qui, après l'émotionnel Starman en 1984, prouvait ici qu'il pouvait aussi exceller dans les registres de l'aventure et de la comédie.
Car dans le genre aventure/fantastique/comédie, on a rarement fait mieux. Les aventures de Jack Burton propose le mix parfait, ni trop d'un coté, ni trop de l'autre. Les scénaristes des 80's avaient un certain talent pour proposer des histoires originales, rafraichissantes et ô combien généreuses. Les scènes cultes s'enchaînent à un rythme d'enfer et en toute fluidité. Les personnages sont bien écrits, tous reconnaissables et leurs répliques hilarantes fusent également. Une réussite qu'on doit évidemment au talent de conteur hors pair de Carpenter avec sa réalisation au petits oignons, ses délires créatifs (le duel de magie façon jeux vidéo !) et une photographie de toute beauté. On la doit aussi à Kurt Russell, parfait dans la peau d'un anti-héros sympathique, mais qui ne comprend rien à ce qui arrive tout au long du film ! A l'écriture, on retouvre le nom de W.D. Richter qui avait dirigé Les aventures de Buckaroo Banzai à travers la 8e dimension avec ce même esprit gentiment potache et sans limite. Le plus drôle est que, malgré cette absence de prétention palpable, le spectacle est hyper divertissant car maîtrisé de bout en bout et avec une réelle personnalité (rien que l'imagerie de Burton et son camion dans les ruelles Chinatown ne pourrait plus être imité sans être accusé de plagiat).
Ce film est aussi un formidable hommage au cinéma populaire hong kongais qui connaissait en cette décennie une second souffle grâce à l'émergence de nouveaux réalisateurs surdoués. Parmi eux, l'incontournable Tsui Hark qui, à n'en point douter, a marqué John Carpenter. Il y a un peu de la folie de Zu, les guerriers de la montagne magique dans Les aventures de Jack Burton. On imagine qu'à l'époque, que ce soit aux Etats-Unis ou en Europe, le cinéma asiatique n'était pas vraiment populaire, voire un peu dénigré. Aussi, cette relecture à l'américaine des nouveaux codes d'action hong kongais à base de cascades surréalistes (avec utilisation intensive des câbles), de magie over the top et de folklore délirant pouvait servir de porte d'entrée à cette culture injustement boudée par les distributeurs. Non, les Wachowski n'ont pas été les premiers à s'approprier ces codes avec Matrix en 1999, John Carpenter l'avait fait treize ans auparavant avec bien plus de réussite à mon humble avis (déjà, son film vieillit bien mieux). Ce que j'aime, c'est que c'est fait avec un immense respect et de façon intelligente, aussi bien visuellement (les décors et costumes sont top) que thématiquement (l'idée de l'Américain moyen complétement largué dans cet univers oriental inconnu est excellente). Culte !