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La féline (1982)
L'histoire : suite au décès de ses parents, Irena Gallier rejoint son frère aîné, Paul, à La Nouvelle-Orléans qui est alors en proie à une série d'attaques perpétrées par une panthère en liberté. L'animal finit par être capturé et enfermé au zoo de la ville où Irena vient d'être embauchée, avant de s'échapper mystérieusement. Alors qu'une passion amoureuse nait entre Irena et un des biologistes, le comportement de Paul devient de plus en plus étrange.
Peut-être motivée par l'engouement retrouvé du public pour le genre fantastique à l'aube des 80's, Universal a l'idée de produire des remakes de classiques de la RKO Pictures, société de production disparue en 1959. Deux projets seront lancés pour l'année 1982 : le remake de La chose d'un autre monde est confié au maître de l'horreur John Carpenter qui signera l'inoubliable The Thing. L'autre titre est La féline, initialement réalisé par le Français Jacques Tourneur en 1942, et dont la relecture moderne est proposée à Paul Schrader. Un choix surprenant quand on sait que ce sera la seule incursion du metteur en scène dans le cinéma de genre et que le reste de sa filmographie sera quasi-exclusivement consacrée au drame. Dans l'interview présente sur le DVD, il déclare avoir accepté la commande par défi, pour s'essayer à un registre qu'il estimait plus commercial.
S'il y a une chose qu'on ne peut pas retirer au réalisateur, c'est son sens de l'esthétisme. Il n'y a pas à dire : le film est beau. L'introduction à la lisière du mystique est absolument magnifique avec sa photographie chaude et ses mate paintings de toute beauté. Techniquement, c'est impeccable avec un tas de plans léchés et un budget visiblement confortable à la vision des décors. Les séquences mettant en scène les panthères sont nombreuses et assez impressionnantes dès que les félins partagent le cadre avec des humains. On flirte même parfois avec le clipesque comme quand la bande-son synthétique de Giorgio Moroder s'immisce pendant le footing d'Annette O'Toole. Étonnamment, ces sonorités ne sonnent par hors propos, elles créent au contraire une certaine ambiance fantastique avec ces nappes de synthés et ces sons séquencés.
Après Hurlements, Le loup-garou de Londres et Wolfen, La féline propose encore une autre façon de traiter le thème de la lycanthropie. De l'aveu même du réalisateur, il souhaitait privilégier l'érotisme à l'horreur, ce qui explique son obsession à déshabiller constamment la peu farouche Nastassja Kinski (dont il tombera d'ailleurs fou amoureux pendant le tournage). Ce remake partage avec son modèle de 1942 ce même thème mélangeant nature sauvage et sexualité. Sauf qu'évidemment, la version 1982 est incroyablement plus explicite (quoique jamais vulgaire, il faut le noter). J'aime beaucoup le film original de Jacques Tourneur avec son propos tout en retenue et son noir et blanc classieux, et je trouve la relecture de Paul Schrader moins forte émotionnellement malgré de belles séquences. En fait, le défaut de ce remake est d'y être allé trop fort dans le sulfureux en flirtant avec la caricature (voir la mythique scène de la piscine qui est quasi-copié/collé avec les nénés à l'air en plus, ou l'ajout d'une vague ambiance d'inceste !). Ceci tend à le faire pencher vers le cinéma d'exploitation malgré une prétention initiale qu'on imagine autre. D'ailleurs, il m'a fait penser à plusieurs reprises à l'Italien La louve se déchaîne de 1976 où justement la même gratuité des scènes de nu finissait par bouffer tout le propos.
Suite aux succès pas aussi grands qu'espérés de La féline et de The Thing, Universal renoncera à produire d'autres remakes de la RKO.