Opération Phoenix Ninja (1981)

L'histoire : A la suite du décès de sa mère, May se retrouve seule. Vagabonde, elle fait la connaissance d'un jeune seigneur avec qui elle se lie d'amitié. Apprenant par hasard qu'un complot vise son nouvel ami, May part le prévenir et le complot échoue. Pour la remercier de son courage et de sa loyauté, Maître Fong adopte la jeune femme mais celle-ci n'a qu'une idée en tête : reprendre la route pour découvrir les secrets enfouis de son passé.

Impossible de ne pas être frustré après avoir visionné ce film. Opération Phoenix Ninja est une production taïwanaise de 1981 qui est arrivée chez nous via la société hong kongaise IFD de Joseph Lai, personnage connu des bisseux pour ses prétentions plus commerciales qu'artistiques. Comme à son habitude, le bonhomme a retouché le film à sa guise avant de le vendre en Occident à partir de 1984 (contexte qui explique son titre malgré l'absence totale de ninjas !). Il en résulte une bande originale remaniée sans le moindre souci du copyright (j'ai reconnu la musique de La quatrième dimension et de Mad Max 2 : Le défi !) et surtout un montage raccourci à la tronçonneuse. On ne me fera pas croire que le montage original se réduisait à ces 82 petites minutes ! Trop de séquences se terminent abruptement, ce qui rend la narration peu fluide. Malheureusement, je n'ai pas trouvé sur le net la durée du montage original taïwanais, mais on a vraiment l'impression que la perte est importante.

Et c'est là que survient la frustration, parce que ce qui a survécu du remontage est quand même vachement intéressant. Ça reste même à ce jour un des meilleurs titres que j'ai pu voir issu de la collection kung-fu de l'éditeur Bach Films (et ce malgré la qualité plus que discutable du master). Contrairement à des séries C industrielles comme 5 foudroyants de Shaolin ou L'exécuteur défie l'empire du kung fu, Opération Phoenix Ninja semble avoir un budget plus conséquent. Les moyens se voient notamment via le décor en studio pour la demeure paradisiaque de Maître Fong ainsi que via la qualité des costumes et l'originalité des armes. Ils se voient également pendant les scènes d'action où l'utilisation maitrisée des câbles est intensive. Les corps volent dans tous les sens et on a même droit à une spectaculaire séquence de l'héroïne sautant d'un point suspendu et virevoltant dans les airs. Jamais dans une production de seconde zone, on n'aurait ce genre d'effet visuel et de cascade.

Ce film tire aussi son épingle du jeu grâce à des idées visuelles qui rendent son visionnage marquant. La vision de May dans son costume noir tranchant avec la blancheur de la neige fonctionne carrément. Tout comme ce combat à l'épée au coeur de chutes d'eau qui rend vraiment bien ou ce pont de corde assez incroyable offrant encore un décor d'action unique. Preuve de la volonté d'offrir un spectacle original : le grand final se joue sous l'éclairage orangé d'un cratère volcanique ! Alors oui, les férus d'action seront peut-être un peu frustrés par la durée modeste des combats, mais ça reste une bobine à découvrir malgré ses problèmes de narration et son impression d'inachevé inhérents à sa mutilation sur le banc de montage !